Syndrome de sensibilité chimique multiple, une approche intégrative pour identifier les mécanismes physiopathologiques

Le syndrome de sensibilité chimique multiple (SCM) est un trouble chronique, caractérisé par de multiples symptômes récurrents non spécifiques, provoqués ou exacerbés lors d’une exposition à des odeurs présentes dans l’environnement à de faibles concentrations, des concentrations qui sont tolérées par la majorité des gens.

Chez les personnes touchées de façon plus sévère, cette atteinte chronique affecte le fonctionnement normal au quotidien et produit des invalidités sociales et professionnelles.

Les diverses enquêtes épidémiologiques montrent un large éventail de la prévalence de la SCM dans la population générale, variant de 0,5 à 3 %, lorsque ce trouble est diagnostiqué par un médecin. Cette prévalence peut atteindre 32 % pour les cas autodéclarés.

Au Canada, le nombre de consultations médicales des personnes atteintes du syndrome de sensibilité chimique multiple (SCM) est largement supérieur à celui d’une population comparable.

Dans ce contexte, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a confié à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) le mandat de produire un avis scientifique portant sur l’état des connaissances au sujet des divers aspects scientifiques et médicaux de la SCM.

Une analyse exhaustive de plus de 4 000 articles de la littérature scientifique en a découlé et a permis de dégager les constats suivants :

  • Depuis les années 2000, les avancées réalisées en neurosciences et dans les techniques de mesure des paramètres biologiques et de l’imagerie cérébrale fonctionnelle ont apporté de nouveaux éléments permettant de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques de la SCM. Ces avancées confirment que le psychique est absolument indissociable du biologique et du social.
  • Les personnes atteintes voient les odeurs comme une menace à leur santé, et la détection de celles-ci provoque chez ces personnes des symptômes de stress aigu, qui se manifestent par des malaises qu’elles attribuent aux produits chimiques associés à l’odeur.
  • Cette cascade de réactions provoque et maintient des altérations biologiques du fonctionnement normal de l’organisme dans les systèmes immunitaire, endocrinien et nerveux.
  • Le système nerveux est altéré principalement dans les structures du système limbique impliqué dans l’émotion, l’apprentissage et la mémoire.
  • L’ensemble des altérations observées explique la chronicité et la polysymptomatologie rapportées par les personnes atteintes de SCM : altération de l’humeur et des fonctions cognitives, troubles du sommeil, fatigue, perte de motivation et anhédonie. Cela rend aussi ces personnes vulnérables au développement de différents problèmes de santé physique et psychologique.
  • Ces altérations ne sont pas propres au syndrome SCM. Elles sont rapportées dans la fatigue chronique, le syndrome de stress post-traumatique, l’électrosensibilité, la fibromyalgie, la dépression, les troubles de somatisation, les troubles phobiques et le trouble panique. Tous ces troubles ont en commun la présence d’anxiété chronique.
  • L’anxiété chronique permet d’expliquer l’ensemble des symptômes du syndrome SCM. Les mêmes altérations et dysfonctionnements y sont trouvés et mesurés.
  • À la longue, la répétition presque inévitable de ces épisodes de stress aigu entraîne chez les personnes atteintes le développement d’une neuroinflammation, d’un stress oxydant et, conséquemment, une anxiété chronique.
  • Sur la base de ces nouvelles connaissances, les auteurs du présent avis invalident l’hypothèse d’une association entre la SCM et la toxicité des produits chimiques aux concentrations habituelles. Cependant, les perturbations biologiques chroniques observées, la sévérité des symptômes ressentis, les impacts sociaux et professionnels en résultant pour les personnes atteintes et la forte prévalence du syndrome SCM en font un réel enjeu de santé.
  • Puisque les personnes atteintes de SCM sont, à des degrés divers, réellement souffrantes et que leur état nécessiterait un soutien médical et social approprié, les auteurs du rapport proposent que des centres d’expertise spécialisés dans le syndrome SCM soient mis en place et qu’une veille scientifique se poursuive.
  • Le présent avis scientifique s’adresse aux médecins et aux professionnels de la santé susceptibles d’être consultés pour des situations impliquant des cas de SCM, aux chercheurs dans ce domaine ainsi qu’aux patients et leurs proches.

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Notice Santécom

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