Veille scientifique Saine alimentation et mode de vie actif, volume 10, numéro 4, décembre 2022

Cette veille est destinée en premier lieu aux acteurs du réseau de santé publique. Les publications scientifiques recensées sont choisies pour leur pertinence au regard de la promotion de la saine alimentation et du mode de vie physiquement actif, dans une perspective de prévention des problèmes reliés au poids et des maladies chroniques.

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Activité physique et sédentarité

L’utilisation des écrans en soirée nuit à la durée et la qualité de sommeil des jeunes

Contexte

La sédentarité des jeunes est associée à une augmentation des risques de problèmes de santé précoces. Certaines études suggèrent que le moment de la journée où le comportement sédentaire est adopté puisse être associé à une diminution de la qualité et à la durée du sommeil. Or, la majorité de ces études portent sur des activités sédentaires utilisant des écrans et réalisées immédiatement avant le coucher. Ainsi, il existe encore très peu de données sur la relation entre l’utilisation des écrans à d’autres moments de la journée et le sommeil. De la même façon, il n’est pas clair si l’accès dans la chambre à coucher à des activités sédentaires, avec ou sans écran, peut nuire au sommeil.

Objectif

Cette revue systématique a deux objectifs : 1) étudier la relation entre le moment dans la journée où les comportements sédentaires sont adoptés et la durée et la qualité du sommeil chez les enfants et les adolescents, et 2) étudier la relation entre l’accès à des activités sédentaires dans la chambre à coucher et la durée et la qualité du sommeil chez cette même population.

Ce qu’on y apprend

Les résultats présentés proviennent de l’analyse de 44 études, majoritairement transversales (n = 28), portant sur des échantillons ayant un âge moyen variant de 5 à 17 ans. Les auteurs de la revue des écrits soulignent la grande hétérogénéité des aspects méthodologiques (devis et outils de mesure) des études repérées qui rend difficile leur comparaison. Trois constats sont tout de même proposés :

  • L’utilisation des écrans, particulièrement en soirée, est négativement associée à la durée et la qualité du sommeil des enfants et adolescents. Toutefois, les données disponibles ne permettent pas d’établir l’intervalle optimal à observer entre l’utilisation des écrans et l’heure du coucher afin de limiter les effets négatifs potentiels sur le sommeil.
  • L’accès à des écrans dans la chambre est négativement associé à la durée et la qualité du sommeil des enfants et adolescents puisqu’il retarde l’endormissement.
  • Les données disponibles ne permettent pas l’établissement d’hypothèses quant aux effets potentiels des activités sédentaires sans écran sur le sommeil.

Commentaires du rédacteur

En 2022, le ministre délégué à la santé et aux services sociaux Lionel Carmant déposait la Stratégie québécoise sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes 2022-2026. Le document propose quatre grandes orientations et six mesures d’intervention en vue de diminuer les risques pour la santé que pose l’utilisation des écrans. Les résultats présentés dans cette revue des écrits s’inscrivent dans les mesures 1.1 Mettre en place des conditions favorisant une utilisation des écrans qui réduit les risques pour la santé et 1.2 Produire et diffuser de l’information pertinente afin de sensibiliser la population quant à une saine utilisation des écrans. En effet, les constats tirés par les auteurs permettent d’apporter quelques nuances dans la compréhension de la relation entre l’utilisation des écrans et le sommeil, ce dernier étant essentiel à la santé.

Saunders, TJ; McIsaac, T; Campbell, J; Douillette, K; Janssen, I; Tomasone, JR; Ross-White, A; Prince, SA; Chaput, J-P. (2022) Timing of sedentary behaviour and access to sedentary activities in the bedroom and their association with sleep quality and duration in children and youth: a systematic review. Health Promotion and Chronic Disease Prevention in Canada, 42(4), 139-149. https://doi:10.24095/hpcdp.42.4.03.

Environnement alimentaires

Portrait des interventions en alimentation visant à réduire les barrières à la saine alimentation chez les Afro-Américains

Contexte

Au Québec comme ailleurs, certaines sous-populations sont désavantagées quant aux opportunités d’accéder à une alimentation saine et suffisante, en raison de conditions économiques, politiques et sociales. Par exemple, le racisme structurel peut avoir une influence sur l’insécurité alimentaire et la qualité de l’alimentation chez les Afro-Américains. Divers types d’interventions en alimentation peuvent être mises en place pour améliorer l’alimentation des groupes désavantagés et/ou agir sur les causes des inégalités sociales.

Objectif

L’examen de la portée a pour objectif de recenser les interventions en alimentation dans l’environnement, les politiques ou les systèmes, et les interventions d’éducation conçues pour les Afro-Américains visant à réduire les barrières à l’adoption d’une saine alimentation. Les interventions recensées ont été classées selon les quatre catégories du cadre Getting to Equity in Obesity Prevention : 1) augmenter les options saines, 2) réduire les barrières aux comportements sains, 3) améliorer les ressources sociales et économiques et 4) bâtir les capacités communautaires.

Une recherche dans cinq bases de données de littérature scientifique et grise a été effectuée afin d’identifier des articles publiés de 1991 à 2021 portant sur des études menées spécifiquement auprès de groupes afro-américains aux États-Unis.

Ce qu’on y apprend

Sur 30 articles, 25 présentent des interventions visant à augmenter les options saines (surtout l’offre de fruits et légumes frais) et 18 présentent des interventions portant sur les capacités communautaires (surtout de l’éducation nutritionnelle). Ce sont 40 % des 30 articles qui présentent une combinaison de ces deux types d’interventions. Seulement deux interventions recensées visent à réduire les barrières aux comportements sains (p. ex. : sensibilisation aux techniques ciblées de marketing d’aliments malsains) et deux ciblent l’amélioration des ressources sociales et économiques (p. ex. : offre de coupons pour l’achat dans des marchés).

Les auteurs indiquent que les types d’interventions les plus fréquemment recensés ciblent des déterminants plus proximaux de l’alimentation et sont donc insuffisants à eux seuls pour atteindre l’équité en santé. En effet, ils ne permettent pas d’agir sur des déterminants en amont des inégalités, comme les ressources financières. Puisque les disparités en alimentation découlant du racisme pourraient en partie s’expliquer par des disparités socio-économiques, elles ne pourront être réduites sans changement dans l’environnement, les politiques et les systèmes.

Commentaires du rédacteur

Bien que cet examen de la portée s’intéresse aux Afro-Américains aux États-Unis, ses conclusions et les réflexions qu’il suscite à propos des interventions les plus appropriées pour réduire les inégalités sociales en alimentation peuvent s’appliquer à d’autres sous-populations désavantagées socio-économiquement, notamment en contexte québécois (p. ex. : groupes marginalisés, populations à faible revenu, etc.). En effet, comme pour les inégalités observées selon l’identité raciale, les inégalités en alimentation selon d’autres caractéristiques socio-économiques dépendent aussi des conditions de vie et d’autres déterminants en amont et ne pourront être réduites que par des types d’interventions appropriés.

Greene, M., B. Houghtaling, C. Sadeghzadeh, M. De Marco, D. Bryant, R. Morgan et D. Holston (2022). « Nutrition Interventions Addressing Structural Racism: A Scoping Review », Nutrition Research Reviews, p. 1‑20. https://doi:10.1017/S0954422422000014.

Portrait de l’insécurité alimentaire au Canada et au Québec

Contexte

L’insécurité alimentaire correspond à un accès inadéquat ou incertain aux aliments principalement en raison d’un manque de ressources financières. Les mesures sanitaires mises en place pour la COVID-19, les pertes d’emploi qui en ont découlé et la période inflationniste actuelle ont des impacts chez les populations vulnérables, notamment sur leur capacité à se nourrir. Mieux comprendre la distribution de l’insécurité alimentaire dans la population permet d’adapter les politiques publiques pour assurer une alimentation saine et suffisante pour tous.

Objectif

Ce rapport est le dernier d’une série de rapports issue de la même organisation qui documente l’évolution de l’insécurité alimentaire des ménages au Canada. En 2021, ce sont les données de l’Enquête canadienne sur le revenu (ECR) qui ont été utilisées pour documenter l’insécurité alimentaire plutôt que celles de l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes (ESCC) comme c’était le cas dans les rapports précédents.

Ce qu’on y apprend

La prévalence de l’insécurité alimentaire des ménages au Québec était de 13,1 % en 2021, ce qui représente le plus faible taux au Canada. Cette prévalence comprend l’insécurité alimentaire grave (2,8 %), l’insécurité alimentaire modérée (6,3 %) et l’insécurité alimentaire marginale (4,0 %). Le Québec a le plus faible taux d’insécurité alimentaire grave au Canada. La moitié des ménages en insécurité alimentaire au Québec ont un salaire comme source de revenus principale. Au Canada, les ménages les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire lorsqu’on contrôle pour les caractéristiques économiques (comme le revenu) sont ceux dont une femme est à la tête d’une famille monoparentale, les personnes vivant seules, les personnes membres des Premières Nations, les locataires et les personnes sur l’assistance sociale ou l’assurance emploi.

Commentaires du rédacteur

La surveillance de l’insécurité alimentaire et des caractéristiques des ménages en insécurité alimentaire est essentielle pour la mise en place de politiques publiques pertinentes et efficaces. Le rapport note que les différences de prévalences entre provinces pourraient s’expliquer par les politiques publiques québécoises en place, telles que le taux du salaire minimum et les montants accordés par l’assistance sociale. Il n’en demeure pas moins que tous les Québécois ne sont pas égaux dans leur capacité à se nourrir sainement et en quantité suffisante. Les conditions inflationnistes actuelles et les fragilités des populations vulnérables exacerbées par la COVID-19 justifient un renforcement des politiques publiques et des interventions qui tiennent comptent de l’alimentation et de l’équité.

Tarasuk V, Li T, Fafard St-Germain AA. (2022) Insécurité alimentaire des ménages au Canada, 2021. Toronto: Research to identify policy options to reduce food insecurity (PROOF). Consulté au https://proof.utoronto.ca/.

Une revue systématique qualitative des barrières et facilitateurs à l’implantation d’interventions visant la distribution de fruits et légumes dans les milieux scolaires

Contexte

L’objectif d’une consommation d’au moins cinq portions de fruits et légumes par jour est particulièrement difficile à atteindre parmi les enfants et les adolescents. En Europe et au Canada, 48 % des adolescents ne consomment aucune portion de fruits ou de légumes par jour. Des interventions visant les milieux scolaires pourraient permettre de rejoindre une grande partie de cette population et ainsi créer des milieux favorables à la consommation de fruits et légumes.

Objectif

L’objectif de cette revue systématique est de répertorier les résultats d’études qualitatives sur les barrières et les facilitateurs de l’implantation d’interventions visant la distribution directe de fruits et légumes dans les milieux scolaires et de conduire une analyse de différentes structures d’implantation en utilisant le cadre Consolidated Framework for Implementation Research (CFIR).

Ce qu’on y apprend

Cette revue systématique inclut 14 articles publiés de 2011 à 2019. Les études répertoriées ont été menées aux États-Unis (n = 9), au Canada (n = 2), au Danemark (n = 2) et en Australie (n = 1). En utilisant le cadre CFIR, les auteurs ont catégorisé selon cinq constats les facteurs qui semblent avoir un impact direct sur la réussite des interventions.

  1. Composantes de l’intervention : ce construit comprend la qualité des fruits et légumes offerts, l’adaptabilité de l’intervention aux pratiques des enseignants et les coûts associés à l’intervention.
  2. Contexte externe d’implantation : cette catégorie inclut la présence et la qualité de relations entre les écoles et les producteurs ou les distributeurs, les politiques et les incitatifs, et les besoins et ressources des groupes ciblés.
  3. Contexte interne : ce concept inclut le climat dans lequel l’intervention est implantée, le niveau de préparation du contexte à l’implantation de l’intervention et les caractéristiques des infrastructures du milieu ciblé.
  4. Caractéristiques des individus : cette catégorie regroupe la réceptivité au changement des individus concernés et leurs valeurs et connaissances.
  5. Processus : dans ce construit, les auteurs incluent les processus d’engagement des parties prenantes, de mise en œuvre et d’évaluation des interventions.

Commentaires du rédacteur

Cette revue systématique comporte plusieurs limites notamment le fait qu’elle n’inclut que 14 études, dont plus de la moitié ont eu lieu aux États-Unis. De plus, lors de l’analyse, il n’y a pas eu de différenciation entre les différents types d’acteurs ayant participé à la collecte des données alors que la perception des facilitateurs et des barrières des enseignants, des dirigeants d’un établissement scolaire ou des parents peut s’avérer très différente. Néanmoins, cette revue permet de comprendre davantage les conditions nécessaires pour que des interventions de distribution de fruits et légumes dans les milieux scolaires puissent être implantées avec succès.

Meshkovska, B., D. A. Scheller, J. Wendt, H. Jilani, M. Scheidmeir, J. M. Stratil, N. Lien (2022). « Barriers and facilitators to implementation of direct fruit and vegetables provision interventions in kindergartens and schools: a qualitative systematic review applying the consolidated framework for implementation research (CFIR) », The international journal of behavioral nutrition and physical activity, vol. 19, p. 1-11. https://doi.org/10.1186/s12966-022-01246-8.

Des actions par les commerces alimentaires pour contribuer au bien-être des communautés

Contexte

Les auteurs de la revue estiment qu’il est intéressant de se pencher sur le rôle que pourraient jouer les entreprises privées pour contribuer au bien-être de la communauté dans laquelle elles exercent leurs activités économiques.

Objectif

Plus précisément, cette revue exploratoire se penche sur les commerces alimentaires tels les épiceries et les supermarchés. Elle cherche à identifier les initiatives favorisant le bien-être individuel et collectif réalisées par ces entreprises ainsi que les effets de ces initiatives.

Ce qu’on y apprend

Les documents recensés sur le sujet (n = 24) ont été publiés depuis 2001 et portent sur des initiatives ayant eu lieu en Roumanie, au Royaume-Uni, et aux États-Unis. Deux catégories d’initiatives réalisées par les commerces alimentaires ont été identifiées : 1) renforcement des communautés et 2) prévention et promotion de la santé.

Parmi la catégorie Renforcement des communautés, les auteurs ont notamment recensé le financement de projets locaux, de clubs de déjeuners, d’un programme de service de garde pour enfants, d’un centre communautaire, de dons à des banques alimentaires, la réalisation d’activités ou de cours liés au bien-être (p. ex. yoga) et la mise à disposition d’un local dans le commerce alimentaire pour la tenue de ces activités.

Du côté des initiatives catégorisées en Prévention et promotion de la santé par les auteurs de la revue, les initiatives visent essentiellement l’éducation et la sensibilisation des individus ainsi que l’acquisition de connaissances en lien avec de saines habitudes de vie. La réalisation de dégustations, de démonstrations culinaires, de visites guidées du commerce sur le thème de la saine alimentation, d’affichage d’informations nutritionnelles dans le commerce, d’évènements éducatifs et la promotion d’activités sportives sont des exemples d’initiatives recensées dans cette catégorie. Aussi, certains commerces ont offert des cliniques de vaccination et des programmes de sensibilisation à l’hypertension artérielle et aux maladies cardiovasculaires ainsi que du dépistage de l’hypertension artérielle.

Les quelques études portant sur les impacts de ces initiatives ont surtout rapporté les extrants des initiatives (p. ex. nombre d’ateliers réalisés) plutôt que les effets réels des initiatives sur les habitudes de vie. En dépit de cela, et de la nécessité d’être plus amplement étudiées, les auteurs considèrent que les initiatives recensées ont le potentiel d’avoir des effets intéressants sur la communauté.

Commentaires du rédacteur

Cette recension démontre que certaines initiatives pour soutenir la communauté et l’éducation aux saines habitudes de vie sont actuellement réalisées par des commerces alimentaires privés. Certaines initiatives similaires sont déjà réalisées au Québec par certains commerces alimentaires privés (p. ex. démonstrations culinaires, prêt de local, présence d’une nutritionniste en épicerie, financement de projets pour la communauté, dons d’aliments, etc.). Il serait intéressant de s’intéresser aux possibilités de partenariats avec les commerces alimentaires québécois et de documenter les effets sur les collectivités.

Lee, C., Bassam, E. R. W., & Kuhn, I. (2021). Community-oriented actions by food retailers to support community well-being: A systematic scoping review. Public Health, 201, 115 124. https://doi.org/10.1016/j.puhe.2021.09.029.

Environnement alimentaire et changements climatiques

L’alimentation durable aurait des co-bénéfices sur la santé et l’environnement

Contexte

L’alimentation a un impact sur les changements climatiques en raison de la production, du conditionnement et du transport des aliments. Cet impact pourrait être mitigé par l’alimentation durable, qui est définie comme une alimentation ayant un faible impact environnemental et contribuant à la sécurité alimentaire et à la santé pour les générations présentes et futures.

Objectif

Cette revue systématique avait pour objectif d’identifier les co-bénéfices sur la santé et l’environnement d’une alimentation durable ainsi que les stratégies pour son implantation.

Ce qu’on y apprend

Parmi les 21 articles publiés de 2013 à 2020 inclus dans la revue, la majorité des études utilisent un modèle prédictif de l’impact de différents types d’alimentation sur la santé et l’environnement à partir de données secondaires.

Impact environnemental de différents types d’aliments : les aliments considérés comme ayant le plus faible impact environnemental sont les aliments locaux, biologiques, de saison, peu ou pas transformés, peu ou pas emballés et/ou d’origine végétale. À l’opposé, les aliments d’origine animale, en particulier la viande, sont ceux ayant le plus grand impact environnemental. Une diminution de la consommation de viande ou de boissons sucrées ou alcoolisées permettrait de diminuer l’émission de GES provenant de l’alimentation.

Co-bénéfices de l’alimentation durable sur la santé et l’environnement : une alimentation équilibrée sur le plan calorique principalement à base de végétaux et un faible apport en protéines d’origine animale pourrait réduire significativement la morbidité et la mortalité prématurée à l’échelle mondiale ainsi que l’impact environnemental de l’alimentation.

Stratégies pour promouvoir l’alimentation durable : un souci pour l’alimentation durable devrait faire partie des lignes directrices en éducation en nutrition et en promotion de la santé. Par exemple, un environnement alimentaire dans les écoles cohérent avec la promotion de l’alimentation durable, entre autres concernant le menu des écoles et les aliments en vente dans les machines distributrices, aurait le potentiel de réduire l’impact environnemental.

L’élimination de la consommation de viande étant un des principaux changements recommandés pour une transition vers une alimentation plus durable, il importe de considérer le réalisme de cette recommandation considérant l’importance culturelle de la viande dans beaucoup de population à travers le monde. La recommandation de réduire la consommation de viande et de choisir des viandes de meilleure qualité serait davantage réaliste que de recommander d’éliminer complètement la viande de l’alimentation. En effet, selon les auteurs, l’acceptabilité sociale est un indicateur important pour établir une alimentation durable sur le long terme.

Commentaires du rédacteur

Les études recensées étant surtout basées sur des modèles prédictifs, elles ne tiennent pas compte des facteurs socioculturels qui influencent l’acceptabilité sociale des changements alimentaires proposés. L’impact réel des mesures proposées sur les changements climatiques reste à valider, mais il est tout de même intéressant de savoir que les recommandations véhiculées pour l’amélioration de la santé de la population abondent dans le même sens que celles visant à réduire l’impact environnemental de l’alimentation.

Kowalsky, T.O., Morilla Romero de la Osa, R., et Cerrillo, I. (2022) « Sustainable Diets as Tools to Harmonize the Health of Individuals, Communities and the Planet: A Systematic Review ». Nutrients, 14(5):928. https://doi.org/10.3390/nu14050928.

Environnement socioculturel

Bilan sur le marketing alimentaire auprès des enfants et des adolescents au Canada

Contexte

N’ayant pas les capacités cognitives pour comprendre l’intention du marketing, les jeunes sont vulnérables à ces techniques de persuasion. De surcroît, les produits commercialisés auprès des jeunes ont généralement une moins bonne valeur nutritive. Ainsi, plusieurs instances de santé publique recommandent de réglementer le marketing alimentaire auprès des jeunes. Au Canada, le marketing alimentaire est autoréglementé, alors qu’au Québec, la Loi sur la protection du consommateur l’interdit auprès des enfants de moins de 13 ans.

Objectif

Cet examen de la portée a pour objectif d’évaluer la fréquence (exposition potentielle) et l’exposition réelle au marketing alimentaire auprès des enfants et des adolescents au Canada en fonction des différents médias ou contextes et de la population cible.

Ce qu’on y apprend

Parmi les 35 études extraites des 32 articles publiés de 2016 à 2021 qui sont inclus dans cet examen de la portée, 27 portaient sur la fréquence du marketing alimentaire alors que 8 s’intéressaient à son exposition réelle. La majorité des études ont été menées en Ontario ou au Québec.

Les médias ou contextes recensés sont : la télévision, les médias numériques (p. ex. site web), les emballages, l’école, le cinéma, les milieux sportifs, les restaurants, les fêtes ou autres événements, à l’extérieur (p. ex. panneaux d’affichage, abribus), et les formats imprimés. La télévision, les médias numériques et les emballages sont les médias et contextes les plus étudiés.

Parmi les études recensées, les enfants (6 à 12 ans) ont été évalués dans tous les médias et contextes. Pour les enfants d’âge préscolaire (jusqu’à 5 ans) et les adolescents (13 à 17 ans), un manque de données probantes a été noté à la suite de cet examen de la portée puisque ceux-ci étaient peu ou pas représentés dans certains des médias et contextes.

Malgré les résultats obtenus, les données probantes demeurent limitées puisqu’il manque de travaux de recherche portant sur le marketing alimentaire auprès des jeunes en fonction des différents médias ou contextes, de l’âge, de la situation géographique, du sexe/genre, du groupe ethnique ou du statut socio-économique. Enfin, les auteurs soulignent que le marketing alimentaire auprès des jeunes est répandu et persiste malgré les politiques en vigueur au Canada, et qu’il est nécessaire de suivre de façon continue l’exposition des jeunes à ce type de pratique.

Commentaires du rédacteur

Les résultats de cet examen de la portée soulèvent plusieurs pistes de recherche possibles. Comme les auteurs le soulignent, il est important d’avoir un portrait plus juste de la fréquence et de l’exposition au marketing alimentaire auprès des jeunes dans le contexte où le gouvernement fédéral a énoncé le souhait d’introduire de nouvelles restrictions sur le marketing alimentaire auprès des jeunes au Canada. De plus, la loi qui est en vigueur au Québec est considérée comme un modèle à suivre ailleurs au Canada et dans le monde. Il importe donc d’évaluer son application et son efficacité. Actuellement, force est de constater que le marketing alimentaire auprès des enfants semble persister malgré cette loi.

Potvin Kent, M., F. Hatoum, D. Wu, L. Remedios et M. Bagnato (2022). « Benchmarking unhealthy food marketing to children and adolescents in Canada: a scoping review », Health Promotion and Chronic Disease Prevention in Canada: Research, Policy and Practice, vol. 42, n° 8, p. 307 318. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.8.01f.


Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique, veuillez contacter Julie Maltais-Giguère à [email protected]

Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/saine-alimentation-mode-vie-actif/veille-scientifique

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)

Rédacteurs

Amélie Bergeron
Camilla Chiari
Gabrielle Durette
Joanie Lefebvre
Julie Maltais-Giguère
Marie-Claude Paquette
Maryse Caron

Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Sous la supervision de
Caroline Delisle
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Révision linguistique
Marie-Cloé Lépine
Direction du développement des individus et des communautés

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