Programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec : rapport annuel 2013

L'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) fait l'objet d'une collecte de données épidémiologiques à des fins de surveillance continue de l'état de santé de la population depuis avril 2002 au Québec. Ce rapport décrit les principales caractéristiques des cas rapportés en 2013, ainsi que la tendance des nouveaux diagnostics depuis 2004.

Faits saillants

Le nombre annuel de tests de détection des anticorps contre le VIH a augmenté jusqu'en 2010. Il a diminué de 5,6 % entre 2010 et 2013.

La proportion de tests confirmés positifs se maintient à moins de 1 % depuis le début du programme. Elle était de 0,38 % en 2013.

Au total, 656 cas d'infection par le VIH sont rapportés pour l'année 2013. Ce nombre comprend 358 nouveaux diagnostics, 278 anciens diagnostics et 20 cas non classés dans l'une ou l'autre de ces catégories.

La charge virale et le taux de cellules CD4 (taux de CD4) ajoutés aux variables du programme depuis avril 2013 sont disponibles pour 232 nouveaux et 210 anciens diagnostics.

La majorité (71 %) de ces anciens diagnostics avait une charge virale non détectable au seuil de 40 copies de l'ARN du VIH par ml. Une proportion de 41,9 % avait un taux de CD4 ≥ 500, 46,2 % entre 200 et 499 et 12,4 % moins de 200 par ml.

Concernant les nouveaux diagnostics, 37,8 % avaient un taux de CD4 ≥ 500/ml et seuls 6,7 % étaient indétectables au test de la charge virale.

L'ensemble des cas de 2013

Les cas sont concentrés à Montréal. Cette région compte un quart de la population du Québec et déclare 63,3 % des cas en 2013; la région de la Montérégie abritait 9,2 % des cas, la Capitale-Nationale 6,6 %; les autres régions déclaraient moins de 5 % des cas chacune, exceptées trois régions (Côte-Nord, Nunavik et Terres-Cries-de-la-Baie-James) qui n'en rapportent aucun en 2013.

La moitié (53,5 %) des cas sont des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HARSAH), 23,5 % des immigrants de pays où le VIH est endémique et où le contact hétérosexuel est le mode dominant de transmission du virus, 11,4 % des personnes hétérosexuelles originaires du Canada ou immigrants de pays non endémiques et 5,9 % des usagers de drogues injectables (UDI).

Les nouveaux diagnostics de 2013

Plus de quatre-vingt pour cent (82,7 %) des nouveaux diagnostics sont chez les hommes.

La majorité (63,1 %) des nouveaux diagnostics ont entre 25 et 49 ans; 22,6 % ont 50 ans et plus et 14,3 % ont moins de 25 ans. Les femmes étaient en moyenne plus jeunes que les hommes. Leur âge médian était de 35,5 ans, versus 37 ans chez les hommes.

Le taux est de 4,4 nouveaux diagnostics pour 100 000 habitants du Québec. Montréal se démarque avec un taux nettement supérieur à la moyenne provinciale, soit 11,3 nouveaux diagnostics pour 100 000 Montréalais versus 2,3 pour 100 000 résidants à l'extérieur de Montréal.

Chez les hommes, le taux est de 7,4 pour 100 000 résidants; il est le plus élevé dans le groupe de 30-34 ans. Chez les femmes, le taux est de 1,5 pour 100 000 résidantes; le taux le plus élevé est rapporté parmi celles de 25-29 ans.

Chez les hommes, les trois quarts (76,4 %) des nouveaux diagnostics sont des HARSAH, 8,1 % des immigrants de pays endémiques, 9,1 % des hommes hétérosexuels originaires du Canada ou de pays non endémiques et 2,0 % des cas UDI.

La tendance des nouveaux diagnostics est à la hausse chez les jeunes HARSAH (< 35 ans).

Chez les femmes, la moitié (53,2 %) de leurs nouveaux diagnostics sont des immigrantes des Caraïbes ou de l'Afrique subsaharienne, un quart (25,8 %) des femmes hétérosexuelles originaires du Canada ou immigrantes de pays non endémiques et 17,7 % des femmes qui s'injectent des drogues.

Deux nouveaux diagnostics, soit deux enfants nés au Québec d'une mère séronégative, n'ont pu être reliés à un mode de transmission sur la base des informations recueillies dans le cadre du programme.

Plus de quarante pour cent (45,0 %) des cas nouvellement diagnostiqués en 2013 et plus de 60 % chez les femmes et dans le groupe de 55 ans ou plus n'avaient jamais eu de dépistage du VIH auparavant.

Cette proportion est encore élevée (≥ 30 %) parmi les nouveaux diagnostics des HARSAH, des immigrants de pays endémiques et des UDI, groupes à risque pour lesquels un dépistage est recommandé au moins une fois par année.

Pour ces populations à risque, le dernier test négatif datait de plus d'un an dans la majorité de leurs nouveaux diagnostics qui rapportaient un dépistage antérieur négatif.

Le diagnostic a été souvent tardif. Soixante pour cent (60,9 %) des personnes nouvellement diagnostiquées avaient des taux de CD4 < 500, dont 15,5 % avec un état immunitaire très affaibli (taux de CD4 < 200) qui étaient déjà rendues au stade des infections chroniques ou du sida.

Transmission verticale et par des dons de sang

La transmission verticale reste marginale et rare au Québec. Cinq nouveaux diagnostics de transmission verticale ont été rapportés pour des immigrants. La majorité des cas de cette catégorie d'exposition depuis 2002 sont des immigrants infectés à la naissance dans leurs pays d'origine.

La transmission par des dons de sang, des greffes d'organes et de tissus semble contrôlée au Québec. Aucun nouveau diagnostic n'est relié aux dons sanguins en 2013. Les cas reliés à cette catégorie d'exposition depuis 2002 sont présumés infectés avant les mesures de sécurité des dons de sang ou à l'extérieur du Canada. La majorité avait plus de 45 ans et les rares cas plus jeunes sont des immigrants.

Limites et interprétation des résultats

Les données du programme ne permettent pas de préciser la prévalence ou l'incidence du VIH au Québec. Elles portent sur les cas qui sont enregistrés; tandis qu'elles excluent les PVVIH qui ne le sont pas et celles non dépistées qui ignorent qu'elles ont le VIH.

La tendance des nouveaux diagnostics ne peut être interprétée en termes d'incidence. La majorité (83,5 %) des cas nouvellement dépistés depuis 2002 l'ont été chez des individus qui n'avaient jamais eu de dépistage auparavant ou dont le dernier test négatif datait de plus d'un an. Ils pouvaient être récents ou anciens.

Le VIH se transmet encore activement au Québec et une proportion élevée des cas sont diagnostiqués à un stade avancé de la maladie. Les hommes et particulièrement les HARSAH sont les plus touchés. Chez les femmes, la catégorie d'exposition dominante est constituée de cas d'immigrantes de pays où le virus est endémique. La tendance des nouveaux diagnostics à la hausse chez les jeunes HARSAH est une indication d'une possible transmission à la hausse dans ce groupe de population.

Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-71923-6
ISSN (électronique)
1913-3405
Notice Santécom
Date de publication