Les écrans à l’école

Le milieu scolaire a entamé un virage numérique en 2011 avec l’introduction progressive des tableaux numériques intéractifs (TNI) dans les classes au primaire et au secondaire. La mise en place du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur en 2018, et plus récemment, les mesures sanitaires liées à la pandémie de COVID-19 ont contribué à accélérer ce virage.

Dans les milieux scolaires, différents écrans sont présents : ceux des élèves, du personnel et ceux fournis par l’école (TNI, tablettes électroniques, etc.). Cela entraîne différents types d’usages : pédagogiques, éducatifs, administratifs, personnels, de loisir etc.

Des écoles plus connectées

Le Portrait des usages du numérique dans les écoles québécoises de 2023, mené par l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval auprès des écoles primaires et secondaires, montre que :

  • La quasi-totalité (97 %) des écoles a accès au réseau Internet dans toutes les classes et 46 % d’entre elles autorisent les élèves à se connecter au réseau Internet de l’école avec leurs appareils numériques.
  • Les écoles disposent en moyenne d’un appareil numérique pour deux élèves et, dans 35 % d’entre elles, les élèves sont autorisés à les apporter à la maison.
  • Le numérique s’intègre aux apprentissages dès le préscolaire dans 67 % des écoles.
  • 25 % des écoles rapportent que le personnel enseignant utilise les outils numériques plus de 7 heures par semaine à des fins pédagogiques dans la classe. Cela concerne 29 % des écoles publiques et 69 % des écoles privées.
  • 28 % des écoles autorisent les élèves à apporter leurs tablettes et ordinateurs portables personnels à l’école. Cette situation s’observe davantage au privé qu’au public (57 % c. 14 %), davantage au secondaire qu’aux niveaux préscolaire et primaire (31 % c. 6 %) et davantage dans les écoles comptant plus de 500 élèves (40 % c. 18 %).
  • 74 % des écoles disposent d’une politique décrivant les règles à suivre concernant l’usage des appareils mobiles à l’école (téléphones intelligents, tablettes électroniques, ordinateurs portables, etc.).

Attention à la cognition

L’usage des écrans peut être associé à des effets négatifs sur la santé, non seulement sur les dimensions physique et socioaffective, mais également sur la cognition des jeunes. S’intéresser au développement, et plus particulièrement à la cognition des jeunes, est essentiel pour appréhender la santé d’une collectivité. Les habiletés comme la mémoire, le langage et l’attention influencent la réussite scolaire, un facteur déterminant du bien-être physique et mental ultérieur. Pour en savoir plus, consultez notre publication Réussite éducative, santé, bien-être : agir efficacement en contexte scolaire - Synthèse de recommandations.

Distraction numérique

L’utilisation du cellulaire à des fins personnelles en classe entraînerait une baisse de l’apprentissage, selon une synthèse des connaissances de l’INSPQ. En d’autres mots, le multitâche numérique nuirait à l’apprentissage. Les études démontrent que les étudiantes et étudiants obtiennent un score significativement plus faible à un questionnaire de mémorisation et de compréhension, lorsqu’ils ont utilisé à des fins personnelles des appareils numériques individuels (ex. : naviguer sur Internet et les réseaux sociaux, texter) pendant une présentation pédagogique. L’écart de performance en termes de score entre celles et ceux qui sont ou non en multitâche numérique peut dépasser 10 %. Les expérimentations sur lesquelles reposent les résultats reproduisent toutes des conditions similaires à l’environnement scolaire.

Même la présence du cellulaire éteint sur le bureau entraînerait une baisse de performance à des tests évaluant spécifiquement la mémoire de travail, une fonction cognitive centrale à l’apprentissage scolaire.

Support numérique et cognition

Le support numérique par rapport au papier a-t-il des effets positifs ou négatifs sur la cognition? En ce qui concerne la lecture et l’écriture, les études comparant le support numérique au papier et crayon indiquent deux principaux résultats, selon l’INSPQ. D’une part, la compréhension des étudiants et étudiantes est significativement plus faible lorsque le texte est lu sous forme numérique plutôt que sur papier.

D’autre part, aucun effet positif de la prise de notes numériques sur l’apprentissage ne ressort des études (notes scolaires et score à un questionnaire de mémorisation et de compréhension). Si on prend en considération les effets sur la santé associés à l’usage des écrans, ces résultats appellent à être vigilants avant de substituer le support numérique au papier et crayon pour lire et prendre des notes en classe.

Chercher la valeur ajoutée du numérique

Loin d’être un enjeu individuel qui se limite au milieu familial, il est important de se pencher sur les environnements scolaires, afin de réduire les effets négatifs de l’usage des écrans sur la santé. Dans cette optique, il s’avère essentiel que l’intégration des appareils numériques individuels en milieu scolaire vise un usage pédagogique circonscrit dans le temps et que cet usage permette d’améliorer l’apprentissage en comparaison aux méthodes d’enseignement sans écran.

Approche préventive

Réduire les effets sur la santé associés à l’usage des écrans en milieu scolaire est un enjeu actuel. Une synthèse des connaissances réalisée par l’INSPQ a révélé que peu de recommandations sont disponibles sur le sujet à ce jour.

Les recommandations repérées ciblent dans l’ensemble deux contextes : la salle de classe ainsi que les services et les activités parascolaires. Elles portent sur trois domaines :

  • Le temps d’utilisation et de pause des écrans (ex. : limites de temps d’écran et pauses actives fréquentes);
  • Les caractéristiques des usages (ex. : usages qui servent un objectif pédagogique);
  • Les conditions ergonomiques. (ex. : luminosité, disposition et posture à adopter).

Par exemple, au Canada, le Sedentary Behaviour Research Network, fondé par des chercheurs canadiens, a élaboré en 2022 les Recommandations internationales en matière de comportement sédentaire à l'école. Elles ciblent les jeunes d’âge scolaire (5 à 18 ans) et sont basées sur des données probantes. Pour en savoir plus, consultez International School-Related Sedentary Behaviours Recommendations.

Bien que l’ensemble des recommandations repérées soient incomplètes, elles représentent toutefois un bon point de départ pour développer une approche préventive en contexte scolaire.

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