Escherichia coli
Définition
Le genre Escherichia fait partie du groupe des coliformes thermotolérants, lequel appartient à la famille des entérobactéries. Escherichia comprend plusieurs espèces dont une seule est utilisée à titre d’indicateur de la qualité des eaux : Escherichia coli (E. coli). Il importe toutefois de préciser que nonobstant le fait que cette espèce comprend plusieurs souches pathogènes (voir la section Risques sanitaires), les souches considérées comme indicatrices sont non pathogènes. E. coli est d’origine fécale humaine ou animale, car il n’existe pas dans l’environnement naturel; il peut cependant survivre quelques mois dans l’eau, le sol ou sur les plantes, bien qu’il se multiplie rarement dans ces milieux (Edberg et al., 2000; Santé Canada, 2012; WHO, 2011), à moins que des conditions de température élevée et la présence de nutriments le permettent (Brandl, 2008; Hardina et Fujioka, 1991). Sa détection dans l'eau doit donc être considérée comme reflétant la présence possible de micro-organismes pathogènes d’origine fécale ou entérique (WHO, 2011).
Méthodes d'analyse
Les principales méthodes de détection des bactéries E. coli utilisées au Québec sont basées sur l’utilisation de substrats enzymatiques spécifiques à des enzymes présents uniquement chez cette bactérie ou les coliformes totaux. La présence de l’un ou l’autre de ces groupes de bactéries est détectée par l’apparition d’une fluorescence (à la lumière ultraviolette) ou d’une coloration particulière (à la lumière visible), que ce soit avec un dénombrement par membrane filtrante ou par une méthode dite « présence/absence ».
Méthode de type présence/absence (P/A)
Un volume de 100 ml d’échantillon d’eau est mélangé dans une bouteille stérile avec un milieu de culture comme le Colilert®, puis incubé pendant 24 h à 35 °C. Le milieu de culture contient de l’ONPG (ortho-nitrophényl-ß-D-galactopyranoside) et du MUG (4-méthyl-umbélliféryl-ß-D-glucoronide). Lorsque des coliformes totaux sont présents dans l’échantillon, l’ONPG est utilisé par l’enzyme ß-D-galactosidase, une enzyme spécifique aux coliformes totaux. L’utilisation de l’ONPG provoque l’apparition d’une coloration jaune dans le milieu de culture. Lorsque E. coli est présent dans l’échantillon, le MUG est utilisé par l’enzyme ß-D-glucuronidase, une enzyme spécifique à cette bactérie, ce qui induit une fluorescence bleue dans le milieu de culture, lorsqu’éclairé par un rayonnement ultraviolet. D’autres bactéries peuvent aussi utiliser l’ONPG ou le MUG, mais le milieu de culture spécifique contient habituellement des inhibiteurs qui empêchent leur croissance (CEAEQ, 2015a). Il est possible que des laboratoires accrédités utilisent des milieux différents, mais basés sur les mêmes principes.
Méthode par filtration sur membrane (FM)
Cette méthode permet de détecter et de quantifier simultanément la bactérie E. coli et les coliformes totaux sur une même gélose (CEAEQ, 2015b). Un volume d’eau (habituellement 100 ml) est filtré sur une membrane filtrante qui est déposée sur la gélose MI (à titre d’exemple). Cette gélose est ensuite incubée pendant 24 heures à 35 °C. Au terme de la période d’incubation, les bactéries E. coli retenues sur la membrane filtrante forment des colonies qui apparaissent bleues en lumière visible et les autres coliformes totaux forment des colonies fluorescentes sous un éclairage UV. La formation des couleurs qui permettent de distinguer spécifiquement les colonies résulte de l’utilisation de substrats enzymatiques apparentés à ceux employés dans la méthode de type présence/absence décrite plus haut (CEAEQ, 2015b). Certains laboratoires accrédités emploient d’autres milieux de culture gélosés qui sont basés sur les mêmes principes de fonctionnement que le milieu MI.
Quelques laboratoires analysent séparément E. coli et les coliformes totaux dans les échantillons d’eau potable à l’aide de deux milieux de culture. Le milieu mFC-BCIG est employé pour E. coli puisqu’il contient un substrat enzymatique donnant des colonies bleues avec cette bactérie lorsqu’il est incubé 24 heures à 44,5 °C. Le milieu m-Endo est employé pour les coliformes totaux qui donnent des colonies à reflet vert métallique après une incubation à 35 °C pendant 24 heures.
La FM, qui analyse simultanément E. coli et les autres coliformes totaux, fonctionne très bien en général. Cependant, elle possède des limites notamment lorsque l’eau contient beaucoup de bactéries. En effet, la température d’incubation de 35 °C pour permettre la croissance des coliformes totaux laisse aussi croître des colonies atypiques. Ces dernières sont des bactéries autres que E. coli ou les coliformes totaux (voir la fiche Colonies atypiques). Lorsque les colonies atypiques sont trop nombreuses, elles peuvent interférer avec la formation des colonies d’E. coli et celles des coliformes totaux sur la gélose. La croissance de colonies atypiques était rarement une source de problème à l’époque où on recherchait les coliformes fécaux sur un milieu spécifique, puisque la température d’incubation plus élevée de 44,5 °C inhibait la croissance des colonies atypiques. Par ailleurs, selon les lignes directrices du Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec destinées aux laboratoires accrédités (CEAEQ, 2014), si l’ensemble des colonies sur la gélose (coliformes totaux, E. coli et colonies atypiques) devient confluent, le résultat rapporté pour les coliformes totaux et E. coli doit être TNI, ce qui signifie « colonies trop nombreuses pour être identifiées ». Bien qu’on ne puisse pas savoir avec certitude si E. coli est présent lorsqu’il y a un résultat TNI, le CEAEQ demande, par sécurité, de rapporter un tel résultat comme s’il était non conforme pour E. coli (CEAEQ, 2014). Cela implique un signalement sans délai par le laboratoire car un avis d’ébullition doit être émis par le responsable du réseau. En absence de confluence, le laboratoire doit inscrire la valeur du dénombrement d’E. coli (0 ou le nombre observé en UFC/100 ml) ainsi que le résultat du dénombrement des autres bactéries. Si la concentration d’E. coli est très élevée, le laboratoire peut inscrire pour E. coli > 80 UFC/100 ml ou TNC qui signifie « trop nombreuses pour être comptées »).
Il est à noter que les groupes d’E. coli pathogènes, tels que le sérotype O157:H7, ne peuvent pas être mis en évidence avec les méthodes décrites dans cette fiche, visant la détection de la bactérie indicatrice E. coli dans l’eau. Des méthodes d’identification spécifiques à ces souches doivent alors être utilisées (CEAEQ, 2015a; b).
Traitements de l'eau
E. coli peut survivre jusqu’à trois mois dans une eau naturelle non traitée (Edberg et al., 2000). Il est très sensible à la désinfection par le chlore qui l'inactive rapidement (chlore résiduel d'environ 1 mg/l) (Chalmers et al., 2000; Rice et Degnan 2006; Rice et al., 1999). Les bactéries E. coli n’ayant pas été inactivées ou détruites par la chloration sont capables de survivre pendant quelques jours dans le réseau de distribution sans toutefois y proliférer (AWWA, 1999; McMath et Holt, 2000). Il importe toutefois de préciser que le chlore n’est pas le seul paramètre à considérer, puisque la présence d’une turbidité élevée peut interférer alors qu’une intrusion dans le réseau peut se faire par le biais de fissures ou de procédures de réparations inadéquates.
L’ozone et les rayons ultraviolets sont aussi efficaces pour la désinfection de l'eau, mais leur utilisation requiert par la suite un ajout de chlore afin d’assurer une concentration résiduelle d’un agent désinfectant dans le réseau de distribution (Santé Canada, 2012). L’ajout d’un désinfectant résiduel n’est cependant pas requis s’il s’agit d’un système alimentant un seul bâtiment (Gouvernement du Québec, 2012).
Pour les puits privés, contaminés par E. coli ou sous l’influence des eaux de surface (par exemple, les puits dont les équipements de captage ne sont pas étanches), il revient au propriétaire de choisir le traitement approprié. Il est essentiel que de tels systèmes de traitement soient installés par une personne qualifiée, utilisés et entretenus selon les recommandations du fabricant1. Depuis 2008, les dispositifs de traitement de l’eau vendus doivent être certifiés selon certaines normes NSF et CSA2 en vertu du Code de construction du Québec (RBQ, 2013, chapitre III : Plomberie), comme mentionné dans le Règlement sur la qualité de l’eau potable, ci-après nommé « Règlement » (Gouvernement du Québec, 2012). Ces exigences couvrent notamment les dispositifs fonctionnant avec des rayons UV, avec l’osmose inverse ainsi que par distillation.
Risque sanitaire
E. coli comme indicateur de pollution d’origine fécale
La détection d'E. coli dans une eau de consommation est une indication d’une contamination d’origine fécale (Elmund et al, 1999) qui doit faire sérieusement soupçonner la présence d’autres micro-organismes pathogènes. E. coli est l’indicateur spécifique à ce type de contamination, et il est plus facile de l’identifier comparativement à d’autres indicateurs ou des micro-organismes pathogènes spécifiques (Santé Canada, 2012; WHO, 2011).
Les souches pathogènes d’E. coli
Les coliformes totaux ainsi que la majorité des E. coli ne sont pas pathogènes. Cependant, il existe des groupes de souches pathogènes : entéropathogène (EPEC); entérotoxigénique (ETEC); entéro-invasif (EIEC); entérohémorragique (EHEC); entéro-agrégatifs (EAEC); à adhésion diffuse (DAEC) (APHA, 2008; Bopp et al, 1999; Rice et Degnan, 2006). Ces groupes possèdent des propriétés toxigènes et invasives qui en font parfois des pathogènes puissants pouvant causer des diarrhées sanguignolantes, le syndrome hémolytique et urémique ainsi que des séquelles diverses ainsi que des décès.
Au début des années 90, une épidémie d’origine hydrique (243 personnes affectées, dont 32 hospitalisations et 4 décès), mettant en cause la souche O157:H7, s’est produite dans une petite municipalité du Missouri (3 000 habitants). L’origine a été attribuée à l’infiltration d’eau contaminée dans le système d’aqueduc (Swerdlow et al, 1992). En 2000, l’épidémie de Walkerton (Ontario) a mis en cause les bactéries E. coli O157:H7 et Campylobacter jejuni. À la suite de la contamination de l’un des puits municipaux par des déjections de bovins, 7 personnes sont décédées et plus de 2 300 auraient été malades (Walkerton Commission of Inquiry, 2002). De plus, chez les personnes infectées, des séquelles à long terme ont été observées (Clark et al., 2008).
Normes et recommandations
Exigences de contrôle
Les articles 11 et 12 du Règlement précisent que l’eau prélevée à des fins de contrôle microbien dans un réseau de distribution desservant plus de 20 personnes doit inclure la recherche d’E. coli, des coliformes totaux, et 50 % des échantillons doivent être prélevés en bout de réseau. En plus, l’article 21.0.1 précise que l’exploitant doit aussi s’assurer que les points d’échantillonnage permettent d’obtenir des données représentatives de la qualité de l’eau pour l’ensemble du réseau, avec un plan de localisation justificatif à l’appui. Il faut par ailleurs préciser que, pour les systèmes de distribution desservant une eau souterraine non désinfectée, dont les eaux brutes sont identifiées comme vulnérables selon la méthode DRASTIC et qu’il y a présence d’activités pouvant générer de la pollution fécale à l’intérieur de l’aire de protection, il doit y avoir échantillonnage des eaux brutes pour l’analyse des E. coli (article 13) (Gouvernement du Québec, 2012). Des exigences de surveillance d’E. coli à l’eau brute sont également imposées aux installations utilisant un traitement d’oxydation et de désinfection des eaux brutes souterraines et qui ne satisfont pas les exigences minimales de traitement (article 21.1). Les systèmes de distributions d’eau desservant plus de 1 000 personnes et approvisionnés en eau de surface, ou susceptibles d’être altérés par de l’eau de surface, sont soumis à des contrôles d’E.coli à l’eau brute (article 22.0.1). Enfin, les eaux puisées en surface dont le traitement ne satisfait pas adéquatement les exigences gouvernementales sont également soumises à des contrôles obligatoires de l’eau brute (articles 53 et 53.0.1) (Gouvernement du Québec, 2012).
Norme à respecter
L’annexe 1 du Règlement précise que l’eau brute mise à la disposition des utilisateurs et prélevée à des fins d’analyse microbiologique doit être exempte d’indicateurs de contamination fécale, tels que la bactérie E. coli et des entérocoques ainsi que des micro-organismes pathogènes (Gouvernement du Québec, 2012). La recommandation canadienne pour la qualité de l’eau potable (Santé Canada, 2012) ainsi que la réglementation étasunienne (US-EPA, 2009) précisent qu’un échantillon d’eau potable ne doit contenir aucune bactérie E. coli.
Exigences de signalement des résultats d’E. coli
Selon le Règlement (Gouvernement du Québec, 2012), un résultat positif pour E. coli dans les eaux distribuées doit être signalé sans délai par le laboratoire, au responsable du système, au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), à la direction de santé publique (DSP) ainsi qu’au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) (article 35, 1er alinéa), puisque cela implique un avis de faire bouillir selon l’article 36 du Règlement. Cette exigence s’applique aussi aux résultats d’analyse d’eau brute souterraine non désinfectée (article 13 et 3e alinéa de l’article 39) ou avec désinfection inadéquate (article 21.1). Cependant, la présence d’E. coli dans les eaux brutes souterraines adéquatement désinfectées ou provenant d’eau de surface en vertu des articles 22.0.1 et 53.0.1 n’est pas visée par le signalement. Il en est de même pour la présence d’E. coli dans des réseaux faisant l’objet d’un affichage « eau non potable » en vertu de l’article 44.1 du Règlement3.
Obligation de l’exploitant suite à la réception d’un résultat d’E. coli positif
L’article 36 du Règlement stipule que dès que l’exploitant du réseau ou, le cas échéant, du véhicule-citerne, est informé de la présence d’E. coli dans un échantillon d’eau distribuée, il doit immédiatement aviser les usagers concernés de faire bouillir cette eau. Il doit aussi aviser individuellement les établissements d’enseignement, de santé et de détention. Si d’autres réseaux sont susceptibles de recevoir de l’eau de ce réseau contaminé, il doit également en aviser les exploitants pour qu’ils puissent à leur tour aviser leurs usagers (article 37). De plus, il doit aviser sans délai la DSP et le MDDELCC des mesures qu’il entend prendre, ou qu’il a prises, pour protéger les utilisateurs et remédier à la situation. L’exploitant doit ensuite transmettre sa déclaration par écrit à la DSP ou au MDDELCC (Gouvernement du Québec, 2012).
Mesure de protection pour la population
L’ébullition de l’eau pendant au moins une minute est considérée comme la mesure individuelle la plus efficace pour détruire les micro-organismes (voir fiche Avis d’ébullition de l’eau). Le Règlement précise le contenu minimal du communiqué d’un avis d’ébullition, soit de faire bouillir l’eau durant une minute avant de l’ingérer ou de l’utiliser pour la préparation des boissons et des aliments ainsi que le lavage des fruits et légumes destinés à être mangés crus, la fabrication des glaçons et le brossage des dents. L’article 38 du Règlement précise le rôle des établissements pour protéger leur clientèle, soit de mettre des affiches « eau non potable » à tous les robinets accessibles aux usagers et interrompre tout service d’eau aux fontaines. (Gouvernement du Québec, 2012). Un modèle d’avis d’ébullition et l’affiche « eau non potable » sont disponibles sur le site web du Ministère. L’avis d’ébullition doit être renouvelé aux usagers, au MDDELCC et à la DSP une fois par période de deux semaines, et ce, jusqu’au retour à la conformité.
Retour à la conformité
Une fois les correctifs apportés en conformité avec les exigences règlementaires, le responsable du système doit réaliser les prélèvements et analyses prévus à l’article 39 du Règlement. Tous les résultats des analyses pour le retour à la conformité doivent être conformes aux normes de l’annexe 1 du Règlement et être aussi exempts de bactéries coliformes totaux (voir le 4e alinéa de l’article 39).
Si E. coli est détecté dans une eau distribuée non désinfectée, avant toute intervention corrective, l’exploitant doit prélever, dans tous les captages alimentant son réseau, au moins deux échantillons d’eau brute (même jour, séparés de plus de 2 heures) pour y vérifier la présence d’E. coli et d’entérocoques (Gouvernement du Québec, 2012). En cas de résultats montrant une contamination fécale des eaux brutes, l’avis d’ébullition doit rester en vigueur jusqu’à la mise en place de mesures correctives jugées appropriées par le MDDELCC. Dès la 2e présence d’indicateurs fécaux à l’eau brute, un traitement de désinfection est requis pour lever l’avis d’ébullition.
Information pour l'intervention de santé publique
Lors d’une non-conformité associée à la présence d’E. coli, le Règlement précise les obligations du responsable du système de distribution afin de protéger les usagers, identifier la source du problème et mettre en place les mesures correctives appropriées. Il revient au représentant du MDDELCC de s’assurer que les exigences prescrites sont respectées. L’intervenant de la DSP s’assure que la population est adéquatement protégée.
En général, dès que l’intervenant de la DSP reçoit un signalement d’E. coli dans une eau distribuée, il vérifie les éléments suivants avec l’exploitant et le MDDELCC le cas échéant :
- Est-ce qu’un avis d’ébullition a été ou sera rapidement émis?
- Est-ce qu’il y a d’autres réseaux sur le territoire qui sont alimentés à partir du réseau concerné par l’avis?
- S’il y a lieu, est-ce que les réseaux susceptibles de recevoir l’eau contaminée ont également été avisés d’émettre un avis d’ébullition à leur clientèle?
- Est-ce que les moyens et le message utilisés pour informer les usagers sont adéquats?
- Est-ce que les établissements (écoles, garderies, établissements de santé ou de détention) ont été avisés individuellement pour la mise en place des mesures prévues?
- Quelle est la cause possible de la contamination (ex. : défaillance du traitement, travaux sur le réseau, etc.)?
- Quelles sont les mesures correctives prévues et les dates des échantillonages visés à l’article 39?
- Est-ce que l’exploitant transmettra par écrit les mesures prises pour protéger les usagers et corriger la situation?
L’intervenant de la DSP communique donc avec le MDDELCC pour discuter de la situation et du suivi ainsi que pour offrir un soutien pour les situations particulières. La DSP peut demander l’opinion du MDDELCC et s’assure que le responsable du réseau respecte les exigences règlementaires pour protéger la population. Dans le cas exceptionnel ou un exploitant refuserait d’émettre immédiatement l’avis d’ébullition aux usagers concernés ou que les moyens utilisés pour informer les usagers sont jugés inadéquats, le Directeur de santé publique peut invoquer l’article 98 de la Loi sur la santé publique et demander à l’exploitant de procéder.
Par ailleurs, les informations suivantes pourront aider l’intervenant de santé publique à mieux apprécier la situation à la suite de la détection d'E. coli dans l’eau potable :
Identification de la cause probable du problème
Il revient au responsable du système d’identifier la cause et de mettre en place les mesures correctives appropriées. Pour ce faire, il peut se référer à la page Web Que faire en cas de résultat de coliformes totaux ou de Escherichia coli non conforme? du MDDELCC. Selon les recommandations pour la qualité de l’eau potable de Santé Canada, en cas de présence d'E. coli dans une eau potable, le responsable du système de distribution devrait notamment :
- vérifier l’intégrité du processus de traitement et que son fonctionnement est optimal;
- vérifier l’intégrité du réseau de distribution;
- s'assurer que tout le réseau contient la concentration résiduelle de désinfectant requise;
- augmenter la dose de chlore, purger les conduites principales, nettoyer les réservoirs d'eau traitée et vérifier s'il y a des jonctions défectueuses ou des pertes de pression;
- effectuer des échantillonnages et des analyses dans les secteurs avec présence d’E. coli ainsi que dans les sites adjacents;
- mener une enquête et d’autres analyses au besoin (ex. : qualité d’eau brute, turbidité) afin de déterminer l'origine du problème et éviter qu'il se répète.
Résultats d’analyses
Puisque la DSP reçoit seulement les résultats non conformes au Règlement, l’intervenant peut demander au responsable du réseau ou au MDDELCC si d’autres analyses microbiennes ont été réalisées au même moment et, si oui, en obtenir le détail. Cette information peut donner une idée de l’ampleur du problème. L’intervenant de la DSP peut aussi s’enquérir auprès du MDDELCC des résultats antérieurs pour ce réseau et des données disponibles pour évaluer l’efficacité du traitement s’il y a lieu.
Secteur concerné
En général, l’avis d’ébullition est diffusé à l’ensemble des usagers desservis, compte tenu de la difficulté à déterminer avec exactitude le sens d’écoulement de l’eau dans les conduits. Cela inclut les réseaux desservis en aval hydraulique s’il y a lieu (voir la fiche Avis d’ébullition de l’eau). Pour qu’un avis puisse être limité à un secteur donné, le responsable du réseau doit avoir établi au préalable les caractéristiques hydrauliques du réseau et être en mesure de confirmer formellement par écrit l’absence de risque de contamination dans les secteurs du système de distribution non visés par l’avis. De plus, le Règlement exige que lorsque des secteurs peuvent être identifiés, ceux-ci doivent figurer au plan de localisation des points de prélèvement (exigé depuis mars 2012, article 21.0.1).
Populations vulnérables
Dans le cas des réseaux municipaux ou privés desservant des résidences, la présence de populations vulnérables parmi les résidences alimentées par l’eau contaminée au E. coli doit toujours être considérée; il est en effet possible d’y retrouver des individus plus sensibles ou vulnérables. Des recommandations particulières peuvent également être formulées auprès des clientèles plus sensibles (écoles, garderies, résidences pour personnes âgées, établissements de santé) si requis (voir les mesures de protection recommandées dans la fiche Avis d’ébullition).
Établissements alimentaires régis par le MAPAQ4
Lorsque E. coli est détectée dans l’eau distribuée, les personnes travaillant à la préparation des aliments dans des établissements relevant du MAPAQ doivent appliquer les directives de ce Ministère visant à prévenir la contamination des aliments5. Certaines de leurs directives, par exemple le lavage des mains, sont plus sévères que pour la population générale. Dans les établissements publics, comme les écoles et les garderies, seul le personnel du service alimentaire est assujetti aux exigences du MAPAQ.
Partenaires du réseau de la santé à informer
Si l’avis d’ébullition concerne des établissements de santé, tels que des hôpitaux ou des CHSLD, l’intervenant de la DSP devrait informer le responsable des mesures d’urgence et de la sécurité civile de l’Agence de Santé et des Services sociaux au cas où un soutien serait requis pour le bon déroulement des activités dans ces établissements. Il est par ailleurs important d’aviser les intervenants d’Info santé qui souhaitent recevoir une information uniformisée concernant les avis d’ébullition en cas d’éclosions de maladies d’origine hydrique.
Critères pour considérer qu’il y a un excès d’infections possiblement liées à l’eau
La constatation d’un excès de maladies possiblement reliées à l’eau modifiera l’intervention en santé publique. L’excès d’infections, ou sa suspicion, est déterminé par rapport à la fréquence habituelle de gastro-entérites (particulièrement les appels reçus à Info Santé et les consultations dans les urgences du territoire) (voir la fiche Détection et investigation d’une épidémie de source hydrique due à un agent infectieux) et doit concerner le secteur desservi par la section du réseau de distribution mis en cause.
Le lien avec la consommation d’eau du robinet est parfois difficile à mettre en évidence. Cependant, en présence d'E. coli, tout excès inexpliqué de cas de gastro-entérites touchant le secteur concerné doit être initialement considéré comme étant relié à l’eau et faire l’objet d’une enquête. Le signalement de cas de gastro-entérites sévères ou anormaux pourrait par ailleurs nécessiter une intervention particulière (après enquête téléphonique), comme la transmission d’échantillons d’eau et de selles à des laboratoires spécialisés dans l’identification de souches d'E. coli pathogènes ainsi que d’autres micro-organismes pathogènes, et une surveillance médicale accrue des personnes manifestant des symptômes cliniques typiques d’une infection par l'E. coli. Si nécessaire, l’intervenant de la DSP demande l’expertise de l’INSPQ quant à la pertinence de faire l’analyse d’autres paramètres microbiens (ex. : parasites, virus). Si jugé pertinent, il doit contacter la Direction régionale du MDDELCC pour demander l’implication du Centre d'expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ) pour l’analyse de ces paramètres aux fins de l’enquête (voir la fiche Détection et investigation d’une épidémie de source hydrique due à un agent infectieux).
- Pour plus d’information sur la réglementation de ces dispositifs, consulter la page du MDDELCC : Purificateur d’eau : prendre la bonne décision.
- Pour plus d’information sur les divers dispositifs domestiques du traitement de l’eau potable et leurs accréditations, voir le Schéma explicatif des dispositifs de traitement de l'eau potable sur le site de la RBQ.
- Pour une meilleure compréhension du Règlement et son interprétation, il est possible de consulter le Guide d’interprétation du Règlement sur la qualité de l’eau potable préparé par le MDDELCC.
- Consulter les sites suivants pour plus de détail sur les interventions du MAPAQ : www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Restauration/Qualitedesaliments/securitealiments/Pages/avisebullition.aspx.
- Consulter le dépliant du MAPAQ destiné aux exploitants d’établissements alimentaires : Que faire à la suite de la diffusion d’un avis d’ébullition, d’un avis de non-consommation ou d’un avis d’ébullition préventif de l’eau potable?
Références
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- AWWA (1999). Water quality and treatment. American Water Works Association, 4e édition.
- Bopp, CA, FW Brenner, JG Wells et NA Strockbine. (1999). Escherichia, Shigella and Salmonella. Dans Murray, PR, EJ Baron, MA Pfaller, FC Tenover et RH Yolken, éditeurs, Manual of clinical microbiology, 7e édition, American Society for Microbiology Press.
- Brandl, MT (2008). Multiplication of Escherichia coli O157:H7 on Postharvest Lettuce. Appl. Environ. Microbiol. 74(17):5285-5289
- CEAEQ (2014). Lignes directrices concernant les travaux analytiques en microbiologie. Centre d’expertise et d’analyse environnementale du Québec. Repéré à http://www.ceaeq.gouv.qc.ca/accreditation/pala/DR12SCA02_lignes_dir_mic…
- CEAEQ (2015a). Recherche des coliformes totaux et de Escherichia coli avec milieu de culture Colilert® : méthode présence/absence. Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec.
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- Rice, E.W. et A.J. Degnan (2006). Escherichia coli. Dans American Water Works Association Manual of water supply practices (p. 103-106).
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- WHO (2011). Guidelines for drinking-water quality Third edition incorporating the first and second addenda, volume 1, Recommendations. Repéré à http://www.who.int/water_sanitation_health/dwq/gdwq3rev/en/
Fiche rédigée et révisée par : Pierre Chevalier, Ph. D., en collaboration avec les membres du Groupe scientifique sur l’eau de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), des directions de santé publique du Québec (DSP) et du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC).
Citation suggérée pour la présente fiche : Groupe scientifique sur l'eau (2017). Escherichia coli. Dans Fiches synthèses sur l'eau potable et la santé humaine. Institut national de santé publique du Québec
Mise à jour : octobre 2017