L'organisation du travail et la santé mentale des travailleuses des organismes communautaires

Denis Laliberté, MD
Isabelle Tremblay
Michel Vézina, MD

Contexte :
La littérature publiée à ce jour reconnait que les contraintes psychosociales du milieu de travail peuvent entraîner des effets sur la santé des travailleuses et des travailleurs. En particulier, certains facteurs de l'organisation du travail peuvent conduire à des atteintes de la santé mentale. Par ailleurs, peu d'études sont disponibles sur l'impact de ces facteurs sur la santé mentale des travailleuses et des travailleurs d'organismes communautaires.

Méthode :
L'étude s'intéresse aux travailleurs des organismes communautaires de région de la Capitale-Nationale oeuvrant dans le secteur de la santé et des services sociaux et ayant travaillé (travail rémunéré) au moins 20 heures/semaine depuis les 10 semaines précédentes. Soixante-six (66) organismes communautaires ont été sélectionnés aléatoirement pour que leurs travailleurs participent à l'étude. Un questionnaire autoadministré a été envoyé aux participants à la mi-novembre 2005. Il visait à documenter la demande psychologique, l'autonomie décisionnelle, le soutien social des supérieurs (SSS) et des collègues (SSC). L'indice de détresse psychologique (IDP) était la variable dépendante dans cette étude.

Résultats :
Cette étude permet de mieux connaître les forces et les contraintes de l'organisation du travail des organismes communautaires, en vue de développer des conditions de travail optimales pour la préservation de la santé au travail.

Conclusion :
277 travailleurs ont retourné le questionnaire, pour un taux de participation de 74 % (277/377). Les répondants ne rapportent pas une quantité excessive de travail, mais que le travail est complexe. Ils rapportent un faible niveau d'autonomie décisionnelle beaucoup moins fréquemment que la population générale et indiquent que le travail dans les organismes communautaires offre la possibilité de développer et d'acquérir de nouvelles connaissances. Le questionnaire révèle une satisfaction très élevée face aux deux dimensions du soutien social, celui offert par les supérieurs et celui offert par les collègues de travail. Chez les répondants, la prévalence d'un IDP élevé, indicateur de détérioration de la santé mentale, est très influencée par un manque d'autonomie décisionnelle, une demande psychologique élevée et par la combinaison de ces deux facteurs. Le manque de reconnaissance au travail, le harcèlement psychologique et le manque de participation à la prise de décision sont également associés à une prévalence d'un IDP élevé.