Veille scientifique : Amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés, décembre 2021, vol. 3, n° 1

Cette veille, réalisée par l’équipe Saine alimentation et mode de vie actif (SAMVA) est destinée aux acteurs de santé publique, de la filière bioalimentaire, d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, ainsi qu’à toutes personnes interpellées par la qualité nutritionnelle des aliments transformés. Les publications scientifiques recensées dans cette veille ont été choisies pour leur pertinence en regard de l’amélioration de la qualité nutritionnelle globale des aliments transformés et de leur similitude au contexte québécois. Plus spécifiquement, elles abordent les thématiques de reformulation, de politiques alimentaires et de programmes de subvention.

Mise en contexte et méthodologie

L’industrialisation des systèmes alimentaires dans les pays développés a engendré une modification importante des habitudes alimentaires et de la culture culinaire au cours des dernières décennies (Monteiro et collab., 2013). L’accentuation de la présence des aliments transformés et ultra-transformés (ci-après nommés aliments transformés) dans notre alimentation s’est faite au détriment des plats cuisinés à base d’aliments frais et peu transformés (Moubarac, 2017; Moubarac et collab., 2014). Or, les aliments transformés sont souvent riches en gras saturés, en sucre et en sodium, nutriments qui, lorsque consommés en excès, sont défavorables à la santé. Devant ce constat, une des actions potentielles pour améliorer la qualité de l’alimentation des Québécois est d’améliorer spécifiquement la qualité nutritionnelle des aliments transformés.

Le gouvernement du Québec s’est engagé, par le biais de la Politique gouvernementale de prévention en santé, à travailler à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés (MSSS, 2016). S’inscrivant dans ces travaux, cette veille périodique vise à documenter les thématiques suivantes qui ont été jugées pertinentes : reformulation volontaire ou réglementaire des aliments transformés, politiques alimentaires visant l’amélioration des produits vendus au grand public et programmes de subvention visant l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés.

Pour ce numéro de veille, un processus de vigie prospective non exhaustive de la littérature scientifique et de la littérature grise a été mené entre le 1er août 2020 et 1er septembre 2021. Plus précisément, les flux RSS des organismes d’expertise reconnus en santé publique ont été scrutés à l’aide de mots-clés dans le logiciel Inoreader, et les infolettres d’organismes de santé publique reconnus ont été consultées.

Des stratégies de recherche ont été développées pour le catalogue de Santécom et les bases de données Embase, Global Health, AgeLine, CINAHL, Environment Complete, ERIC, Health Policy Reference Center, MEDLINE Complete, Political Science Complete, Psychology and Behavioral Sciences Collection, PsycINFO, Public Affairs Index et SocINDEX with full text, dans les plateformes EBSCO Host et Ovid.

La sélection manuelle des publications dans le but d’évaluer leur pertinence a initialement été effectuée sur la base du titre et, par la suite, du corps de texte.

Le tableau 1 présente les publications et les articles scientifiques répertoriés et jugés pertinents pour soutenir les travaux d’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés au Québec. Certaines publications particulièrement intéressantes ont été résumées dans la deuxième section de cette veille scientifique.

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Publications et articles scientifiques répertoriés

 

Tableau 1 Publications et articles scientifiques répertoriés par type de mesures
Types de mesure Références Résumé

Réduction des teneurs en sodium

Charlton, K. E., B. Corso, L. Ware, A. E. Schutte, L. Wepener, N. Minicuci, N. Naidoo et P. Kowal (2021). « Effect of South Africa’s interim mandatory salt reduction programme on urinary sodium excretion and blood pressure ». Preventive Medicine Reports, vol. 23, 101469

 

Coyle, D., M. Shahid, E. Dunford, C. N. Mhurchu, S. Mckee, M. Santos, B. Popkin, K. Trieu, M. Marklund, B. Neal et J. Wu (2021). « Estimating the potential impact of Australia’s reformulation programme on households’ sodium purchases », BMJ Nutrition, Prevention & Health, [en ligne], vol. 4, n° 1

 

Dehmer, s. P., m. E. Cogswell, m. D. Ritchey, y. Hong, m. V. Maciosek, a. B. Lafrance et k. Roy (2020). « Health and Budgetary Impact of Achieving 10-Year U.S. Sodium Reduction Targets », American Journal of Preventive Medicine, vol. 59, n° 2, p. 211 218

 

Ding, J., Y. Sun, Y. Li, J. He, H. Sinclair, W. Du, H. Wang et P. Zhang (2020). « Systematic Review on International Salt Reduction Policy in Restaurants », International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 17, n° 24

 

Dodd, R., J. A. Santos, M. Tan, N. R. C. Campbell, C. Ni Mhurchu, L. Cobb, M. F. Jacobson, F. J. He, K. Trieu, S. Osornprasop et J. Webster (2020). « Effectiveness and Feasibility of Taxing Salt and Foods High in Sodium: A Systematic Review of the Evidence », Advances in Nutrition (Bethesda, Md.), vol. 11, n° 6, p. 1616‑1630

 

Gouvernement du Canada, S. (2020). « Cibles volontaires de réduction du sodium pour les aliments transformés, 2020-2025 », [en ligne]

 

Gressier, M., F. Sassi et G. Frost (2021). « Contribution of reformulation, product renewal, and changes in consumer behavior to the reduction of salt intakes in the UK population between 2008/2009 and 2016/2017 », The American Journal of Clinical Nutrition, [en ligne], vol. 114, n° 3

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Musicus, A. A., V. I. Kraak et S. N. Bleich (2020). « Policy Progress in Reducing Sodium in the American Diet, 2010-2019 », Annual Review of Nutrition, vol. 40, p. 407‑435

 

PAHO « Salt/Sodium Intake Reduction Policies - Interactive tool », [en ligne]

 

PHE (2020b). « Salt reduction targets for 2024 », [en ligne]

 

PHE (2020c). « Salt targets 2017: second progress report », [en ligne]

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Rosewarne, E., W.-K. Chislett, B. McKenzie, J. Reimers, K. -A. Jolly, K. Corben, K. Trieu et J. Webster (2021). « Stakeholder perspectives on the effectiveness of the Victorian Salt Reduction Partnership: a qualitative study », BMC Nutrition, vol. 7, n° 1, p. 12

 

Santos, J. A., D. Tekle, E. Rosewarne, N. Flexner, L. Cobb, A. Al-Jawaldeh, W. J. Kim, J. Breda, S. Whiting, N. Campbell, B. Neal, J. Webster et K. Trieu (2021). « A Systematic Review of Salt Reduction Initiatives Around the World: A Midterm Evaluation of Progress Towards the 2025 Global Non-Communicable Diseases Salt Reduction Target », Advances in Nutrition, vol. 12, n° 5

 

WHO (2021). « WHO global sodium benchmarks for different food categories », [en ligne]

 

Réduction des teneurs en sucres

Moore, J. B., E. H. Sutton et N. Hancock (2020). « Sugar Reduction in Yogurt Products Sold in the UK between 2016 and 2019 », Nutrients, vol. 12, n° 1

 

NSSRI (2021). « Sugar Reduction Targets from the National Salt and Sugar Reduction Initiative », [en ligne]

 

PHE « Sugar reduction and wider reformulation: stakeholder engagement », [en ligne]

 

PHE (2020 d). « Sugar reduction: report on progress between 2015 and 2019 », [en ligne]

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Réduction des teneurs en acides gras

Lhachimi, S. K., F. Pega, T. L. Heise, C. Fenton, G. Gartlehner, U. Griebler, I. Sommer, M. Bombana et S. V. Katikireddi (2020). « Taxation of the fat content of foods for reducing their consumption and preventing obesity or other adverse health outcomes », Cochrane Database of Systematic Reviews, [en ligne], vol. 2020, n° 9

 

Reformulation de différents nutriments

ANSES (2021). « Simulation de seuils de reformulation par famille d’aliments transformés et impact sur les apports en sucres, acides gras saturés, sel et fibres de la population française - RAPPORT d’appui scientifique et technique », [en ligne]

 

Australian Government Department of Health (2021a). « Partnership Reformulation Program – Food category definitions », [en ligne]

 

Australian Government Department of Health (2021b). « Partnership Reformulation Program – Summary of food categories and reformulation targets », [en ligne]

 

Gouvernement du Québec (2021). « Invitation aux médias — Saine alimentation — Le ministre Lamontagne annonce au nom du gouvernement une aide financière destinée à l’amélioration de la qualité nutritive des aliments transformés », [en ligne]

 

Gressier, M., B. Swinburn, G. Frost, A. B. Segal et F. Sassi (2020). « What is the impact of food reformulation on individuals’ behaviour, nutrient intakes and health status? A systematic review of empirical evidence », Obesity Reviews: An Official Journal of the International Association for the Study of Obesity.

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Michael, V., Y. X. You, S. Shahar, Z. A. Manaf, H. Haron, S. N. Shahrir, H. A. Majid, Y. C. Chia, M. K. Brown, F. J. He et G. A. MacGregor (2021). « Barriers, Enablers, and Perceptions on Dietary Salt Reduction in the Out-of-Home Sectors: A Scoping Review », International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 18, n° 15, p. 8099

X

Moz-Christofoletti, M. A., et J. Wollgast (2021). « Sugars, Salt, Saturated Fat and Fibre Purchased through Packaged Food and Soft Drinks in Europe 2015–2018: Are We Making Progress? », Nutrients, vol. 13, n° 7, p. 2416

 

PHE (2020e). « Calorie reduction: guidelines for the food industry », [en ligne]

 

 


Résumés de publications :

Sel ou sodium?
À l’international, les dénominations sel et sodium sont utilisées pour désigner la consommation de sel. Au Canada, le terme employé unanimement est sodium, puisqu’il s’agit de la composante du sel de table (chlorure de sodium, NaCl), qui est à l’origine de l’hypertension artérielle. 1 g de sel de table ≈ 400 mg de sodium Notons que le terme sodium est utilisé dans les résumés, en dépit du terme employé dans la publication originale. Les quantités de sel sont traduites en sodium, selon l’équivalence disponible ci-haut.

La reformation explique la majorité de la réduction observée entre 2008 et 2017 des apports en sodium au Royaume-Uni

Contexte

Depuis presque deux décennies, le Royaume-Uni a mis en place des cibles volontaires afin de réduire les teneurs en sodium des aliments mis en marché et pour l’éducation à la population quant aux effets d’apports excessifs en sodium. Cela représente un contexte particulièrement intéressant pour évaluer les effets de ces mesures.

Objectifs

Dans cette étude, les chercheurs évaluent l’impact de la reformulation des teneurs en sodium des aliments consommés et des choix des consommateurs sur l’apport en sodium populationnel. Ils ont également examiné les changements d’apports selon des caractéristiques démographiques et socio-économiques.

Méthode

Les auteurs ont utilisé les données alimentaires issues des journaux alimentaires de l’enquête représentative UK National Diet and Nutrition Survey de 2008-09 et de 2016-17 pour déterminer l’apport en sodium. Les teneurs en sodium des aliments disponibles pour les années correspondantes sont tirées du UK Nutrient Databank, and foods’ nutrition compositions. Afin de répondre à leur objectif, les auteurs ont évalué l’effet de trois changements sur l’apport en sodium de la population soit, la reformulation, le transfert d’achat par le consommateur vers un autre produit et l’achat par le consommateur d’un produit nouvellement mis en marché.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

D’abord, les chercheurs ont observé une réduction de 17 % de la teneur moyenne en sodium des aliments et boissons consommés, soit – 16 mg/100 g d’aliments.

Ensuite, ils ont calculé que l’apport en sodium de la population avait diminué de 16 % entre 2008-09 et 2016-17.

Selon leurs analyses, cette réduction d’apport s’expliquerait en grande partie par la réduction des teneurs en sodium des aliments consommés (-12 mg/100 g). Seule une petite partie de la réduction observée s’expliquerait par le transfert d’achats (-1,6 mg/100 g) et l’achat de produits nouvellement mis en marché (-2,5 mg/100 g).

Un examen des changements d’apports par caractéristiques démographiques (âge et sexe) et niveaux socioéconomiques (niveau de qualification et quintiles de revenu) a été réalisé sans toutefois procéder à des tests statistiques. D’abord, une réduction de teneur en sodium des aliments consommés a été observée chez tous les groupes, mais d’ampleur variable. Selon les résultats des auteurs, ce serait la reformulation des aliments qui expliquerait en grande partie la réduction observée des teneurs en sodium des aliments consommés chez tous les groupes socio-économiques et démographiques. On observe toutefois, des différences pour le transfert d’achats et l’achat de produits nouvellement mis en marché entre les groupes, sans patron clair. En l’absence de tests statistiques, il est difficile d’émettre de plus amples conclusions sur la présence d’inégalités des effets de ses trois éléments et de leur effet combiné.

GRESSIER, M., F. SASSI et G. FROST (2021). « Contribution of reformulation, product renewal, and changes in consumer behavior to the reduction of salt intakes in the UK population between 2008/2009 and 2016/2017 », The American Journal of Clinical Nutrition, [en ligne], vol. 114, n° 3

Peu de progrès dans l’atteinte des cibles de réduction de teneurs en sodium au Royaume-Uni entre 2017 et 2018

Contexte

Le programme des cibles de reformulation volontaires des teneurs en sodium dans les aliments vendus au Royaume-Uni est constitué de cinq séries de seuils (publiées en 2006, 2009, 2011, 2014, 2017 et 2020). L’avant-dernière série, publiée en 2014, devait être atteinte à la fin de l’année 2017 et la dernière série publiée en 2020 devra l’être en 2024. En 2017, une première évaluation a été réalisée à partir des données de l’offre de produits disponibles à ce moment-là. Ce document d’évaluation a fait l’objet d’un résumé dans le volume 1 numéro 2 de la présente veille.

Objectif

Dans cette publication, Public Health England (PHE), l’organisme de santé publique du Royaume-Uni, évalue l’atteinte des seuils fixés pour la reformulation des teneurs en sodium pour 2017.

Méthode

Afin d’évaluer l’atteinte de ces seuils fixés, PHE a utilisé des données d’achats alimentaires colligées par Kantar World Panels Take Home Consumer Panel durant l’année 2018, ainsi que des données sur les aliments du secteur de la restauration, colligées auprès de compagnies ou de leurs sites web.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

D’abord, les auteurs indiquent l’existence de différences entre les données du présent rapport et celui paru précédemment (PHE, 2018a), en raison de l’amélioration de la méthodologie.

En 2018, la moitié des catégories d’aliments du secteur de la vente au détail rencontrait les seuils de teneurs moyennes en sodium fixés. C’était déjà le cas en 2017, ainsi la situation ne s’est pas améliorée à la suite de la première évaluation. Quant aux seuils de teneurs maximales, une petite proportion supplémentaire d’aliments respecte ces seuils : 80 % (2017) c. 83 % (2018).

Similairement, pour les aliments du secteur de la restauration, les teneurs en sodium de 74 % des aliments offerts sont égales ou en deçà des seuils fixés, ce qui représente une légère amélioration par rapport à 2017 (70 %).

Comme l’apport en sodium chez les adultes en 2018-19 (3 360 mg/j), dépassait toujours la recommandation maximale de 2 400 mg/jour, PHE estime que les mesures pour réduire les teneurs en sodium dans l’offre alimentaire sont toujours nécessaires. À cet effet, PHE a publié en 2020 de nouveaux seuils de reformulation à atteindre d’ici 2024 (PHE, 2020b)

PHE (2020c). « Salt targets 2017: second progress report », [en ligne].

Les cibles de reformulation des teneurs en sucres ont un effet modeste sur l’offre alimentaire comparativement aux effets de la taxation des boissons sucrées au Royaume-Uni

Contexte

Dans le cadre de son plan pour réduire l’obésité infantile, le Royaume-Uni a mis en place des cibles volontaires de réduction des teneurs en sucres totaux des aliments transformés offerts dans les secteurs de la vente au détail et de la restauration. Ce programme vise à réduire de 20 % la quantité de sucres des aliments représentant les plus grandes sources de sucres dans l’alimentation des enfants et des adolescents. Aussi depuis 2018, le Royaume-Uni s’est doté d’une taxe sur les boissons sucrées, afin de stimuler leur reformulation. Public Health England (PHE) est l’organisme de santé publique qui suit l’évolution de ces deux interventions.

Objectif

PHE présente dans ce document les changements survenus pour les teneurs en sucres totaux des aliments et boissons offerts sur le marché depuis la mise en œuvre des deux interventions.

Méthode

Similairement à l’exercice réalisé pour les teneurs en sodium, le suivi de la réduction des teneurs en sucres totaux des aliments et boissons a été effectué à partir d’achats alimentaires assortis de valeurs nutritionnelles issus du Kantar FMCG’s consumer panel, et de données d’achats des aliments vendus en restauration et de leurs valeurs nutritives.

Ces diverses informations ont permis à PHE de comparer les teneurs en sucres des aliments et boissons offerts en 2015 (année de référence pré-intervention) à ceux offerts en 2019 (année 3 des cibles de reformulation).

Qu’est-ce qu’on y apprend?

L’analyse indique qu’entre 2015 et 2019, une réduction de 3 % de la teneur moyenne en sucre pondérée par les ventes des aliments du secteur de la vente au détail est survenue. En comparaison, entre 2015 et 2017, PHE a estimé qu’une réduction de 2 % avait eu lieu (PHE, 2018b). La réduction de 3 % n’a pas occasionné une réduction des calories susceptibles d’être consommées en une seule occasion.

Pour certaines catégories d’aliments, des réductions beaucoup plus importantes ont été observées, par exemple 13 % pour les yogourts et fromages frais et 13 % pour les céréales à déjeuner.

Pour le secteur de la restauration, les teneurs moyennes en sucres totaux sont demeurées inchangées entre 2017 et 2019, et ce même si des changements de teneurs sont survenus au sein de certaines catégories d’aliments. En effet, des réductions ont été observées pour les teneurs des céréales à déjeuner (-17 %), des gâteaux (-7 %) et des biscuits (-4 %), mais une augmentation des teneurs est également survenue pour les chocolats (+11 %). PHE indique que le secteur de la restauration a toutefois réduit le nombre de calories par portion (-10 %, - 39 kcal/portion).

PHE a également examiné l’évolution de l’offre de boissons et de l’achat de ces dernières depuis l’instauration de la taxe. D’abord, l’achat (en litres) de boissons sucrées taxées a augmenté de 15 % entre 2015 et 2019. Au cours de la même période, la teneur moyenne en sucres totaux de ces boissons a diminué de 44 %. À preuve, en 2019, une grande part (88 %) des ventes de boissons sont faibles en sucres, c’est-à-dire de moins de 5 g de sucres totaux par 100 mL. Ainsi, en dépit de l’augmentation de l’achat de boissons, globalement la quantité totale de sucres provenant de leur achat a diminué de 35 %. Cette réduction du sucre par le biais des boissons sucrées achetées a été observée chez tous les groupes socio-économiques (32 à 35 % de réduction.

Précisons que PHE ne fait pas le suivi de l’utilisation d’édulcorants artificiels dans les boissons taxées.

PHE réalisera en 2021 une quatrième évaluation du progrès vers l’objectif de réduction de 20 % des cibles de réduction du sucre. Notons qu’en plus des cibles de réduction du sodium et du sucre déjà publiées, le Royaume-Uni a publié des cibles de réduction des calories en 2020, qui sont à atteindre pour 2024.

PHE (2020 d). « Sugar reduction: report on progress between 2015 and 2019 », [en ligne].

La reformulation des teneurs en sodium et en acides gras trans est efficace pour réduire la consommation de ces nutriments et possiblement leurs effets nocifs sur la santé

Contexte

Plusieurs pays ont mis en place des cibles de reformulation de la qualité nutritionnelle des aliments offerts et ont évalué l’impact de ces dernières.

Objectif

Cette revue systématique vise à évaluer les impacts de ces initiatives de reformulation sur les choix d’aliments par les consommateurs, les apports en nutriments de ces derniers et leur état de santé.

Méthode

Près de 60 études, issues de 35 articles scientifiques, ont été combinées dans cette revue systématique. Les auteurs ont également réalisé deux méta-analyses, la première portant sur l’impact de la reformulation sur les apports en sodium et la seconde sur l’impact de la reformulation sur les apports en acides gras trans (AGT).

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les études recensées portaient en majorité sur le sodium (n = 32) et dans une moindre mesure sur les AGT (n = 13). Peu d’études portaient sur les effets de la reformulation des teneurs en calories (n = 3), en sucres (n = 3), en fibres (n = 3).

Globalement, les consommateurs ont acheté des aliments reformulés, indiquant que ces derniers sont généralement acceptés.

La méta-analyse sur les effets de la reformulation des teneurs en sodium dans les aliments sur les apports en sodium indique une diminution statistiquement significative de 228 mg/jour par personne.

Quant aux changements d’apports en AGT à la suite de la reformulation des aliments, on observe une diminution de 38 % à 85 % selon les études, générant une réduction statistiquement significative dans la méta-analyse.

Seul un petit nombre d’études se sont penchées sur les effets de la reformulation sur la santé, via des indicateurs de mortalité et morbidité (n = 6). Cinq d’entre elles ont étudié les effets de l’interdiction des AGT dans les aliments emballés et les aliments du secteur de la restauration. De celles-ci, quatre ont démontré une réduction de la mortalité de 4,3 % à 6,2 %. Une seule étude a examiné les effets de la réduction des teneurs en sodium sur la santé, et a démontré une réduction de la tension artérielle.

À la lumière des études recensées, les auteurs recommandent que la reformulation d’un nutriment soit appliquée aux catégories d’aliments contribuant le plus à l’apport populationnel en ce nutriment. De plus, ils estiment que la reformulation devrait être réalisée pour la totalité des produits d’une catégorie d’aliments (p. ex. toutes les marques de pains). Cela éviterait que les consommateurs rejettent les produits reformulés et achètent plutôt des produits non reformulés. Aussi, les auteurs estiment que la reformulation de type règlementaire génère de plus grands effets que si elle est volontaire. Ils appuient leurs propos à l’aide de l’exemple des AGT : dans les pays ayant implanté une mesure volontaire de retrait des AGT, certains aliments en contiennent encore.

Gressier, M., B. Swinburn, G. Frost, A. B. Segal et F. Sassi (2020). « What is the impact of food reformulation on individuals’ behaviour, nutrient intakes and health status? A systematic review of empirical evidence », Obesity Reviews: An Official Journal of the International Association for the Study of Obesity

Quels sont les barrières et les facteurs facilitants de la réduction du sodium dans les repas offerts à l’extérieur du domicile?

Contexte

Le secteur de la restauration regroupe les entreprises qui offrent des boissons et aliments à consommer dans l’immédiat, incluant les établissements commerciaux et collectifs comme les restaurants et traiteurs, hôpitaux et cafétérias. Puisque ces établissements sont des lieux de consommation importants pour la population, la réduction du sodium de l’offre alimentaire dans ces milieux pourrait avoir un impact sur la consommation de sodium de la population.

Objectifs

Cette revue exploratoire a notamment pour but d’identifier les barrières et les facilitateurs associés à la réduction du sodium dans les aliments du secteur de la restauration.

Méthode

Les auteurs ont réalisé une recherche dans les écrits scientifique afin d’identifier des études qualitatives et quantitatives portant sur cette thématique.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Selon les écrits identifiés, les principales barrières à la réduction des teneurs en sodium des aliments sont l’offre limitée d’aliments et de repas à faible teneur en sodium, le faible niveau de compétences en cuisine et en reformulation que possède le personnel de restauration, et la crainte que la reformulation induise une perte de revenus.

À l’inverse, les facilitateurs identifiés sont la mise en place de programmes de réduction du sodium, la réduction progressive des teneurs en sodium des aliments et mets, l’accès facile à des substituts du sel et l’offre de formation aux employés.

Afin de contourner certains des obstacles identifiés, les auteurs estiment que des politiques de reformulation doivent notamment favoriser l’utilisation de substituts du sel et offrir de la formation aux employés de la restauration sur l’approvisionnement alimentaire, la préparation des aliments et la commercialisation dans une optique de faire des choix judicieux pour réduire les teneurs en sodium des aliments et repas offerts.

Michael, V., You, Y. X., Shahar, S., Manaf, Z. A., Haron, H., Shahrir, S. N., Majid, H. A., Chia, Y. C., Brown, M. K., He, F. J., & MacGregor, G. A. (2021). Barriers, Enablers, and Perceptions on Dietary Salt Reduction in the Out-of-Home Sectors : A Scoping Review. International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(15), 8099.

Références

  1. Monteiro, C. A., J. -C. Moubarac, G. Cannon, S. W. Ng et B. Popkin (2013). Ultra-processed products are becoming dominant in the global food system, Obesity reviews, vol. 14, n° S2, p. 21–28.
  2. Moubarac, J.-C. (2017). Ultra-processed foods in Canada: consumption, impact on diet quality and policy implications. Montréal TRANSNUT, Université de Montréal. https://www.heartandstroke.ca/-/media/pdf-files/canada/media-centre/hs-report-upp-moubarac-dec-5-2017.ashx
  3. Moubarac, J.-C., M. Batal, A. P. B. Martins, R. Claro, R. B. Levy, G. Cannon et C. Monteiro (2014). Processed and ultra-processed food products: consumption trends in Canada from 1938 to 2011, Canadian Journal of Dietetic Practice And Research, vol. 75, n° 1, p. 15‑21.
  4. MSSS (2016). Politique gouvernementale de prévention en santé : un projet d’envergure pour améliorer la santé et la qualité de vie de la population. http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2016/16-297-08W.pdf

Veille scientifique : Amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés

Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique ou pour être ajouté à la liste de distribution, veuillez contacter Gabrielle Durette à [email protected]

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du Gouvernement du Québec.

RÉDACTRICE

Gabrielle Durette Dt.P., M. Sc.
Conseillère scientifique

AVEC LA COLLABORATION DE

Julie Maltais-Giguère Dt.P., M. Sc.
Conseillère scientifique

Marie-Claude Paquette Dt.P., Ph. D.
Conseillère scientifique spécialisée

Laurie Capovilla, stagiaire du baccalauréat en nutrition
Université de Montréal

Calila Tardif, stagiaire du baccalauréat en nutrition
Université de Montréal

MISE EN PAGE ET RÉVISION LINGUISTIQUE

Marie-Cloé Lépine
Agente administrative

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