Interventions en matière de cessation tabagique : description, efficacité, impact, coûts estimés pour le Québec

Les effets du tabagisme sur la santé sont connus depuis plus de quarante ans et cette consommation des produits du tabac constitue sans contredit la plus grande cause évitable de problèmes de santé. Chaque année, environ 12 000 Québécois meurent de maladies reliées à leurs habitudes tabagiques. Bien que les effets de l’usage du tabac sur la santé soient assez bien connus de la population québécoise, la prévalence du tabagisme au Québec, chez les personnes âgées de 15 ans et plus, s’élevait encore à 28 % en 2000, représentant environ 1,7 million de personnes.

Depuis 1994, le tabagisme est identifié au Québec comme une priorité d’intervention. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a d'ailleurs publié plusieurs documents d'orientation identifiant les interventions à mettre de l’avant pour prévenir le tabagisme, favoriser la cessation et protéger la santé des non-fumeurs : le Plan d’action de lutte au tabagisme (1994), les Priorités nationales de santé publique 1997-2002 (1997), le Programme québécois de lutte contre le cancer (1997). De plus, le travail des organismes engagés dans la lutte contre le tabagisme a conduit à l'adoption en 1998 de la Loi sur le tabac.

Le présent document a pour objectif de fournir une vue d’ensemble des interventions en matière de cessation tabagique ayant fait l’objet d’une évaluation afin d’en comparer leur efficacité relative et leurs coûts.

Principaux constats :

  • le counselling individuel par les médecins accompagné ou non d'une pharmacothérapie est l'intervention qui a le potentiel le plus élevé pouvant générer un peu plus de 37 000 ex-fumeurs au cours d'une année;
  • les interventions de counselling minimal ou de faible intensité par les médecins ne comportent pas de coûts supplémentaires, car nous avons considéré que les coûts rattachés à ces interventions étaient déjà inclus dans le cadre de la visite médicale;
  • les interventions de counselling individuel d'intensité élevée sont celles qui sont le plus efficaces, mais elles ont un impact populationnel moindre (près de 11 000 ex-fumeurs) que les counsellings minimal et de faible intensité regroupés (près de 20 000 exfumeurs);
  • l'augmentation de 10 % du prix des cigarettes est une mesure qui pourrait résulter en presque 34 000 ex-fumeurs; l'application du Chapitre II de la Loi sur le tabac est une mesure très efficace, avec un impact potentiel de près de 25 000 ex-fumeurs. Cet impact se produit probablement lors de l'implantation de la mesure et non pas de façon répétée;
  • les concours de type « Quit and Win », bien qu'ils ne génèrent pas un aussi grand nombre d'ex-fumeurs que d'autres interventions, ont un ratio coût par ex-fumeur très faible;
  • le counselling de groupe est une intervention efficace, bien que peu de fumeurs s'inscrivent dans une telle démarche;
  • 870 fumeurs hospitalisés pourraient cesser de fumer à chaque année grâce à une intervention de counselling téléphonique proactif; les coûts par ex-fumeurs sont toutefois plus élevés que pour les autres interventions;
  • le service d'information et référence, un service complémentaire à d'autres mesures comme les concours de cessation, pourrait générer près de 600 ex-fumeurs par année;
  • la seule distribution de matériel autodidacte n'a pas démontré d'efficacité; l'accès à un site Internet pour fumeurs désireux de cesser de fumer n'a jamais été évalué. Il serait intéressant de pouvoir vérifier l'efficacité de ce type de service;
  • les femmes enceintes constituent un groupe prioritaire auquel il est impératif d'offrir des services intensifs d'aide à la cessation;
  • il existe peu d'études robustes sur l'efficacité des programmes de cessation chez les jeunes et plusieurs experts du domaine recommandent de prioriser la recherche chez ce groupe.
Sujet(s)
Tabac
ISBN (imprimé)
2-550-38539-X
Notice Santécom
Date de publication