Évaluation du projet de démonstration de dépistage du cancer du poumon
Faits saillants
En date du 1er juin 2021, le ministère de la Santé et des Services sociaux, a mis en place un projet de démonstration de dépistage du cancer du poumon par la tomodensitométrie axiale à faible dose du thorax. Ce projet vise à suivre les participants sur deux cycles de dépistage, à 12 mois d’intervalle. L’évaluation du projet est réalisée en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux et l’Institut national de santé publique du Québec. Les indicateurs et les cibles à atteindre ont été identifiés par un comité d’experts. Ce rapport présente les résultats de l’évaluation réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec uniquement.
Recrutement
- Les indicateurs de recrutement montraient que la population était bien ciblée, et la majorité des participants admissibles ont reçu une tomodensitométrie axiale à faible dose initiale de dépistage. Sur les 8 212 personnes référées, 4 318 ont été jugées admissibles, et l'évaluation a porté sur les 3 200 premiers dépistages réalisés entre juin 2021 et novembre 2022.
- Pour les nouveaux participants, le délai médian entre la date du contact initial et celle de la tomodensitométrie axiale à faible dose initiale s’est progressivement allongé, passant d'environ 2 semaines au début de la période de recrutement à 12 semaines vers la fin de celle-ci en novembre 2022.
Performance diagnostique et inconvénients
- Au 1er cycle, la performance de la tomodensitométrie axiale à faible dose s’est révélée globalement satisfaisante, atteignant toutes les cibles préétablies. La proportion de participants avec un résultat probablement bénin (Lung-RADS 3) ou un résultat suspect ou très suspect (Lung-RADS 4) atteignait les cibles. Un nombre suffisamment élevé de cancers ont été détectés, avec la majorité diagnostiquée à un stade précoce de leur évolution. La tomodensitométrie axiale à faible dose de dépistage a également montré une bonne capacité à identifier correctement les personnes non atteintes d’un cancer du poumon. Le taux de participants ayant dû subir une biopsie non chirurgicale bénigne était bas, tout comme celui des chirurgies bénignes. En outre, la proportion de découvertes fortuites nécessitant une action restait en deçà de la cible maximale fixée.
- Au 2e cycle, les taux de tomodensitométrie axiale à faible dose demeurent dans les cibles pour les résultats suspects ou très suspects (Lung-RADS 4), probablement bénins (Lung-RADS 3) et les découvertes fortuites nécessitant une action. Le deuxième cycle était toujours en cours au moment de l’analyse des données et les résultats sont préliminaires.
Adhésion des participants aux recommandations pour examens complémentaires ou diagnostiques
- L’adhésion aux recommandations d’investigation ou de suivi était élevée : presque tous les participants ayant reçu une prescription d’actes d’investigation se sont présentés à leurs rendez-vous. De même, une grande majorité de ceux référés pour une tomodensitométrie axiale à faible dose de suivi à 3 mois et à 6 mois s’est présentée.
- La rétention pour une tomodensitométrie subséquente chez les participants qui avaient reçu un résultat négatif ou bénin au cycle précédent était également élevée et atteignait la cible préétablie.
Offre de soutien à la cessation tabagique
- Le service de soutien au renoncement tabagique par la ligne J’ARRÊTE a été offert aux fumeurs par les intervenants du centre de coordination. Bien que le taux de références acceptées ait été légèrement en dessous de la cible, la ligne J’ARRÊTE a montré sa capacité à intervenir rapidement, avec un délai médian de contact de 5 jours.
- Lors du suivi 12 mois après la première tomodensitométrie axiale à faible dose, un tiers des participants fumeurs au moment du recrutement ont utilisé une aide pharmacologique pour arrêter de fumer. De plus, plus d'un quart ont eu recours aux services d'aide au sevrage tabagique. Les trois quarts des fumeurs ont rapporté avoir diminué leur consommation quotidienne de cigarettes au cours de la première année de suivi.
Conclusion
Le projet de démonstration a montré une bonne capacité à détecter les cancers précocement tout en limitant les faux positifs et le nombre d’examens d’investigation effractifs. Les indicateurs mesurés dans les volets confiés à l’Institut suggèrent donc que le dépistage, dans le contexte québécois, pourrait atteindre les objectifs de réduction de mortalité observés dans les études expérimentales tout en limitant les inconvénients associés. Toutefois, les délais d’accès à la tomodensitométrie axiale à faible dose de dépistage représentaient un élément important nécessitant une amélioration. Les résultats des autres volets de l’évaluation confiés à l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux et la Direction de l’évaluation du ministère de la Santé et des Services sociaux devront être pris en compte dans l’analyse globale du projet de démonstration.
Les résultats des autres volets de l’évaluation confiés à l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (disponible ici) et la Direction de l’évaluation du ministère de la Santé et des Services sociaux (à venir) devront être pris en compte dans l’analyse globale du projet de démonstration.