Utilisation des immunoglobulines non spécifiques intraveineuses et sous-cutanées au Québec 2017-2018

Cette troisième publication sur l’utilisation des immunoglobulines (Ig) au Québec fait état de l’utilisation des Ig non spécifiques entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018 par les établissements de santé, selon les données saisies dans le système Trace Line en date du 8 août 2018. Trace Line est un système de base de données qui permet de documenter les transactions reliées aux activités des banques de sang et assure la traçabilité des produits. En 2017-2018, 29 établissements de santé, regroupant 86 installations, ont administré des Ig.

Comparaison des résultats

Ce troisième portrait de l’utilisation des Ig au Québec permet de constater une légère augmentation du nombre d’usagers ayant reçu des Ig, des quantités d’Ig administrées, ainsi que des quantités d’Ig administrées par usager (344,9; 356,2 et 358,0 grammes d’Ig par usager, de 2015-2016 à 2017-2018). Le Québec a utilisé en 2017-2018, 258,8 g d’Ig par 1 000 habitants, un taux beaucoup plus élevé que le taux moyen au Canada (184,9 g par 1 000 habitants, BC PBCO, 2017).

En ce qui concerne les indications pour lesquelles les Ig ont été administrées, bien que similaire à l’an passé, les quantités d’Ig administrées au Québec sont cependant un peu plus élevés que certaines données canadiennes ou celles d’autres pays. L’indication dominante demeure le déficit immunitaire primaire en ce qui concerne le nombre total de receveurs d’Ig, tandis que les plus importantes quantités d’Ig ont été administrées pour des indications neurologiques, la principale étant la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique.

Les principaux constats découlant de l’analyse des données 2017-2018 sont les suivants :

Profil des usagers receveurs d’Ig

  • 6 068 usagers ont reçu des Ig au cours de l’année (50,8 % sont des hommes et 49,2 % des femmes). Les adultes représentaient un peu plus de 87 % des usagers qui ont reçu des Ig, les enfants (âgés de 29 jours à 17 ans) représentaient 11,1 %, tandis que les nouveau-nés (0 à 28 jours) représentaient 1,3 %. La moyenne d’âge des receveurs était de 54 ans.
  • Parmi ces usagers, 87,5 % ont reçu exclusivement des immunoglobulines intraveineuses (IgIV), 10,6 % ont reçu exclusivement des immunoglobulines sous-cutanées (IgSC) et 1,8 % ont reçu des Ig sous les deux formes (IgIV et IgSC).
  • Plus du tiers des usagers ayant reçu des IgIV étaient âgés de 60 à 74 ans.
  • La plus grande proportion des receveurs d’IgSC (19,1 %) étaient âgés de 60 à 69 ans.

Quantités d’Ig administrées

  • Des 2 172 119 grammes d’Ig qui ont été administrés cette année au Québec, 91,4 % l’ont été sous forme IgIV et 8,6 % l’ont été sous forme IgSC. Privigen® est la préparation commerciale d’Ig qui a été la plus administrée; elle représente près de 40 % des quantités d’IgIV administrées (819 169 grammes), chez près du tiers des receveurs (2 487 usagers). Elle est suivie de Panzyga® avec 30,9 % des quantités d’IgIV administrées chez 34,0 % des receveurs.
  • Le groupe des 60 à 74 ans est celui ayant reçu les plus grandes quantités d’IgIV administrées au cours de l’année (le taux le plus élevé est observé chez les 65 à 69 ans).
  • Les usagers de 55 à 69 ans sont ceux qui ont reçu les plus grandes quantités d’IgSC au cours de l’année (le taux le plus élevé est observé chez les 65 à 69 ans).

Indications d’administration

  • Près de 40 % des usagers ont été traités avec des Ig pour une indication immunologique. Des usagers ont également reçu des Ig pour une indication neurologique (23,5 %), hématologique (19,6 %) ou pour d’autres indications (13,6 %). L’information était manquante pour 5,0 % des usagers.
    • Parmi les indications hématologiques, le purpura thrombocytopénique immunitaire est celle pour laquelle le plus grand nombre d’usagers ont reçu des Ig.
    • Parmi les indications immunologiques, le déficit immunitaire primaire est celle pour laquelle le plus grand nombre d’usagers ont reçu des Ig. Elle est suivie par le déficit immunitaire secondaire.
    • Parmi les indications neurologiques, la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique est celle pour laquelle le plus grand nombre d’usagers ont reçu des Ig. Elle est suivie de la myasthénie grave et du syndrome de Guillain-Barré.
  • Un peu plus de 40 % des Ig administrées l’ont été pour une indication neurologique et près de 30 % l’ont été pour une indication immunologique. Les indications hématologiques ont représenté 11,7 % de l’ensemble des Ig administrées.
    • Parmi les indications hématologiques, le purpura thrombocytopénique immunitaire se classe au premier rang en ce qui a trait aux quantités d’Ig administrées.
    • Parmi les indications immunologiques, c’est principalement pour traiter un déficit immunitaire primaire ou un déficit immunitaire secondaire que les Ig ont été administrées.
    • Parmi les indications neurologiques, la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique, la myasthénie grave et la dermatomyosite occupent les trois premiers rangs en ce qui concerne les quantités d’Ig administrées.

Globalement, le déficit immunitaire primaire constitue la condition médicale pour laquelle les lg ont été administrées au plus grand nombre de receveurs (14,7 % des receveurs d’Ig), alors que la polyneuropathie inflammatoire démyélinisante chronique constitue la condition médicale pour laquelle la plus grande quantité d’Ig a été administrée (17,6 % des Ig administrées, soit 636,4 grammes par usager).

Taux par habitant

Au cours de l’année 2017-2018, un taux de 259,0 grammes d’Ig par 1 000 habitants ont été administrés. Le taux de Québécois ayant reçu des Ig est de 72,3 receveurs par 100 000 habitants.

Limites des données

Les indications pour lesquelles les Ig ont été administrées sont imprécises pour 23,9 % des usagers et 14,9 % des Ig administrées. Les indications sont incomplètes pour 5,0 % des usagers et 6,1 % des Ig administrées.

Pistes d’actions

Comme le volume d’Ig administré ne cesse de croître, il est important de s’assurer de la pertinence de ce produit coûteux. Une sensibilisation et une mobilisation des médecins prescripteurs et de tout le personnel des banques de sang doivent être envisagées afin d’améliorer la saisie des indications pour lesquelles les Ig ont été administrées au Québec. Ceci permettra d’avoir un portrait plus juste de l’utilisation des immunoglobulines non spécifiques au Québec et ainsi proposer des pistes d’actions.

Utilisation des immunoglobulines non spécifiques intraveineuses et sous-cutanées au Québec 2017-2018
Sujet(s)
Hémovigilance
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-85931-4
Notice Santécom
Date de publication