Un système d’alerte en santé pour les vagues de froid au Québec

Chaque année, les vagues de froid entrainent la mort prématurée de plus d’une centaine de Canadiens

Une équipe de chercheurs de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a créé un premier modèle de système d’alerte pour les vagues de froid en relation avec la santé. Chaque année, les vagues de froid entrainent la mort prématurée de plus d’une centaine de Canadiennes et Canadiens.

« La mortalité ou les hospitalisations en excès causées par les vagues de froid sont des problèmes qui ne sont pas aussi bien connus que pour les vagues de chaleur, même si l’impact en hiver est élevé », constate Céline Campagna, co-chercheuse pour le projet et responsable du programme sur les changements climatiques et la santé de l’INSPQ.

«  Les vagues de froid peuvent affecter tout le monde, mais particulièrement les personnes atteintes de maladies chroniques, explique Pierre Gosselin, médecin-conseil à l’INSPQ et co-chercheur de l’étude connexe. Les données analysées indiquent une hausse des hospitalisations et de la mortalité par temps froid ou très froid.  »

Des seuils d’alerte

Grâce aux données historiques de mortalité et d’hospitalisation couplées aux données hydrométéorologiques, les chercheurs ont pu déterminer deux seuils de température au-deçà desquels une alerte serait déclenchée pour prévenir les professionnels de la santé.

  • Selon la région, les seuils de température reliés à une vague de froid de 2 jours entrainant un excès de mortalité de 25 % varient entre −15 °C et −23 °C le jour et entre −20 °C et −29 °C la nuit.
  • De façon similaire, les seuils de température reliés à une vague de froid de 2 jours entrainant un excès d’hospitalisation de 7 % varient entre −13 °C et −23 °C le jour et entre −17 °C, −30 °C la nuit.

Ces travaux, en collaboration avec les experts en modélisation des données hydrométéorologiques de l’INRS, vont permettre aux acteurs de santé publique de mieux surveiller les vagues de froid et mettre en œuvre des interventions adéquates pour prévenir ces mortalités ou hospitalisations évitables.

Lorsque le système sera opérationnel, il se basera sur les prévisions d’Environnement et Changements climatiques Canada, et tiendra compte de la fiabilité de ces prévisions. Le système d’alerte considère aussi l’effet de délai entre l’exposition et les impacts sanitaires observés.

L’INSPQ souhaite évaluer la pertinence, en collaboration avec ses partenaires en santé publique, d’intégrer ce modèle dans son Système de surveillance et de prévention des impacts sanitaires des évènements météorologiques extrêmes (SUPREME), une source d’information relative aux impacts sur la santé des évènements météorologiques extrêmes destinée aux directions de santé publique régionales.

À propos de l’étude

L’article « A cold-health watch and warning system, applied to the province of Quebec (Canada) » a été publié en novembre 2020 dans le journal Science of the Total Environment. Les chercheurs ont reçu un soutien financier du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), de MITACS et du consortium Ouranos. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.140188.

1 décembre 2020