Pertinence de l'introduction du vaccin méningococcique conjugué dans le calendrier régulier d'immunisation au Québec
Au début de l’année 2001, une recrudescence des infections causées par une souche virulente de méningocoque de groupe C a été observée au Québec. Cette situation a amené les autorités de santé publique à mettre sur pied une campagne d’immunisation visant l’ensemble des Québécois âgés de vingt ans ou moins. Un nouveau vaccin conjugué a été utilisé. La campagne a débuté au mois de septembre 2001 et s’est terminée au début de l’année 2002. Des estimations provisoires font état d’un taux de couverture de la population cible de l’ordre de 82 %.
Suite à cette campagne, se pose la question de l’introduction du vaccin méningococcique C conjugué (VMCC) dans le calendrier régulier d’immunisation des enfants au Québec. Si une telle décision devait être prise, il s’agirait également de décider du moment idéal pour débuter un tel programme, du choix du vaccin, du nombre de doses à administrer et de l’âge recommandé pour la vaccination. Pour aider les autorités de santé publique à prendre une décision éclairée, une série de points seront discutés, incluant les caractéristiques de la maladie et des vaccins, les stratégies d’immunisation possibles et leurs indices coûtefficacité, l’acceptabilité d’un nouveau programme et sa faisabilité, la façon d’évaluer le programme et les recherches nécessaires et finalement, les questions sociopolitiques soulevées par une telle décision.
Le VMCC est un vaccin sécuritaire et d'une grande efficacité à court terme. Il n'existe pas encore de données sur l'efficacité à long terme, mais les résultats des études d'immunogénicité démontrent qu'une mémoire immunitaire est induite chez la plupart des individus avec une dose de vaccin et qu'une protection à long terme est très plausible. Des recherches sont encore nécessaires pour confirmer cette hypothèse. Un programme d'immunisation comportant une seule dose, donnée à l'âge de 12 mois, est celui qui procure un maximum de bénéfices pour un coût raisonnable. Le bénéfice additionnel d'un programme à trois doses, débutant à l'âge de 2 mois, est faible, surtout en situation endémique, et le ratio coût-bénéfice incrémental est très défavorable. Une stratégie attentiste peut paraître attrayante à première vue, mais est pleine d'embûches et moins rentable qu'une stratégie d'immunisation de routine dans la plupart des scénarios. Une stratégie d’immunisation de routine est la seule qui permette de se fixer un objectif de réduction globale d’incidence des IIMC et d’atténuation de l’ampleur des recrudescences. L'implantation d'un programme d'immunisation de routine ne devrait pas poser de gros problèmes et est une telle intervention est reconnue comme prioritaire par la population.