La cigarette électronique au Québec – obtenir des données pour mieux connaître et pour bien mobiliser

Geneviève Berteau
Mélanie Champagne

Contexte et objectifs

Les cigarettes électroniques constituent une nouvelle catégorie populaire de produits pour lesquels il y a un manque d’information. La Société canadienne du cancer a voulu se doter de données pour mieux connaître les produits offerts ici et l’utilisation qui en est faite afin de développer une stratégie pour informer et mobiliser la population.

L’objectif est d’obtenir des données sur l’utilisation et la conformité des produits afin de protéger les mineurs, empêcher une renormalisation de la consommation de tabac et sensibiliser la population aux risques associés à l’utilisation de ce produit émergent.

Description et population visée

En se basant sur le principe de précaution et une volonté d’intervenir sans nuire, la Société canadienne du cancer vise à obtenir des données à partir d’une analyse de produits, d’un sondage et d’une étude sur la consommation, ainsi que d’une consultation auprès des parties prenantes qui, combinée à la littérature scientifique, permettra de définir une position organisationnelle, faire des propositions législatives et mettre en œuvre une stratégie provinciale d’information et de mobilisation.

Méthode

La démarche se base sur le développement de données sur l’utilisation et le contenu de produits. En 2012, une étude est commandée au Centre de recherche Propel de l’Université Waterloo sur l’utilisation de la cigarette électronique chez les élèves québécois (2012-2013). Aussi, à partir d’une banque de produits constituée, le Laboratoire de spectrométrie de masse de l’Université de Montréal (janvier 2013) détermine la présence et le taux de nicotine dans des cigarettes électroniques et e-liquides. Également, un sondage auprès de 2000 répondants est réalisé par Léger Marketing (mai 2013) sur l’utilisation de ceux-ci au cours de la dernière année.

Les données disponibles, combinées à la littérature et à la consultation, nous ont permis de développer une position et de faire des propositions sur la réglementation, la vente, l’usage et la publicité du produit. Parallèlement, une pétition incluant l’encadrement de la cigarette électronique a été lancée.

Résultats et outils développés

Les analyses révèlent que sur 13 cigarettes électroniques, neuf présentent des anomalies. De plus, six produits étiquetés sans nicotine sur neuf en contenaient. Aucun des sept e-liquides avec nicotine ne respecte l’étiquetage alors que des e-liquides étiquetés sans nicotine en contiennent.

Le sondage démontre que 60 % des utilisateurs de 18-24 ans utilisent la cigarette électronique par plaisir ou curiosité. Selon les données de l’étude, 8,5 % des élèves de la 6e année du primaire et 34,3 % des élèves du secondaire ont déjà essayé la cigarette électronique. De plus, 18 % des élèves du secondaire qui n’ont jamais fumé l’ont essayé.

Plus de 125 extraits médias portent sur la cigarette électronique. Son encadrement est appuyé par 55 000 signataires et 65 organismes.

Conclusion et recommandations

Dans un contexte où les bienfaits et les risques du produit polarisent le débat, la production de données alimente la réflexion collective et sensibilise la population. Le poids médiatique de l’organisme sert de levier au transfert de connaissances. Le fait que les données ont été portées par un organisme engagé dans la lutte contre le tabagisme a permis à la question de prendre sa place dans l’agenda politique.