Mise en oeuvre de l' « Initiative des écoles amies de la nutrition » à Ouagadougou (Burkina Faso) : étude de base

Charles DABONE
Olivier RECEVEUR
Hélène DELISLE

Contexte :
La malnutrition dans les pays en développement (PED) est désormais caractérisée par la juxtaposition des états carentiels et de désordres chroniques liés à l'alimentation et au mode de vie. Les coûts engendrés par ce Double Fardeau Nutritionnel (DFN) recommandent des actions préventives qui passent notamment par les enfants.

Méthode :
Nous mettons à l'épreuve la nouvelle « Initiative des Écoles Amies de la Nutrition » de l'OMS contre le DFN. Nous avons d'abord évalué l'état nutritionnel et de santé de 800 écoliers âgés de 10 à 12 ans, fréquentant 12 écoles de Ouagadougou. Des comités de mise en oeuvre de l'Initiative ont été formés dans 6 écoles d'intervention identifiées par le Ministère de l'Éducation pour coordonner les activités et effectuer une auto-évaluation initiale portant sur 5 axes de l'Initiative : politique et services de santé-nutrition, formation, curriculum, environnement scolaire. Outre un questionnaire rempli en classe sur les habitudes alimentaires, d'hygiène et d'activité physique des sujets, ainsi que sur certains déterminants du comportement alimentaire, des mesures biologiques (lipides sanguins, glycémie, rétinol sérique, hémoglobine, tension artérielle) et anthropométriques ont été prises.

Résultats :
Les résultats préliminaires montrent que 41 % des sujets sont anémiés, 40 % présentent une carence en vitamine A et aucun cas de goitre. Le retard de croissance et la maigreur affectent respectivement 9 % et 13% des sujets tandis que le surpoids est rare (0,5%). L'auto-évaluation des écoles révélait des problèmes matériels, d'infrastructures et d'organisation mais montrait des potentialités pour la réalisation d'actions dans le cadre des axes de l'initiative.

Conclusion :
Ces premiers résultats montrent que contrairement aux idées reçues, les problèmes de carences nutritionnelles affectent autant les enfants du milieu urbain que ceux du milieu rural des PED. Le surpoids/obésité n'est pas encore le problème majeur de malnutrition chez ces écoliers et des actions préventives pourraient permettre de garder ces taux au bas niveau. Le traitement des données en cours permettra de cerner les liens entre les états de santé des enfants et leurs habitudes, ce qui permettra d'orienter les actions de l'intervention et d'évaluer son impact au bout de trois ans, une première dans cette zone africaine.