Opération Colibri en Montérégie : regard des acteurs clés sur les services préventifs en petite enfance

Johanne Groulx
Sylvie Bériault

Contexte et objectifs

En Montérégie, l’Opération Colibri est le nom désigné pour l’Initiative concertée d’intervention pour le développement des jeunes enfants (ICIDJE). Dans ce contexte, pour soutenir l’amélioration des actions visant le développement optimal des tout-petits, la Direction de santé publique a voulu connaître les perceptions et les besoins des acteurs clés des réseaux de la petite enfance sur les services offerts aux tout-petits et à leur famille et sur leur environnement physique et social.

Description et population visée

Les perceptions et les besoins concernaient quatre thématiques : les services directs à l’enfant, les services de soutien aux parents, l’environnement physique et social (incluant la communauté concertée et les politiques publiques favorables à la petite enfance). La population visée était composée des parents, des responsables de CPE, des responsables d’organismes communautaires familles, des enseignants de la maternelle, des intervenants de CSSS en petite enfance.

Méthode

Sept groupes de discussion ont été réalisés à l’automne 2013 : trois groupes de parents et quatre groupes auprès des réseaux de la petite enfance (n=52 participants, tous les RLS couverts). Les résumés d’entrevue ont été codifiés à l’aide de catégories d’analyse, étape suivie de la validation intercodeur.

Résultats et outils développés

Parents et intervenants perçoivent l’offre de service en petite enfance comme étant variée, mais peu connue. On a reconnu qu’un large éventail de services préventifs directs à l’enfant et de soutien aux parents est proposé. L’offre de service est cependant peu connue des parents, et de certains intervenants, ce qui nécessite plusieurs démarches pour obtenir l’information pertinente à ses besoins. La panoplie de services disponibles répond surtout aux familles sans besoins particuliers. Néanmoins, des services spécifiques seraient utiles : des services-conseils pour l’encadrement parental quotidien, des services pour les parents en situation de coparentalité, sans oublier les places en services de garde. Si les familles vivant en contexte de vulnérabilité ont accès à plusieurs services, on indique qu’elles sont cependant difficiles à joindre (ex. : isolement social, difficultés de transport). Les communautés où évoluent parents et intervenants sont perçues comme étant engagées, mais pas toujours concertées. La participation des parents aux instances de concertation est plutôt difficile à obtenir en raison des contraintes familiales, voire d’un manque d’habiletés communicationnelles pressenties pour s’impliquer. L’environnement physique et social présente des caractéristiques très variables d’une municipalité à l’autre, les milieux ruraux étant souvent moins bien dotés en diverses installations. Parents et intervenants disent ne pas disposer de moyens pour vraiment influencer les politiques publiques favorables à la petite enfance, qui sont vues comme étant non convergentes entre les ministères. Les résultats ont été diffusés à la Journée montérégienne de santé publique, ensuite dans un feuillet synthèse, et seront pris en compte dans l’évaluation de l’Opération Colibri.

Conclusion et recommandations

Les échanges ont révélé plusieurs constats. L’un d’eux mérite notre attention, soit le fait que des parents seraient dépourvus face au rôle parental et s’en remettraient aux intervenants pour l’éducation de leurs enfants. Les nombreuses pistes de solutions mentionnées révèlent qu’un nouvel équilibre entre les services collectifs et les parents serait nécessaire pour mieux les soutenir dans l’exercice de leur parentalité.