15 juin 2011

Dépistage du radon dans des écoles primaires au Québec

Article
Auteur(s)
Patrick Poulin
Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
Jean-Marc Leclerc
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Fabien Gagnon
M.D., M. Sc., FRCPC, médecin-conseil, Institut national de santé publique du Québec
Jean-Claude Dessau
M.D., médecin-conseil, Institut national de santé publique du Québec

Introduction

En février 2006, le Bulletin d’information en santé environnementale (BISE) publiait un article intitulé : Le radon dans l’environnement intérieur : état de la situation au Québec, qui résumait notamment les résultats des travaux réalisés par un groupe de travail de l’Institut national de santé publique (INSPQ) mandaté pour faire le point sur cette problématique (Dessau et al., 2004). Par le biais d’une analyse de risque basée sur un modèle mathématique conçu par le Committee on the Biological Effects of Ionizing Radiation (BEIR VI), les auteurs ont évalué l’impact de différents scénarios d’intervention sur la mortalité par cancer du poumon. Par la suite, ils ont identifié et examiné des options de gestion de risque en lien avec le radon puis ils ont formulé des recommandations à cet effet. Parmi ces dernières, les auteurs ont fait ressortir la pertinence de procéder au dépistage du radon dans les bâtiments publics, tels que les établissements scolaires et les milieux de garde.

À la suite des travaux de ce groupe, Santé Canada, en collaboration avec les provinces et les territoires, révisait et abaissait sa ligne directrice sur le radon dans l’air intérieur de 800 à 200 Bq/m3 tout en fournissant des balises aux propriétaires et aux gestionnaires de bâtiments sur les délais à respecter si ces derniers devaient entreprendre des mesures correctives.

Au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) élabora ensuite son Plan d’action intersectoriel sur le radon dans l’objectif de favoriser la diffusion et la mise en application graduelle de la nouvelle directive fédérale sur le territoire québécois. Ce plan d’action appuyait une fois de plus les recommandations du groupe de travail de l’INSPQ.

C’est dans le but de donner suite à la recommandation de dépister le radon dans les bâtiments publics que la présente étude a été instaurée. La mise en œuvre et la supervision globale du projet ont été financées par le MSSS tandis que les coûts des appareils de mesure et de leur analyse ont été assumés par Santé Canada. Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), les commissions scolaires (CS) et les directions régionales de santé publique (DSP) se sont avérés des partenaires actifs tout au long du projet.

Après avoir décrit la pertinence de dépister le radon dans les établissements scolaires, le présent document présente les objectifs du projet, la méthodologie, puis fait état de la stratégie communicationnelle mise de l’avant. Les résultats sont ensuite présentés brièvement, suivis d’une discussion faisant notamment état de leurs interprétations et des recommandations qui en découlent.

Pertinence de dépister le radon dans les établissements scolaires

Des activités de dépistage en milieu scolaire ont été réalisées dans diverses provinces au Canada (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Ontario, Saskatchewan, Colombie-Britannique) ainsi que dans plusieurs pays européens. La pertinence de procéder au dépistage du radon dans ce type de milieu est liée au fait que les occupants, principalement des enfants en bas âge, y passent près du quart de leur temps étant de ce fait susceptibles d’être exposés tôt dans leur vie à des concentrations de radon qu’il est théoriquement possible d’abaisser. Mentionnons également que ce type d’intervention contribue à diminuer l’exposition du personnel enseignant et non enseignant qui, pour plusieurs d’entre eux, passent de nombreuses années entre les murs de ces établissements, ainsi que de tout utilisateur fréquentant ces milieux à des fins communautaires. Dans ce contexte, on ne peut négliger le gain potentiel que constitue l’application de mesures d’atténuation en milieu scolaire afin de réduire l’exposition cumulative des occupants. Il faut comprendre par « cumulative » le fait qu’un occupant puisse être exposé au radon dans divers milieux, dont principalement son domicile mais également dans le milieu scolaire ou dans son milieu de travail, ce qui constitue une exposition supplémentaire sur laquelle il est possible d’intervenir. Enfin, une étude réalisée au Royaume-Uni par Denman et al (2001) dans les maisons, les écoles et les établissements de santé d’une région considérée à risque élevé d’émissions de radon a montré que c’est dans les écoles que le rendement coût-efficacité des interventions s’est avéré le plus élevé.

Par ailleurs, les aspects structuraux qui caractérisent les écoles primaires constituent un intérêt supplémentaire pour ce type d’étude. En effet, parce que ce sont généralement de petits bâtiments, relativement simples sur le plan structurel (absence d’ascenseur, de système de ventilation mécanique complexe, souvent construits sur un seul type de fondation et possédant peu d’étages), il s’avère relativement simple d’établir une caractérisation des lieux. Comme les techniques de construction des écoles primaires sont relativement uniformes sur le territoire provincial, ces bâtiments peuvent être comparés d’une région à une autre. Enfin, dans les régions ciblées, comme les composantes structurales de ces bâtiments s’apparentent en quelque sorte aux constructions résidentielles, les résultats observés peuvent s’avérer utiles pour extrapoler l’exposition de la communauté environnante. Pour ces raisons, l’équipe de recherche de l’INSPQ a décidé de ne retenir que les écoles primaires pour son projet de dépistage.

Objectifs de l’étude

Objectifs principaux

Le projet réalisé par l’INSPQ avait pour principaux objectifs :

  • d’évaluer, dans les écoles primaires ciblées, les concentrations en radon auxquelles les occupants sont exposés et dans les cas où des mesures correctives s’avéreraient nécessaires, de diminuer l’exposition cumulative au radon des occupants de ces établissements;
  • de développer une approche cohérente avec les différents partenaires impliqués ainsi que de valider un protocole expérimental qui pourrait par la suite être utilisé dans le cadre d’autres activités de dépistage similaires.

Objectifs spécifiques

De façon complémentaire, la présente étude visait l’atteinte de deux objectifs spécifiques, soit :

  • de raffiner, à des fins de cartographie, les associations entre les indicateurs géologiques sélectionnés dans le but éventuel de préciser plus efficacement la distribution spatiale des zones propices à émettre du radon;
  • d’identifier les aspects structuraux des bâtiments étudiés les plus susceptibles d’influencer les concentrations de radon.

Il est à noter que les résultats obtenus en lien avec ces objectifs spécifiques ne seront pas abordés dans le présent article.

Méthodologie

Les régions sociosanitaires à l’étude, soit celles de la Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine, des Laurentides et de l’Outaouais, ont été sélectionnées sur la base de la présence sur leur territoire de zones d’investigation prioritaire. Ces zones avaient été identifiées au préalable à partir d’indicateurs géologiques, géochimiques et radiologiques combinés à des données de mesures de radon dans des maisons, recueillies notamment lors d’une étude panquébécoise réalisée au début des années 1990 (Lévesque et al, 1995).

Comme le projet concernait des établissements scolaires, il a été convenu que le dépistage serait effectué sur la base des entités géographiques que constitue le territoire des commissions scolaires. Après évaluation de la situation qui prévalait dans ces régions, il a été convenu d’effectuer le dépistage dans trois commissions scolaires, soit celles des Chic-Chocs (en Gaspésie), de Pierre-Neveu (dans les Laurentides) et des Hauts-Bois-de-l’Outaouais (en Outaouais). L’ensemble des écoles primaires situées sur le territoire de ces commissions scolaires (soit environ une vingtaine par région) a été investigué afin d’obtenir un recouvrement spatial le plus complet possible et d’obtenir une puissance statistique adéquate. De plus, les écoles primaires publiques anglophones des commissions scolaires Western Quebec et Eastern Shores qui recoupaient les territoires administratifs des commissions scolaires des Haut-Bois-de-l’Outaouais et des Chic-Chocs respectivement, ont été incluses dans l’étude.

De janvier à avril 2010, 585 appareils de mesure du radon (dosimètres de type Alpha Track) ont été déployés dans 65 écoles des commissions scolaires impliquées. Les dosimètres ont été installés dans chacun des locaux minimalement occupés par une personne plus de quatre heures par jour, situés aux étages les plus bas de l’édifice (soubassement et rez-de-chaussée).

Les dosimètres ont été exposés à l’air intérieur des bâtiments investigués pour une période de trois mois, durant la saison hivernale. À la suite de cette période d’exposition, les appareils de mesure ont été récupérés puis confiés au laboratoire d’analyse du Bureau de la radioprotection de Santé Canada.

Dosimètre Alpha-track

Le dosimètre Alpha-track, un détecteur de radon de type passif, contient une mince pellicule (constituée de polycarbonate ou de nitrocellulose) insérée dans un contenant de plastique muni d’un couvercle. Les particules alpha émises par le radon et ses descendants laissent des traces en heurtant la pellicule interne. À la fin du test, le contenant est placé dans un sac étanche à l’air puis expédié au laboratoire pour analyse. Une technique électrochimique appelée « etching » permet de visualiser les impacts causés pas les particules alpha et de les dénombrer. Le nombre de traces occasionnées par leur passage est proportionnel à la concentration de radon dans l’air intérieur du local investigué.

Stratégie communicationnelle

Dans un contexte où la protection de la santé des enfants constitue un sujet sensible, l’équipe de recherche et ses partenaires ont porté une attention particulière à l’élaboration de la stratégie de communication. Ainsi, au cours de l’année 2009, les services des communications des organismes impliqués dans le projet (MSSS, MELS, INSPQ) se sont rencontrés à plusieurs reprises afin de développer un plan de communication visant à définir les approches à préconiser afin d’informer de façon adéquate et transparente tous les publics cibles, incluant les employés des écoles, les parents des élèves, les instances municipales et la population locale. Ce plan de communication contenait notamment une matrice des activités à mettre en place avant, pendant et après la mise en œuvre du projet, les messages que les différents partenaires seraient invités à transmettre aux clientèles cibles, ainsi que les outils de communication spécialement développés pour le projet, dont des lettres types, des affichettes ainsi qu’une proposition de contenu de page Internet.

Photo : Patrick Poulin

De façon plus spécifique, les activités de communication ont débuté en janvier 2010 par la diffusion d’une page Web décrivant les grandes lignes du projet sur les sites Internet de l’INSPQ et du MELS. Dans les jours qui ont suivi, les commissions scolaires ont expédié à la direction de leurs écoles des modèles de lettres destinées aux clientèles cibles (personnel enseignant, non enseignant, parents) de leur réseau alors que les DSP ont acheminé une lettre décrivant le projet aux maires des municipalités visées. Une fois cette étape de sensibilisation effectuée, les membres de l’équipe qui procédaient au déploiement des dosimètres ont rencontré, dans chacune des écoles investiguées, les directeurs d’écoles, les enseignants et les enfants fréquentant les locaux étudiés. Ces brèves séances d’information ainsi que le dépôt d’affichettes et de matériel de sensibilisation ont permis de restreindre la perte de dosimètres et de sensibiliser les clientèles visées à la problématique du radon.

À la suite de la réception des données brutes, l’équipe de recherche a élaboré de brefs rapports régionaux présentant une analyse des résultats de l’étude ainsi que les recommandations y étant associées, lesquelles ont fait l’objet d’une présentation aux organismes partenaires régionaux (CS et DSP). Une fois ces étapes complétées, des lettres d’information étaient transmises aux clientèles cibles.

En ce qui a trait aux communications avec les médias, certaines commissions scolaires ont pris l’initiative de diffuser des communiqués de presse aux médias locaux afin d’annoncer la mise en place de l’étude ou encore pour divulguer les moyennes obtenues dans l’enceinte de leurs écoles. De façon générale, les gestionnaires des commissions scolaires ainsi que les intervenants des DSP ont été peu sollicités par la population et les médias, les outils de communication s’étant vraisemblablement avérés efficaces pour répondre aux principaux questionnements suscités par cette opération.

Résultats de l’étude

Les résultats obtenus variaient entre 15 et 663 Bq/m3, la grande majorité d’entre eux étant situés sous la ligne directrice fédérale (LDF) de 200 Bq/m3. La valeur inférieure enregistrée (15 Bq/m3) correspond au seuil de détection de l’appareil utilisé (mesurée par 24 % des dosimètres déployés). Au total, 24 dosimètres ont été égarés au cours de la période de mesure (soit environ 4 % des dosimètres déployés), ce qui est considéré comme peu élevé compte tenu du milieu à l’étude (présence d’enfants potentiellement enclins à déplacer les appareils). Il est à remarquer qu’aucune mesure aberrante (donnée qui se démarque de façon inexplicable par rapport aux autres) n’a été observée.

Les bâtiments ont été regroupés en quatre catégories distinctes (moins de 200 Bq/m3; de 200 à 224 Bq/m3; de 225 à 599 Bq/m3 et de 600 Bq/m3 et plus) sur la base de la mesure la plus élevée obtenue (tous étages confondus) dans chacune des écoles investiguées (voir figures 1 et 2). Ces catégories ont été définies suivant les recommandations émises par Santé Canada. Compte tenu de la marge d’erreur liée à l'appareil de mesure utilisé, il a été recommandé que toute mesure comprise entre 200 et 225 Bq/m³ soit reprise pour une période de 10 mois, cette recommandation visant à éviter les faux positifs.

Ainsi, les concentrations de radon obtenues pour 54 des 65 écoles investiguées (soit 83 %) se situent sous la LDF. Trois des écoles investiguées (soit environ 5 %) présentent une concentration maximale de radon comprise entre 200 et 224 Bq/m3 alors que sept d’entre elles (soit environ 11 %) présentent une concentration maximale située entre 225 et 599 Bq/m3. D’autre part, des concentrations de radon excédant 600 Bq/m3 ont été mesurées dans les locaux d’une seule école de la Gaspésie.

De façon plus détaillée, c’est en Outaouais que les mesures moyennes obtenues, tant au sous-sol qu’au rez-de-chaussée, se sont avérées les plus basses (tableau 1). Seules deux écoles ont montré des concentrations de radon légèrement au-dessus de la LDF (8 %) alors que la grande majorité des écoles investiguées dans cette région (92 %) ont présenté des résultats relativement peu élevés. Dans les Laurentides, 18 des 22 écoles investiguées (82 %) ont présenté des concentrations sous la LDF alors que quatre écoles ont présenté au moins une mesure entre 200 et 600 Bq/m3 (soit 18 % des écoles investiguées). Comme dans les autres régions, la majeure partie des écoles investiguées en Gaspésie ont présenté des concentrations de radon sous la LDF (soit 74 %) alors que des concentrations entre 225 et 600 Bq/m3 ont été mesurées dans les locaux de quatre d’entre elles (soit 21 %). Comme précédemment mentionné, une école a présenté des concentrations excédant 600 Bq/m3.

Tableau 1. Résultats du projet de dépistage du radon dans les écoles primaires

Figure 1. Distribution des écoles selon les catégories d’intervention (mesure la plus élevée dans chaque école, tous étages et toutes régions confondus)

Discussion

Les recommandations concernant les mesures d’atténuation à effectuer dans un local donné dont les concentrations dépassent la LDF tiennent compte à la fois de la concentration de radon retrouvée ainsi que de la vocation du local et du temps d’utilisation. À des fins de gestion, une proposition concernant l’ensemble du bâtiment est également présentée. L’approbation et la mise en œuvre de ces options demeurent à la discrétion des gestionnaires des bâtiments concernés. Quelles que soient les options de gestion retenues, elles doivent respecter les délais de correction prescrits par le Bureau de la radioprotection de Santé Canada en fonction de l’ampleur des dépassements. Les gestionnaires des bâtiments conservent toutefois la possibilité d’appliquer des mesures plus interventionnistes (c’est-à-dire allant au-delà des exigences prescrites par la LDF, quant à ce qui a trait au seuil, à l’ampleur des travaux ainsi qu’aux délais d’intervention).

Comme précisé précédemment, les différents cas de figure pouvant survenir ont été regroupés en quatre classes types, pour lesquelles des recommandations appropriées (suivant le plus fidèlement possible le libellé de la directive de Santé Canada) ont été proposées (voir figure 2).

Figure 2. Arbre décisionnel et scénarios utilisés pour traiter chacune des données obtenues dans les écoles investiguées (adapté des recommandations de Santé Canada)

Légende : X représente chacune des données obtenues dans une même école; Ø signifie qu’un dosimètre est déplacé, perdu, détruit ou inopérant; ? signifie que le résultat obtenu suscite un questionnement le rendant ininterprétable.

Par mesure ou travaux d’atténuation, l’équipe de recherche entend toute mesure correctrice reconnue qui permet de diminuer au plus bas niveau possible (sous la LDF) la concentration de radon à laquelle les occupants de l’école ou du local concerné sont exposés (ex. dépressurisation sous la dalle de fondation, colmatage des joints, des fissures de fondation et des entrées de service en contact avec le sol, travaux visant à améliorer le renouvellement d’air frais, etc.). Il est à noter que lorsque les circonstances le justifiaient, il pouvait être acceptable, à titre de mesure provisoire, de changer la vocation du local concerné (soit par toute nouvelle utilisation qui exclut l’occupation du local plus de quatre heures par jour par une même personne). Dans ce cas, il fallait bien sûr voir à apporter des mesures d’atténuation visant à diminuer les concentrations de radon aussi basses que possible dans l’éventualité où une réaffectation de la pièce concernée soit envisagée à des fins d’occupation. L’équipe de recherche privilégiait toutefois la mise en œuvre de mesures correctrices étant donné que ce type d’intervention est durable et qu’il procure d’autres effets bénéfiques tels que la réduction des infiltrations d’humidité et l’amélioration potentielle de la qualité de l’air dans le reste du bâtiment.

L’exécution de travaux d’atténuation ou de mesures correctrices devrait viser l’obtention d’une concentration de radon la plus basse que l’on peut raisonnablement atteindre. Cette considération est importante dans la mesure où le radon est toujours présent à une certaine concentration dans l’air ambiant (bruit de fond). Lorsque des travaux d’atténuation sont effectués, il est recommandé de faire un suivi par une mesure postintervention et d’une mesure tous les cinq ans afin de s’assurer de l’efficacité et de la pérennité des travaux.

Bien que le libellé des recommandations ne le suggère pas comme tel, la majorité des commissions scolaires ont convenu d’adopter une approche plus interventionniste visant à mettre en place des mesures correctives dès que des dépassements de la LDF étaient identifiés. De façon plus explicite, les responsables ont convenu de dichotomiser les résultats obtenus sur la base de la LDF (200 Bq/m3) et d’intervenir de façon prompte et pérenne, et dans la mesure du possible, d’appliquer les mesures d’atténuation à l’ensemble du bâtiment. Sauf exception, le recours aux mesures provisoires (soit de condamner l’accès aux locaux concernés ou changer leur vocation) n’a pas été retenu, tout comme l’application d’une remesure à long terme pour confirmer les mesures se situant sur la plage d’incertitude de 200 à 225 Bq/m3. En plus d’aller au-delà des recommandations, cette approche possède le net avantage d’être plus recevable sur le plan de la perception du public. En effet, comme elle est plus simple à saisir, elle permet de simplifier le message à transmettre aux clientèles cibles tout en traduisant bien la préoccupation pour la santé des enfants. De façon plus précise, les gestionnaires impliqués ont convenu de procéder dans de brefs délais et dès qu’une mesure révèle une concentration supérieure à 200 Bq/m3 et de recourir aux services de firmes d’ingénierie afin d’établir un diagnostic et de proposer des mesures d’atténuation adaptées à la situation.

Retombées du projet

L’équipe de recherche de l’INSPQ, le MSSS et les DSP considèrent que le présent projet aura pour effet de sensibiliser le personnel et les parents des élèves à l’importance de mesurer le radon dans leur propre domicile. Une telle répercussion aura pour avantage de stimuler la mise en place graduelle d’un marché pour les services de mesure et d’atténuation du radon au Québec. De plus, l’obtention de mesures de radon à l’intérieur de bâtiments contribuera à identifier les secteurs « à forte potentialité d’émission de radon », ce qui permettra aux autorités sanitaires d’inciter les municipalités concernées à exiger la mise en place de mesures prévenant l’introduction de gaz souterrains dans tout nouveau bâtiment, comme prévu dans la dernière version du Code national du bâtiment.

De façon complémentaire, il est intéressant de souligner que les mesures d’atténuation visant à diminuer les concentrations de radon à l’intérieur pourraient contribuer à assainir l’air des bâtiments, notamment en limitant l’entrée des gaz souterrains et de l’humidité excessive, ainsi qu’en augmentant le renouvellement de l’air. En ce sens, les interventions effectuées peuvent être considérées comme une activité d’entretien visant l’assainissement de l’enceinte du bâtiment et l’atteinte d’un milieu de vie sain pour les occupants. Sensible à cet aspect, le MELS recommande désormais que tout nouveau bâtiment construit ou tout projet d’agrandissement réalisé dans son réseau soit conçu de façon à limiter la pénétration des gaz souterrains, ce qui constitue une retombée importante du projet.

Conclusion

Dans le cadre de son projet de dépistage, l’équipe de recherche de l’INSPQ a priorisé le respect du partenariat entre les différents acteurs du réseau de l’éducation et de la santé, tant du palier central que régional. Cette approche, qui passe nécessairement par l’élaboration d’un plan de communication, pourra être mise à profit dans l’élaboration de futures campagnes de dépistage du radon. La stratégie de communication adoptée a permis de présenter les résultats obtenus aux clientèles cibles de façon ordonnée, simple et objective et de rejoindre l’objectif du Plan d’action intersectoriel sur le radon visant à informer et à sensibiliser la population sur la problématique du radon. En somme, les auteurs considèrent que le présent projet a permis de répondre de façon satisfaisante aux objectifs de départ et d’établir les jalons d’éventuels projets intersectoriels de plus grande envergure. Enfin, l’équipe de recherche suggère que les autorités municipales des secteurs où des écoles ont fait l’objet de dépassements sensibilisent les propriétaires résidentiels à l’importance d’effectuer un test de dépistage du radon dans leur domicile.

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