Analyse des cas déclarés d'infection génitale à chlamydia trachomatis, d'infection gonococcique et de syphilis au Québec par année civile : 2001-2006

Au Québec, 15 040 cas d'infection génitale à Chlamydia trachomatis, d'infection gonococcique et de syphilis ont été déclarés en 2005.

Si les cas de granulome inguinal et de chancre mou restent très rares, le nombre de lymphogranulomatose vénérienne (LGV) est passé de quelques cas annuels, à 22 cas en 2005 et 47 cas en 2006. Tous touchent des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH) et 41 des 47 cas déclarés en 2006 ont été déclarés dans la région de Montréal.

Cette émergence touche aussi les hommes de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de l'Ontario.

Chlamydia
Avec 12 656 cas déclarés, cette infection compte pour 49,4 % des 25 611 cas de MADO déclarés en 2005.

Des cas sont déclarés dans chacune des 18 régions sociosanitaires du Québec. Le plus grand nombre de cas est déclaré par la région de Montréal (3 305 des 12 656 cas déclarés en 2005; 26,1 %) ce qui correspond, selon le recensement de 2001, au poids démographique de la région (25 %; 1 812 723/7 237 479).

Malgré la stabilité observée en 2005-2006, le taux d'incidence de l'infection par C. trachomatis a doublé entre 1997 et 2004. Il est actuellement d'environ 165 par 100 000.

Les jeunes de 15 à 24 ans restent les plus touchés même si les augmentations les plus marquées entre 2001 et 2005 sont chez les 30 à 34 ans.

Infection gonococcique
Seules les régions du Nord-du-Québec et de la Gaspésie/îles-de-la-Madeleine ne rapportent aucun cas d'infection gonococcique en 2005.

Le taux d'incidence de l'infection gonococcique a augmenté au Québec depuis la fin des années 90 jusqu'en 2002 avant de se stabiliser pendant quelques années à environ 11 par 100 000.

Le taux est maintenant en augmentation et était de 16 par 100 000 en 2006, soit une augmentation de 37 % par rapport à 2005.

Contrairement à ce que l'on observe dans d'autres provinces canadiennes, le taux est ici nettement plus élevé chez les hommes (23,3 par 100 000 en 2006) que chez les femmes (9,3 par 100 000).

La proportion de souches de N. gonorrhoeae résistantes à la ciprofloxacine est passée de moins de 3 % en 2003 à 7 % en 2004 et 19 % en 2005. La progression se poursuit puisque la proportion est de 28 % pendant les huit premiers mois de 2006.

L'exercice de vigie intensifiée mené en 2005 a permis de constater que les fluoroquinolones étaient encore utilisées dans la majorité des régions qui déclaraient des cas d'infections gonococciques. Les techniques d'amplification des acides nucléiques sont largement utilisées même si elles ne permettent pas de détecter la résistance aux antibiotiques.

Les HARSAH sont surreprésentés parmi les cas enquêtés, bien que l'infection touche également une proportion significative d'hommes hétérosexuels et de femmes.

Syphilis
Le taux québécois d'incidence des cas déclarés de syphilis infectieuse diminuait depuis plusieurs années quand a éclaté la flambée épidémique actuelle chez les HARSAH.

L'épidémie a débuté à la fin de l'an 2000 dans la région de Montréal et s'est par la suite étendue aux autres régions du Québec. En 2005, 11 des 18 régions sociosanitaires ont déclaré des cas.

En 2005, Montréal est la région où sont déclarés plus des deux-tiers des cas. Le taux d'incidence y est de 9,3 par 100 000 (19,1 chez les hommes et 0,1 chez les femmes).

De 0,05 par 100 000 qu'il était en 1998, le taux chez les hommes est passé à 0,4 et à 6,6 par 100 000 en 2001 et 2005. Durant le même intervalle, le taux est passé de 0,03 à 0,20 par 100 000 (six cas) chez les femmes.

Les taux les plus élevés et les plus grands nombres de cas sont observés chez les hommes de 30 à 49 ans.

La vigie sanitaire menée en 2004-2005 a permis de confirmer que la grande majorité des cas de syphilis infectieuse surviennent chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Les deux-tiers de ceux qu'on a questionné ont rapporté avoir eu des relations sexuelles dans des saunas.

Onze cas féminins ont été déclarés durant l'exercice de vigie. La flambée épidémique de syphilis infectieuse fait donc craindre la survenue de cas de syphilis congénitale (seulement deux cas ont été déclarés entre 2001 et 2005).

Conclusion
Les ITS font actuellement un retour en force. De nouvelles ressources devront être consacrées à la prévention de la transmission de ces infections.

Auteur(-trice)s
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-51107-6
ISBN (imprimé)
978-2-550-51108-3
ISSN (électronique)
1920-924X
ISSN (imprimé)
1917-9979
Notice Santécom
Date de publication