Une analyse de la diversité des expériences de victimisation dans les relations amoureuses des jeunes adultes

Martine Hébert
Martin Blais
Marie-Hélène Gagné

Contexte :
La prévalence et les conséquences de la violence subie dans les relations amoureuses des jeunes adultes sont importantes et constituent un problème de santé publique. Si l'ampleur de la violence dans les relations amoureuses est bien documentée, la diversité des patrons de victimisation et leurs conséquences différentielles restent rarement considérées.

Méthode :
Dans le cadre de l'International Dating Violence Study (IDVS), 439 étudiants universitaires inscrits dans trois universités francophones québécoises (285 femmes et 154 hommes) ont été recrutés. Les participants ont complété le Revised Conflict Tactics Scale (CTS2; Straus, Hamby, Boney-McCoy, & Sugarman, 1996) et le Personal and Relationships Profile (PRP; Straus, Hamby, Boney-McCoy & Sugarman, 1999; Straus & Mouradian, 1999). Une analyse de classe latente (Muthén & Muthén, 1998-2008) a permis de dériver des profils distinctifs à partir de huit indicateurs de victimisation.

Résultats :
Les résultats ont permis d'identifier trois classes latentes. La classe normative, la plus importante (58%), regroupe de jeunes adultes dévoilant des expériences de victimisation psychologique mineure (50%) et de coercition sexuelle mineures (12.8%). Une deuxième classe décrit les expériences de 32% de l'échantillon, marquées par une prévalence élevée de différentes formes de victimisation, excluant les blessures physiques. Finalement la troisième classe regroupe 10% des jeunes adultes rapportant toutes les formes de victimisation, tant mineures que sévères, et une fréquence élevée de blessures associées. L'appartenance à ces classes n'est pas associée aux caractéristiques sociodémographiques, exception faite des femmes qui se trouvent en moins grand nombre dans la classe I. Des antécédents d'agression sexuelle vécue et de comportements délinquants sont significativement plus fréquents dans la classe III. Un gradient de sévérité des symptômes apparaît parallèlement au degré de victimisation ainsi que des profils psychopathologiques distincts.

Conclusion :
Les données révèlent une diversité des expériences de victimisation vécues chez les jeunes adultes et montrent que cette diversité est associée à des profils symptomatologiques spécifiques. Les résultats suggèrent qu'une analyse plus fine des patrons de réponse peut offrir des indices plus fiables quant aux interventions différentielles à privilégier.