Étude d'impact stratégique du plan d'intervention gouvernemental de protection de la santé publique contre le virus du Nil occidental : rapport sectoriel 3 : revue des mesures de prévention et de protection contre le virus du Nil occidental

Les mesures de prévention et de lutte anti-vectorielle qui permettent d'assurer la protection de la santé publique contre le VNO sont nombreuses et diversifiées. Le présent rapport présente les principaux éléments qui composent ces mesures de prévention et de protection à savoir la protection personnelle, l'aménagement d'habitats favorables à la reproduction des moustiques, les alternatives biologiques de même que les approches de traitements à l'aide de larvicides et d'adulticides.

Au moment de la rédaction du présent document l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) autorise l'utilisation de cinq ingrédients actifs pouvant être appliqués chez l'humain comme moyen de protection personnelle. Il s'agit de l'huile de soya, de l'huile de lavande, de l'huile de citronnelle, du p-menthane-3,8-diol et du DEET. Ces ingrédients actifs se retrouvent dans une multitude de produits insectifuges qui sont disponibles sur le marché canadien et conçus pour prévenir les piqures d'insectes chez les humains et les animaux. La durée de protection varie grandement selon l'ingrédient actif qui est utilisé. Ces produits sont jugés sécuritaires lorsqu'ils sont utilisés conformément aux instructions qui figurent sur l'étiquette.

En ce qui concerne les insecticides domestiques disponibles sur le marché, leur efficacité dans le contrôle des moustiques s'avère généralement plutôt restreinte. En effet, l'efficacité de plusieurs produits destinés pour usage extérieur peut se voir limitée notamment par la présence de vents légers (ex. : aérosols manuels, brumisateurs, spirales, chandelles à la citronnelle). Quant aux produits destinés pour un usage intérieur (ex. : aérosols manuels, aérosols avec pulvérisateurs à piles), ils peuvent s'avérer efficaces pour se débarrasser des insectes piqueurs. Toutefois, la prudence est de rigueur afin de s'exposer le moins possible aux vapeurs d'insecticides émises.

Toujours dans le cadre des mesures de protection personnelle, une recension des alternatives technologiques (c'est-à-dire les procédés, méthodes et appareils qui fournissent une protection contre les piqures de moustiques ou qui permettent de réduire leurs populations par leur capture, leur destruction ou par le fait de les éloigner des humains) a été complétée. Des alternatives étudiées dans ce chapitre, les pièges attractifs apparaissent comme étant les plus intéressants en raison de leur efficacité pour capturer des moustiques et de leur innocuité pour l'environnement et la santé humaine. Cependant, il a été démontré qu'une personne attirait beaucoup plus de moustiques que ces pièges. De plus, les coûts d'achat, d'utilisation et d'entretien de ces appareils laissent supposer que peu de gens s'en serviraient quotidiennement pour réduire les populations de moustiques autour de leur maison.

L'utilisation d'un chasse-moustiques (insectifuge), le port de vêtements longs et de couleurs claires, et la prudence lors des activités extérieures à l'aube et au crépuscule sont au nombre des mesures de protection personnelle relatives aux habitudes de vie. Malgré le fait qu'elles soient relativement simples et accessibles à tous, peu de gens les appliquent. L'aménagement et l'entretien du milieu environnant afin d'éliminer les gites de reproduction des moustiques sont également recommandés par les autorités de santé publique. À la lueur des informations disponibles, il semble qu'en général ces stratégies, lorsque bien utilisées, démontrent un certain degré de protection contre les piqures de moustiques.

Les recherches effectuées en matière d'aménagement des habitats favorables à la reproduction des moustiques vecteurs du VNO ont permis de mettre en évidence que les méthodes modifiant physiquement les gites naturels ne s'appliquent pas au contexte québécois en raison des conditions climatiques et de la législation stricte entourant la protection et la conservation des écosystèmes aquatiques. L'aménagement physique des milieux artificiels les plus propices à la reproduction des espèces de moustiques vecteurs du VNO au Québec, en particulier lorsque ces gites artificiels sont situés à proximité des habitations humaines, peut être un moyen complémentaire aux autres mesures d'intervention pour limiter le risque de transmission du VNO. C'est le cas notamment des aménagements pouvant être apportés aux réseaux d'égout pluviaux et aux puisards, aux sites de dépôt à neige et aux sites de dépôt de pneus usagés de manière à limiter l'accumulation d'eau stagnante. Des travaux de recherche devraient être effectués en ce sens. Pour ce qui est de l'aménagement des sites d'entreposage de pneus hors d'usage, la mise en ballots des pneus hors d'usage a déjà démontré son efficacité.

La recherche montre que l'usage de prédateurs naturels est peu pertinent pour le contrôle des moustiques. L'efficacité des oiseaux insectivores et des chauves-souris est limitée en raison de leurs habitudes alimentaires et les conditions québécoises ne sont pas propices à l'utilisation de poissons prédateurs, d'autant plus que leur introduction affecterait la biodiversité des écosystèmes aquatiques. L'efficacité des insectes aquatiques prédateurs n'a par ailleurs jamais été démontrée. Différentes espèces de parasites pourraient être efficaces contre les moustiques aux stades larvaire ou adulte, mais plusieurs paramètres contraignent leur utilisation. Des efforts importants de recherche ont aussi été déployés dans les dernières années afin de trouver des microorganismes pathogènes en vue de contrôler les moustiques. Certains champignons présenteraient un potentiel comme agents de lutte biologique pour les moustiques. Selon la littérature consultée, aucun virus ne semble cependant être efficace pour le contrôle des moustiques. Aucun vaccin n'est présentement disponible pour prévenir les infections au VNO chez les humains, mais des recherches portant sur les anticorps monoclonaux semblent prometteuses.

Parmi les insecticides actuellement homologués au Canada pour le contrôle des larves de moustiques vecteurs, le Bacillus thuringiensis var. israelensis et le Bacillus sphaericus (deux larvicides biologiques) et le méthoprène (un larvicide chimique), s'avèrent ceux étant les plus efficaces et présentant la meilleure innocuité pour l'environnement et la santé humaine lorsqu'ils sont utilisés selon les recommandations du fabricant. Bien que le Bacillus sphaericus apparaisse à première vue comme étant un larvicide de choix dans la prévention de la transmission du VNO, des essais terrains récents ont révélé que son efficacité à long terme ne semble pas concluante dans les conditions climatiques québécoises.

Aucun traitement avec des adulticides n'a été utilisé jusqu'à maintenant en vue de lutter contre le VNO en territoire québécois. Toutefois, en tenant compte de la possible nécessité de recourir à des adulticides en cas d'épidémie, un portrait des différents produit disponibles a été dressé pour mieux connaître leur efficacité de même que leurs impacts potentiels sur la santé et l'environnement. Parmi les insecticides actuellement homologués au Canada pour le contrôle des moustiques adultes présentant la meilleure innocuité pour l'environnement et la santé humaine, lorsqu'ils sont utilisés conformément à l'étiquette, seul le malathion peut être appliqué par voie aérienne. Comme la resméthrine fait partie des produits disponibles pour des applications aériennes aux États-Unis et que plusieurs experts lui reconnaissent de nombreux avantages, elle a aussi été retenue afin de disposer des données requises pour une éventuelle demande d'homologation. Ceux homologués pour l'application par voie terrestre contiennent tous du malathion, des pyréthrines synergisées ou de la d-trans-alléthrine synergisée. La perméthrine est appliquée quant à elle en traitement barrière. Lorsque des traitements à l'aide de larvicides s'avèrent insuffisants et que le contrôle des moustiques adultes est considéré, les pulvérisations à ultra bas volume seraient toutefois favorisées. Tous les adulticides étudiés sont caractérisés par une action non systémique. Ils sont notamment toxiques pour les poissons et les invertébrés aquatiques ainsi que pour plusieurs insectes utiles dont les abeilles. De façon générale, lorsqu'ils sont appliqués selon les recommandations du fabricant, ils s'avèrent peu toxiques pour l'humain.

ISBN (électronique)
2-550-48133-X
ISBN (imprimé)
2-550-48132-1
Notice Santécom
Date de publication