Évaluation des effets d'une formation en ligne sur le counseling en abandon du tabac des inhalothérapeutes
En 2004, le ministère de la Santé et des Services sociaux confiait à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) le mandat d’élaborer conjointement avec six ordres professionnels québécois (Collège des médecins, Ordre des pharmaciens, Ordre des dentistes, Ordre des hygiénistes dentaires, Ordre des infirmières et infirmiers, Ordre professionnel des inhalothérapeutes) un projet visant à optimiser les pratiques de counseling en abandon du tabac de leurs membres. Inscrite dans le cadre du Plan québécois de lutte contre le tabagisme (2001-2005/2006-2010), cette demande faisait partie d’une initiative pour inciter les fumeurs à cesser de fumer et les soutenir dans une démarche de renoncement au tabac : campagnes médiatiques, Défi J’arrête, j’y gagne, couverture d’aides pharmacologiques à l’arrêt tabagique par les régimes publics et privés d’assurance-médicaments et mise en place de services j’Arrête (ligne téléphonique, site Internet, consultation individuelle ou de groupe dans les centres d’abandon du tabagisme) (Tremblay & Roy, 2013). Au cours des années 2005-2012, quelque 75 activités différentes ont été développées par les ordres professionnels visés, avec le soutien scientifique de l’INSPQ (Tremblay & Poirier, 2011).
Les inhalothérapeutes comptent parmi leur clientèle une part importante de fumeurs, puisqu’ils offrent des soins à des patients atteints de maladies respiratoires comme l’asthme, la bronchite chronique, l’emphysème, ou le cancer du poumon. Or, ces maladies sont toutes hautement associées à l’usage de tabac, ce qui explique probablement pourquoi ces professionnels considèrent qu’ils ont un rôle très important à jouer auprès de leurs patients fumeurs (Boone, 2013).
Toutefois, ils se sentent peu outillés pour le faire et leur manque de connaissances sur le counseling est un facteur qui les limiterait dans leurs interventions (Tremblay et coll., 2006). Selon une étude menée en 2005 auprès d’un échantillon aléatoire d’inhalothérapeutes québécois, la perception de compétences à intervenir, la connaissance des ressources pour arrêter de fumer et la formation seraient associées à de meilleures pratiques de counseling auprès de fumeurs qui se préparent à cesser de fumer (Tremblay et coll., 2009).
Les principaux objectifs de cette étude réalisée auprès d'inhalothérapeutes étaient de mesurer les effets d'une formation en ligne sur l'acquisition de connaissances, le sentiment d'avoir les compétences et les connaissances nécessaires pour intervenir auprès des fumeurs et les pratiques de counseling en abandon du tabac. Les résultats démontrent qu'après avoir suivi la formation, les participants ont de meilleures connaissances sur le tabagisme et sur les éléments d'une intervention efficace, ils se sentent plus compétents à intervenir, et ils rapportent intervenir auprès d'un plus grand nombre de patients, soit en moyenne une personne de plus sur 10.
Les formations en ligne démontrées efficaces pour améliorer les connaissances, les attitudes et les perceptions de compétences comportent plusieurs éléments communs avec la formation en ligne offerte par l'OPIQ aux inhalothérapeutes, dont des présentations PowerPoint narrées et des illustrations d'interactions professionnelpatient en contexte clinique (Carpenter et coll., 2012; Pederson et coll., 2006; Schmelz et coll., 2010). Les formations en ligne qui visent l'amélioration d'une pratique relationnelle, telle que le counseling en abandon du tabac, et qui démontrent des résultats positifs incluent habituellement des éléments interactifs (Carpenter et coll., 2012; McLoed et coll., 2013; Mitchell et coll., 2013; Pederson et coll., 2006; Schmelz et coll., 2010; Sears et coll., 2008; Shafer et coll., 2004; Weingardt et coll., 2009). Les plus courants sont des extraits audios ou vidéos et des liens vers des ressources complémentaires, mais certaines formations comprennent de la supervision individuelle offerte par des experts, en personne ou à distance.