Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik 2004 : carence en fer et anémie chez les femmes du Nunavik

L’anémie est souvent causée par une carence en fer reliée à un faible apport alimentaire de ce nutriment et/ou une absorption insuffisante pour remplacer les pertes de l’organisme. L’anémie par déficience en fer (ou anémie ferriprive) peut affecter les capacités physiques, la performance cognitive et la résistance aux infections. L’Organisation mondiale de la santé reconnaît que l’anémie est un problème de santé publique répandu ayant des conséquences majeures sur la santé aussi bien que sur le développement économique et social. Au Canada, la prévalence de l’anémie chez les enfants autochtones est huit fois plus élevée que chez les enfants non autochtones, et est particulièrement élevée chez les enfants inuits. Jusqu’à présent, la prévalence de l’anémie chez les femmes du Nunavik était inconnue, mais des résultats similaires à ceux des enfants autochtones étaient soupçonnés. Au cours des dernières décennies, les habitudes de vie et le régime alimentaire de la population du Nunavik ont subi d’importants changements entraînant une consommation moindre d’aliments traditionnels qui représentent une bonne source de fer. Ce résumé présente les prévalences d’anémie et de déficience en fer ainsi que les facteurs de risque associés à ces désordres nutritionnels chez les femmes du Nunavik.

L’anémie et la déficience en fer affectent chacune un tiers des femmes non enceintes du Nunavik. La prévalence de l’anémie et de la déficience en fer diffère selon l’âge, le statut socio-économique, les habitudes de vie et l’alimentation. Quarante pour cent des femmes en âge de procréer (18-49 ans) sont déficientes en fer et environ les deux tiers des cas d’anémie sont dus à une carence en fer. Par ailleurs, les femmes ayant des réserves de fer épuisées sont plus nombreuses à avoir rapporté un apport en fer inadéquat le jour précédent l’entrevue.

Chez les femmes de 50 ans et plus, une femme sur dix est déficiente en fer, tandis plus de la moitié sont touchées par l’anémie. Ainsi, l’anémie par déficience en fer est moins prévalente chez ces femmes et la prévalence élevée de l’anémie chez elles est probablement due à une perturbation du métabolisme du fer reliée aux maladies chroniques.

La déficience en fer et l’anémie ferriprive affectent respectivement les deux tiers et le tiers des femmes enceintes, des taux plus élevés que chez les femmes non enceintes. De plus, près de la moitié des femmes qui avaient accouché récemment (< 5 ans) affichaient une carence en fer comparativement à un quart chez les autres femmes non enceintes. Le statut en fer est donc plus précaire chez les femmes enceintes et les nouvelles mères. De plus, seulement 47 % des femmes qui avaient accouché récemment ont affirmé avoir pris des suppléments de fer pendant leur grossesse, alors que ce traitement est prescrit à 85 % des femmes enceintes du Nunavik. Cette statistique est préoccupante étant donné qu’une déficience en fer non traitée risque d’affecter l’issue de la grossesse.

Les résultats de cette étude clinique indiquent que l’anémie ferriprive est répandue au Nunavik, notamment chez les femmes en âge de procréer qui présentent des taux cinq fois plus élevés que ceux observés au Canada et aux États-Unis. L’enquête a permis d’identifier les caractéristiques des femmes souffrant d’anémie ferriprive, notamment les femmes enceintes et celles ayant récemment accouché. Les adolescentes enceintes ainsi que les femmes ayant des grossesses multiples devraient aussi recevoir une attention spéciale puisqu’elles sont encore plus à risque.

Auteur(-trice)s
Céline Plante
Direction de santé publique de Montréal
Carole Blanchet
M. Sc., épidémiologiste, Institut national de santé publique du Québec
Louis Rochette
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
Notice Santécom
Date de publication