Hésitation parentale envers la vaccination des enfants de 0 à 5 ans en Montérégie

Monia Ghorbel
Guillaume Bélair, Ilyes Berania, Anne Bernier, Mihai Boianu, Anthony Audet-Boisvert, Emilie Bougie, Louis Couturier, Simon-Pierre Demers, Sébastien Gagnon, Monia Ghorbel, Caroline Laberge, Anna Nedvoreaghina, Frédéric Poitras, Nikeel Raval, Pylyp Zolotaro

 

Contexte :
Le phénomène d’hésitation envers la vaccination a été récemment mis en lumière afin de décrire les personnes ayant des doutes face à la vaccination. Plutôt que de répartir les individus en deux groupes, ceux qui acceptent la vaccination et ceux qui la refusent, la littérature récente représente l’acceptation de la vaccination sur un continuum allant des individus qui rejettent carrément toute vaccination à ceux qui en font la demande active. Entre les deux se situerait un groupe intermédiaire : les personnes hésitantes envers la vaccination. À notre connaissance, ce phénomène a été peu étudié au Québec. Dans le cadre de l’étude Quel est le meilleur mode d’organisation des services de vaccination aux enfants de 0-5 ans au Québec?, ce phénomène a été exploré afin de connaître l’opinion de parents de la Montérégie et les déterminants associés.

Méthode :
Une étude descriptive transversale a été réalisée en trois temps (février-août 2013) dans 5 CSSS de la Montérégie auprès de parents d’enfants de 0-5 ans lors de la période d’observation post vaccinale à l’occasion de 19 cliniques de vaccination.

Résultats :
Un questionnaire anonyme autoadministré de 30 questions a été rempli. Les hésitants étaient définis par les parents ayant rapporté avoir hésité souvent, quelques fois, ou une fois avant de vacciner leur enfant. La validité du statut vaccinal autodéclaré par les parents (SVADP) a été évaluée par comparaison au statut vaccinal du carnet de vaccination de l’enfant. Des analyses comparatives, multivariées [I.C. 95 %], de concordance ainsi que de validité ont été menées.

Conclusion :
Près de 37 % des parents (participation de 94 % (523/554)) ont hésité à vacciner leur enfant. Plus du tiers (35 %) des parents hésitants ont remis au moins une fois le vaccin de leur enfant contre 11 % des autres (p<0,001). Ils étaient aussi plus inquiets (score moyen=3,54 vs 1,52 (échelle de 0 à 10); p<0,001). Le SVADP de leur enfant était incomplet en une plus grande proportion (16 % vs 7 %, p=0,018). Les déterminants suivants étaient associés à l’hésitation : la pression sociale ressentie (RC=3,46 [2,01-5,78]), la perception d’un nombre élevé de vaccins offerts (RC=3,83 [1,70-8,65]) ainsi que la faible importance accordée au vaccin influenza (RC=2,22 [1,26-3,85]). Le SVADP était très valide lorsque les parents déclaraient un statut incomplet (VPN=100 %), mais moins lorsqu’ils déclaraient un statut complet (VPP=50 %) avec une concordance très faible (Kappa=0,19). Sans tenir compte du vaccin antigrippal dans les analyses, la VPP augmentait à 97 % et la VPN diminuait à 67 % avec une meilleure concordance (Kappa=0,66).