Lymphogranulomatose vénérienne : avis sur le dépistage, la prise en charge clinique et la surveillance au Québec

Plusieurs éclosions de lymphogranulomatose vénérienne (LGV) ont été observées ces dernières années dans les grands centres urbains, principalement chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH).

  • Jusqu’à récemment, la LGV était considérée comme une infection presque toujours symptomatique. La rectite est maintenant la manifestation clinique la plus rapportée chez les patients symptomatiques. Or, de plus en plus d’études démontrent un nombre significatif de cas asymptomatiques de LGV.
  • En octobre 2014, l’Agence de la santé publique du Canada a élargi les indications de typage de LGV en présence d’un résultat C. trachomatis positif pour tout site de prélèvement, en recommandant « d’envisager » un génotypage LGV chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes asymptomatiques qui remplissent certains critères de risque spécifiques.
  • Les recommandations québécoises en vigueur au moment de la rédaction de cet avis sont de procéder à un génotypage de la LGV lorsque demandé par un clinicien dans un contexte de syndrome compatible avec une LGV ou en présence d’un contact LGV documenté.
  • Le présent avis avait comme objectif initial d’analyser la littérature et de formuler des recommandations quant à la pertinence et aux indications de procéder à un génotypage LGV chez des personnes asymptomatiques infectées par C. trachomatis. Au moment de la réalisation des travaux, d’autres besoins du réseau ont été exprimés et le mandat a été élargi.
  • Les recommandations principales décrites dans cet avis sont les suivantes :
  • privilégier le test d’amplification des acides nucléiques comme analyse de laboratoire pour le dépistage et le diagnostic de la LGV. Par conséquent, la sérologie doit être retirée de la définition nosologique LGV, car elle ne devrait plus être utilisée.
  • génotyper tous les échantillons rectaux positifs pour C. trachomatis (hommes et femmes, dans toutes les régions du Québec), pour une période de deux ans. Une analyse des résultats obtenus mènera alors à une réévaluation de la recommandation.
  • réduire le temps-réponse pour l’obtention du résultat de génotypage LGV afin d’améliorer la prise en charge clinique et le traitement, de même que l’intervention auprès des partenaires. En ce sens, il est recommandé que cette analyse soit réalisée dans un laboratoire québécois.
  • définir et documenter certains indicateurs afin d’établir si la stratégie proposée est efficace et devrait être implantée à plus long terme. Si la recommandation proposée est retenue, un devis détaillé devra être rédigé, dont la mise en œuvre dépendra des ressources disponibles.
  • maintenir la vigie rehaussée des cas déclarés de LGV, afin de caractériser les cas. À cet effet, assurer la révision et la bonification du formulaire d’enquête épidémiologique afin de différencier les personnes infectées avec symptômes de LGV des personnes avec symptômes non spécifiques et des personnes asymptomatiques.
  • Au moment de la rédaction de cet avis, les guides d’usage optimal sur le traitement des infections transmissibles sexuellement et par le sang de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux n’incluaient pas de recommandations spécifiques pour les infections rectales. L’avis inclut une revue de la littérature et des lignes directrices, ainsi que des recommandations de traitement des personnes atteintes de LGV, de rectite et d’infections rectales à C. trachomatis, ainsi que de leurs partenaires sexuels.