L'organisation des services de santé de première ligne : Portrait des services médicaux de première ligne à Montréal et en Montérégie
Ce rapport descriptif sur l'organisation des services de santé de première ligne s'inscrit dans une série de publications se rapportant aux résultats du projet de recherche «nbsp;L'accessibilité et la continuité des services de santé : une étude sur la première ligne au Québecnbsp;» (Pineault, Levesque et al., 2004). Il porte sur les services médicaux de première ligne offerts dans deux régions du Québec, Montréal et la Montérégie. Les données présentées proviennent d'une vaste enquête menée en 2005 auprès de l'ensemble des cabinets et cliniques médicales de première ligne des régions étudiées. L'état de situation présenté s'adresse tout particulièrement aux décideurs montréalais et montérégiens des milieux cliniques et administratifs ainsi qu'aux groupes de recherche, cliniciens et toutes personnes s'intéressant à l'organisation des services de santé de première ligne. Les données présentées dans ce rapport constituent des informations fort utiles, considérant la conjoncture actuelle qui impose d'importantes transformations au système de santé québécois.
Les résultats révèlent qu'à Montréal et en Montérégie 85 % des utilisateurs des services de santé identifient les cliniques médicales de première ligne, incluant les CLSC, comme leur source habituelle de soins de première ligne. Généralement, ces organisations adoptent une vision qui s'appuie sur la logique de la «nbsp;médecine familialenbsp;», les priorités allant aux services et au suivi des clientèles régulières plutôt qu'à l'accessibilité. De plus, ce sont les clientèles régulières plutôt que les populations de territoires qui sont visées par une majorité de cliniques. Un écart est cependant noté entre la vision prédominante qui met l'accent sur la continuité des services aux clientèles et les pratiques organisationnelles. En effet, les mécanismes mis en place apparaissent souvent insuffisants pour assurer des services globaux et disponibles en tout temps. On pense notamment aux services de garde qui sont restreints et à la gamme des services offerts qui n'est pas toujours très étendue. Du coté des structures et des ressources, les résultats obtenus mettent en lumière certaines lacunes à l'échelle du réseau de première ligne comme par exemple, le travail en interdisciplinarité avec les ressources infirmières et la pauvreté des technologies d'information.
Une lecture transversale des résultats révèlent des contrastes notables entre les deux régions administratives et entre les territoires de CSSS. Dans la région de Montréal, on observe un plus grand nombre de petites cliniques et d'organisations «nbsp;solonbsp;»; une présence moins importante d'infirmières en première ligne; plus de cliniques qui accordent leur priorité à l'accessibilité des services plutôt qu'à la continuité; plus de cliniques offrant des systèmes de garde en dehors des heures d'ouverture; et moins de cliniques offrant une gamme étendue de services. En Montérégie, on observe des tendances inverses pour ces indicateurs. Ces résultats sont en partie le reflet de la situation de quelques territoires qui, pour bon nombre d'indicateurs, obtiennent des résultats nettement différents de l'ensemble. C'est tout particulièrement le cas des territoires de La Pommeraie, Haute-Yamaska, Suroît et Haut-Saint-Laurent et, dans une moindre mesure, Vaudreuil-Soulanges. Ces territoires se caractérisent par la prédominance d'une vision populationnelle de la responsabilité des cliniques, la présence plus importante d'infirmières jouant leur rôle novateur, davantage de groupes de médecins intégrés dans des structures formelles, et des indications d'une plus grande intégration systémique pour plusieurs cliniques.
Enfin, soulignons qu'à Montréal, une partie notable de la population identifie leur source habituelle de soins de première ligne sur d'autres territoires de CSSS que celui de leur résidence. Dans de tels contextes, l'organisation des services de première ligne requiert une bonne compréhension des mouvements des clientèles entre les territoires. L'autonomie territoriale, eu égard à l'organisation des services de première ligne, s'en trouve complexifiée. En Montérégie, l'affiliation de la population des territoires aux ressources médicales de première ligne situées dans les mêmes territoires créent des conditions plus favorables à l'approche populationnelle qui module l'organisation des ressources selon les besoins de la population et à une plus grande autonomie territoriale.
Partant de ces résultats descriptifs, la poursuite de nos travaux s'actualise notamment dans l'étude des différents modèles d'organisation des services médicaux de première ligne, des liens qu'ils entretiennent avec leur environnement et des relations entre ces modèles et l'expérience de soins de première ligne de la population.
Résumé également disponible en français : « L'organisation des services de santé de première ligne : Portrait des services médicaux de première ligne à Montréal et en Montérégie - Résumé »