Effets des interventions de restriction de l’accès aux moyens en prévention du suicide
Faits saillants
Le suicide représente un enjeu de santé publique important au Québec qui a des conséquences pour les individus, les familles et les communautés. Il s’agit d’une cause de mortalité évitable relevant de facteurs complexes et multiples qui peuvent être modifiés par des interventions populationnelles. À cet effet, la restriction de l’accès aux moyens utilisés pour s’enlever la vie est une des interventions recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour prévenir le suicide. Elle est d’ailleurs intégrée à la Stratégie nationale de prévention du suicide 2022-2026 du Québec.
La présente synthèse des connaissances vise à identifier l’efficacité des interventions de restriction de l’accès aux moyens les plus souvent utilisés pour s’enlever la vie au Québec à l’exception des armes à feu et à considérer le risque de substitution (utilisation d’un autre moyen ou d’un autre lieu pour s’enlever la vie). Elle s’appuie sur une revue de douze revues systématiques publiées dans les dix dernières années. Les pratiques repérées sont en lien avec les sauts d’un lieu élevé ou devant un objet en mouvement (p. ex. un métro ou un train), les intoxications de nature diverses et les suicides sur la route. Aucune intervention de restriction de l’accès à certains autres moyens fréquemment utilisés tels que la pendaison dans la population générale, les noyades volontaires et l’utilisation d’outils tranchants n’a été identifiée dans la littérature analysée.
Les principaux résultats qui se dégagent de l’analyse indiquent que :
- Les interventions de restriction de l’accès sont efficaces pour prévenir les décès par saut d’un lieu élevé et les décès par intoxications.
- Le phénomène de substitution, soit le recours à un autre moyen ou le transfert vers un autre lieu, est peu étudié. Lorsque c’est le cas, il serait faible ou plutôt attribuable à des tendances sociales et historiques, entre autres l’accès à de nouveaux moyens pour s’enlever la vie.
- Globalement, les interventions de restriction recensées permettent d’agir sur l’environnement physique, par l’ajout de structures (p. ex. une barrière, un lieu d’entreposage) et sur l’environnement législatif ou réglementaire (p. ex. la composition des substances). Elles témoignent aussi de la possibilité d’agir sur l’environnement social (p. ex. l’installation de téléphone de crise, la présence de patrouilles).
L’absence de revues systématiques s’attardant aux interventions de restriction de moyens fréquemment utilisés ou celles relatives à des enjeux émergents rappelle l’importance d’adopter une stratégie de prévention du suicide qui inclut un ensemble d’actions préventives complémentaires permettant d’intervenir sur les facteurs de risque et de protection individuels, communautaires et sociétaux, tout en s’assurant de soutenir la création d’environnements favorables à la santé et la santé mentale. Une veille scientifique sur les enjeux émergents comme le partage d’information sur Internet en lien avec les moyens pour s’enlever la vie s’avère aussi nécessaire.