Évaluation et gestion du risque

Microbiologie des eaux souterraines utilisées comme source d’eau potable

L’eau souterraine a toujours été une source importante d’approvisionnement en eau potable pour les populations. Jusqu’au XXe siècle, les effets potentiels de la consommation de ces eaux sur la santé étaient peu connus, d’autant plus qu’elles étaient réputées être plus sûres que les eaux de surface. Le risque de contamination associé à la profondeur du puits était toutefois considéré, les puits peu profonds étant reconnus comme une source d’eau moins fiable nécessitant souvent une forme minimale de traitement, telle la désinfection au chlore. De leur côté, les puits plus profonds étaient traditionnellement considérés plus sûrs pour la consommation humaine et ce, sans qu’ils ne requièrent un quelconque traitement. On supposait alors que la filtration s’effectuant de façon naturelle par le sol ainsi que l’imperméabilité de certaines formations géologiques étaient suffisantes pour assurer une eau d’excellente qualité. Or, plusieurs études portant sur des épidémies causées par des infections bactériennes ou virales associées à la consommation d’eau souterraine non traitée ont par la suite suggéré que ce n’était pas toujours le cas. Notons qu'au Canada, environ 30 % de la population (soit 9 millions de Canadiens) est approvisionnée par de l’eau souterraine tandis qu’au Québec, cette proportion est d’environ 18 %.

Le présent article traite des réglementations québécoise et américaine sur les eaux souterraines sur le plan microbiologique, du transport, des sources ainsi que des types de microorganismes. Quelques éclosions de maladies d’origine hydrique associées à la consommation d’eau souterraine contaminée sont également présentées. Finalement, les options existantes pour assurer la protection des sources d’eau souterraine sont abordées.

La gestion des risques en santé publique – Cadre de référence québécois

La santé publique est confrontée de plus en plus fréquemment à des situations impliquant une gestion des risques, souvent complexes, empreints d’incertitudes et controversés. Face à de telles situations et en absence de cadre de référence précis, le réseau québécois de la santé publique a réagi au cours des années de façon très variable. Dans ce contexte, une harmonisation des pratiques de gestion du risque dans le réseau devient de plus en plus indispensable.

Le présent cadre de référence est issu des travaux d’un comité pluridisciplinaire de l’Institut national de santé publique du Québec. Il jette les bases à l’atteinte d’une plus grande cohérence, tant interrégionale qu’interdisciplinaire, dans les pratiques de gestion des risques pour la santé. Son contenu est assez général pour s’appliquer à un large éventail de situations et à toutes les disciplines concernées.

Il s’adresse à toutes les personnes concernées par la gestion des risques dans le réseau québécois de la santé et constitue un guide pour les décideurs et les professionnels du réseau quant à la façon de gérer les risques pour la santé et de prendre des décisions éclairées relatives à ces risques. Cet article aborde les deux composantes du cadre soit le processus de gestion des risques et les principes directeurs guidant et encadrant la conduite dans la démarche de gestion des risques. Quelques exemples concrets tirés d’expériences vécues en santé environnementale illustrent ces principes directeurs.

 

Exposition au bois traité à l’arséniate de cuivre chromaté

Certains organismes, dont l’Agence canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) et l’Agence américaine de protection de l’environnement (US EPA), sont conscients des inquiétudes du public en rapport avec les dangers potentiels associés à l’utilisation de bois traité sous pression avec de l’arséniate de cuivre chromaté (ACC). Plus particulièrement, l’utilisation de ces matériaux dans les aires de jeux, près des piscines ou sur les patios pourrait favoriser l’exposition des jeunes enfants à l'ACC. En effet, ceux-ci pourraient être exposés soit par un contact cutané direct avec le bois traité et/ou avec le sol adjacent à ces structures, soit par l’ingestion des résidus présents dans le bois et/ou dans le sol. Les enfants sont particulièrement ciblés en raison de leur modèle de comportement particulier. En effet, ils ont souvent tendance à porter les mains à la bouche. Or, les études rapportent que l’exposition à l’arsenic est clairement associée à l’apparition de certains types de cancers notamment de la peau, de la vessie, du poumon et du rein.

En raison des craintes exprimées, l'ARLA et le US EPA ont entrepris un processus d’évaluation de l’exposition et des risques associés à l’utilisation des pièces de bois traité à l’ACC dans les aires de jeux. Pour effectuer une telle évaluation, il était primordial de faire une revue aussi complète que possible des études scientifiques existantes. À cet effet, le US EPA vient de terminer la réévaluation toxicologique de deux des composants inorganiques de l’ACC, soit l’arsenic et le chrome.

Conditions de logement et santé publique dans la région métropolitaine

Depuis une vingtaine d’années, à Montréal comme dans l’ensemble de l’Amérique du Nord et en Europe, de nombreuses recherches scientifiques font état d’une hausse des cas d’asthme. Dans la région de Montréal, le nombre d’enfants asthmatiques âgés entre 3 et 7 ans a augmenté de 72 % au cours des quinze dernières années. Les États-Unis sont tout aussi concernés par cette vague de problèmes respiratoires puisque selon l’Association pulmonaire américaine, l’asthme infantile est responsable de 10 % des journées d’écoles perdues par an, ce qui en fait la première cause d’absentéisme scolaire pour une maladie chronique.

Attentive à l’ampleur de ce problème de santé dans la population et en réponse à des demandes sans cesse croissantes, la Direction de la santé publique de Montréal-Centre développe, depuis quelques années, une approche de santé publique visant une action concertée pour agir sur la qualité de l’air, tant extérieur qu’intérieur, principal déterminant des problèmes d’asthme.

Une programmation ciblant la qualité de l’air extérieur est déjà en cours. À celle-ci se greffe maintenant des interventions touchant la qualité de l’air intérieur incluant l’ensemble des conditions de salubrité des logements, plusieurs chercheurs identifiant les conditions des logements insalubres comme un des facteurs importants du développement de l’asthme et des problèmes respiratoires.

Cet article fait une synthèse des connaissances actuelles sur les impacts santé associés aux conditions de logements, en particulier sur le développement de l’asthme et les autres problèmes respiratoires. Certains autres problèmes de santé moins spécifiques, mais associés à des mauvaises conditions de logement, sont également décrits.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques : exposition et risques dans la population générale

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) représentent un groupe de contaminants de l’environ­nement reconnus prioritaires au Canada. Ils contiennent au moins deux noyaux benzéniques fusionnés et ne sont formés que de carbone et d’hydrogène. Les HAP proviennent principalement des processus de pyrolyse et en particulier de la combustion incomplète de la matière organique. Ils sont également des constituants naturels des huiles de coupe et de plusieurs autres produits pétrochimiques. Dans l’environnement, ils se retrouvent sous forme de mélanges complexes.

La population générale est exposée aux HAP principalement par l’ingestion de nourriture (en particulier les viandes ou aliments fumés, frits ou cuits sur charbon de bois) et par l’inhalation de fumée de tabac. Les patients psoriasiques se traitant avec des onguents ou des shampoings à base de goudron de houille sont également exposés à des doses particulièrement importantes de HAP. La contribution de l’air ambiant peut toutefois devenir significative dans les régions industrielles ou dans des secteurs où la circulation automobile est importante. Les sources de HAP dans l’air intérieur, telles que la combustion du bois, du gaz ou du charbon, peuvent également contribuer de façon significative à l’exposition globale aux HAP. Il est à noter que les niveaux d’exposition de la population sont estimés être de 100 à 1 000 fois inférieurs à ceux observés en milieu de travail.

Plus de 1000 HAP sont susceptibles d’être rencontrés dans l’environnement. De ce nombre, 26 HAP représentant plus de 90-95 % de la somme des HAP des mélanges sont utilisés pour établir le profil général de ces contaminants. Douze d’entre eux ont été classés comme cancérogènes probables ou possibles chez l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Plusieurs mélanges de HAP en milieux de travail ont été également classés comme cancérogènes chez l’humain, leur association avec le cancer du poumon et le cancer de la vessie ayant été démontrée.

Consensus sur l’évaluation et la gestion des risques associés à l’exposition aux champs électrique et magnétique provenant des lignes électriques

Face aux inquiétudes liées au risque potentiel associé aux champs électrique et magnétique émis par les lignes à haute tension, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a demandé à la fin de l’année 1998, la création d’un groupe de travail provincial issu du réseau de la santé afin de dresser l’état de situation de cette problématique. Le rapport de ce groupe a été déposé en mai dernier au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Cet article présente la conclusion et les recommandations issues de cette démarche.

Le mandat du groupe de travail était de mettre à jour l’information scientifique sur les risques associés aux champs électromagnétiques émis par les lignes à haute tension; 1) tirer une conclusion sur ces risques en fonction de l’état actuel des connaissances scientifiques; 2) décider de la pertinence de recommander des niveaux-limites d’exposition aux champs électromagnétiques (CEM) d’extrêmes basses fréquences générés par les lignes à haute tension, en tenant compte des autres sources d’émission de ces types de champs et enfin; 3) préciser les scénarios de gestion prudente qui devraient faire l’objet d’une évaluation approfondie.