L'intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre
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Dans les références consultées, le terme « jeunes » inclut des jeunes d’âge primaire et secondaire jusqu’à la majorité (18 ans). Certaines études incluent également de jeunes adultes (19 à 25 ans). Les résultats se rapportant spécifiquement aux jeunes adultes ont été traités dans L’intimidation vécue par les adultes de la diversité sexuelle et de genre.
Les termes en caractère gras sont définis dans le glossaire. Pour une liste plus exhaustive de définitions, consulter le lexique sur la diversité sexuelle et de genre du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie.
Portrait de l’intimidation chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre
Les acronymes désignent les groupes spécifiques auxquels les résultats se rapportent. Par exemple, « les jeunes gais, lesbiennes et bisexuel·les » sont désigné·es comme « les jeunes LGB ».
La majorité des études portant sur l’intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre consultées ciblent les jeunes gais (G), lesbiennes (L), bisexuel·les (B) ou en questionnement (Q). Le Q réfère ici à des jeunes en questionnement plutôt qu’à des personnes queers qui choisissent ce terme pour affirmer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre1. Peu d’études portent spécifiquement sur l’intimidation vécue par les jeunes trans (T).
Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre (jeunes LGB2–4, jeunes LGBQ5–10, jeunes LGBT11, jeunes LGBTQ12 ou jeunes non-hétérosexuel·les13) sont plus à risque d’être victime d’intimidation que les jeunes hétérosexuel·les. Ces jeunes sont également plus nombreux·ses que les jeunes hétérosexuel·les à être à la fois victime d’intimidation et de cyberintimidation (jeunes non-hétérosexuel·les13) ou d’être à la fois victime d’intimidation et d’autres types de violence (jeunes LGB14) et auraient une probabilité plus grande d’être à la fois une personne auteure et victime d’intimidation (LGBQ8,9). Les jeunes trans en particulier sont plus à risque d’être victimes d’intimidation et de cyberintimidation que les jeunes cisgenres hétérosexuel·les et non-hétérosexuel·les15. Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre sont également plus nombreux·ses que les jeunes hétérosexuel·les à être victimes d’intimidation hétérocisnormative6,12,16,17.
L’intimidation hétérocisnormative envers des personnes de la diversité sexuelle et de genre peut se manifester de différentes manières, par exemple le fait de mégenrer de manière intentionnelle une personne et de ne pas utiliser son ou ses pronoms d’usage, ou menacer de dévoiler l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou le parcours trans d’une personne.
Portrait de la cyberintimidation chez les jeunes de la diversité sexuelle ou de genre
Comme c’est le cas pour l’intimidation, les jeunes de la diversité sexuelle et de genre (jeunes LGB2, jeunes LGBTQ18, jeunes LGBQ5,6,11, jeunes non hétérosexuel·les13) sont plus à risque d’être victimes de cyberintimidation que les jeunes hétérosexuel·les. Les jeunes non hétérosexuel·les seraient également plus nombreux·ses à être à la fois victime d’intimidation et de cyberintimidation que les jeunes hétérosexuel·les13. De plus, les jeunes LGBQ auraient une probabilité plus grande d’être une personne auteure de cyberintimidation7.
Les jeunes trans seraient pour leur part 1,5 fois plus nombreux·ses à être victimes de cyberintimidation que les jeunes cisgenres19. Selon les données de l’enquête canadienne sur la santé des jeunes trans et/ou non-binaires, 31 % des jeunes trans et/ou non-binaires de 14 à 25 ans au Canada ont déclaré avoir été victimes de cyberintimidation en 201920
Facteurs associés à l’intimidation
Facteurs associés à la victimisation des jeunes de la diversité sexuelle et de genre
La manière dont certaines caractéristiques individuelles (p. ex. l’apparence physique), certaines identités (p. ex. l’identité de genre) ou certains statuts (p. ex. le statut socioéconomique) sont perçus ou évalués est influencée par les normes sociales qui prévalent dans un contexte donné et peut être associée au fait de subir des gestes d’intimidation. Dans un contexte où l’hétérocisnormativité est la norme, être un·e jeune de la diversité sexuelle et de genre ou être perçu·e comme tel est en soi un facteur associé à la victimisation. L’identité de genre d’un·e jeune, sa modalité de genre, son expression de genre ou son orientation sexuelle, et ce, que cette personne soit gaie, lesbienne, bisexuel·le, trans, non binaire ou en questionnement peuvent avoir un impact sur l’intimidation subie. À titre d’exemples, les jeunes trans sont plus susceptibles de se faire harceler ou intimider que les jeunes cisgenres, incluant les jeunes lesbiennes, gais ou bisexuel·les cisgenres12 et les garçons qui sont attirés par des personnes de même sexe sont plus susceptibles d’être victimes d’intimidation hétérocisnormative que les filles, et ce, qu’elles soient attirées par des personnes de même sexe ou de sexe différent12,17,21.
Une expression de genre jugée non conforme aux normes de masculinité et de féminité peut également être un facteur associé à la victimisation, que ce soit pour des jeunes de la diversité sexuelle et de genre ou pour de jeunes personnes hétérosexuelles cisgenres16,22. En ce qui concerne les facteurs associés au fait de poser des gestes d’intimidation envers des personnes de la diversité sexuelle et de genre, il a été documenté que les garçons qui ont des attitudes homophobes sont plus susceptibles d’être auteurs d’intimidation hétérocisnormative23.
Facteurs de protection
Les facteurs de protection pouvant contribuer à diminuer le risque d’être victime d’intimidation chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre sont peu documentés. On sait cependant que ces facteurs peuvent être associés au contexte dans lequel les jeunes évoluent. À titre d’exemple, le fait que les jeunes LGBT puissent compter sur le soutien des ami·es en personne plutôt que sur Internet est associé à une moindre fréquence de victimisation en personne et sur Internet24. En milieu scolaire, les écoles où il y a une organisation ou une association qui s’adresse aux jeunes LGBTQ et à leurs allié·es rapportent moins de victimisation chez les jeunes LGBTQ que les écoles où il y n’en a pas25. Les jeunes LGBQ qui fréquentent des écoles offrant des cours d’éducation à la sexualité inclusifs des réalités des personnes de la diversité sexuelle et de genre rapportent également moins de victimisation à l’école26. Le soutien du personnel scolaire et des pairs a aussi été documenté comme facteur de protection pour les jeunes de la diversité sexuelle et de genre27. Certaines études ont également fait ressortir que les étudiant·es qui fréquentent une école ayant des politiques interdisant explicitement l’intimidation basée sur l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre rapportent moins de victimisation basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre et moins d’intimidation comparativement aux étudiant·es fréquentant une école où il n’y a pas de politique en matière d’intimidation ou une école dont la politique n’inclut pas explicitement l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre27–29.
En plus des politiques scolaires, les politiques gouvernementales peuvent contribuer à atténuer le risque que les jeunes de la diversité sexuelle et de genre soient victimes d’intimidation. Des études menées aux États-Unis ont démontré que des états où il y a la présence d’une loi interdisant la discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre en éducation ou d’une loi de lutte contre l’intimidation, ou dont les politiques soutiennent l’égalité pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre présentaient des niveaux moins élevés d’intimidation, d’idées suicidaires et de tentatives de suicide chez les jeunes LGBQ30,31.
Conséquences potentielles
L’intimidation hétérocisnormative vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre peut entraîner différentes conséquences, à la fois pour les jeunes qui en sont victimes et pour les jeunes qui en sont témoins ou qui en entendent parler. Elle peut également affecter le climat du milieu et la perception de la sécurité des jeunes qui y évoluent. En effet, les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui sont témoins d’intimidation hétérocisnormative vécue par autrui peuvent avoir, en réaction, des niveaux plus élevés de détresse32. Il semble également que les jeunes qui ont été victimes d’intimidation hétérocisnormative soient plus à risque de rapporter des conséquences sur leur qualité de vie (p. ex. insatisfaction face à la vie, se sentir moins bien que les autres jeunes, se sentir seul·e) que les jeunes victimes d’intimidation basée sur toute autre raison33. Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui sont victimes d’intimidation ont également un risque plus élevé de déclarer avoir des idéations suicidaires que ceux qui vivent d’autres formes de victimisation par les pairs34; il faut cependant garder à l’esprit que la cause d’un suicide est multifactorielle et que l’intimidation ou certaines conséquences qui en découlent peuvent être considérées comme des facteurs associés au risque, mais ne doivent pas être présentées comme les causes uniques d’un suicide. De plus, les conséquences de l’intimidation hétérocisnormative vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre seraient plus importantes chez les moins de 17 ans que chez les plus âgé·es3.
Parmi les conséquences pouvant découler de l’intimidation hétérocisnormative qui ont été documentées dans la littérature scientifique, on retrouve le fait d’avoir une mauvaise santé mentale35, d’avoir des problèmes de santé physique et des symptômes pouvant s’apparenter à des symptômes de stress post-traumatique (p. ex. penser constamment aux événements, avoir des comportements d’évitement)10,36, de vivre de l’anxiété ou de la dépression32,36, de vivre de la détresse psychologique6,17,32, d’avoir une faible estime de soi6, d’avoir des pensées3,6,34,35,37–40 ou des comportements suicidaires3,37–39, d’avoir des problèmes de consommation d’alcool ou de drogue3,39, d’avoir des comportements d’isolement social (surtout chez les filles)32,36, d’avoir des difficultés de concentration à l’école27, de ne pas ressentir d’appartenance à son milieu scolaire36 et d’avoir le sentiment de ne pas être en sécurité (voir encadré sur la perception et le sentiment de sécurité de leur milieu scolaire). Certains jeunes ont indiqué avoir tenté d’adopter une expression de genre plus conforme aux normes hétérocisnormatives pour éviter de se faire intimider, ce qui leur aurait causé de la détresse émotionnelle22.
Les conséquences et leur gravité peuvent varier selon le sexe ou le genre du jeune, son orientation sexuelle, la gravité et la fréquence des gestes posés ou le type d’intimidation vécue. À titre d’exemples, les jeunes bisexuel·les victimes d’intimidation seraient plus susceptibles d’avoir des idéations suicidaires que les jeunes gais ou lesbiennes34 ou que les jeunes hétérosexuel·les aussi victimes d’intimidation6. De plus, les impacts sur la qualité de vie, les symptômes dépressifs et les idéations suicidaires de l’intimidation fondée sur l’orientation sexuelle perçue seraient plus importants chez les filles que chez les garçons33.
Perception de la sécurité du milieu scolaire et sentiment de sécurité
Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre peuvent vivre de l’insécurité à l’école en raison de l’intimidation dont ces jeunes sont témoins ou victimes. À titre d’exemple, des jeunes de la diversité sexuelle et de genre victimes d’intimidation sont plus susceptibles de percevoir leur école comme étant peu sécuritaire27. Les jeunes dont l’expression de genre est non conforme à la norme hétérocisnormative se sentent également moins en sécurité à l’école que les élèves dont l’expression de genre correspond à cette norme28, notamment parce que ces jeunes ont conscience du risque de vivre de l’intimidation sur cette base. Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre perçoivent également leur milieu comme étant moins sécuritaire pour les jeunes dont l’expression de genre est non conforme aux stéréotypes de genre, et plus particulièrement pour les garçons. Par contre, les élèves perçoivent leur milieu plus sécuritaire pour leurs pairs lorsqu’ils fréquentent une école où le curriculum et l’extracurriculum remettent en cause l’hétéronormativitéou que les défis qui y sont associés sont visibles et connus des élèves. Il semble également que le fait de ne pas correspondre aux normes de genre attendues susciterait plus de violence pour un garçon que pour une fille24,25.
Cette insécurité perçue peut se traduire par de l’évitement. Selon une étude populationnelle menée aux États-Unis, les milieux les plus souvent évités par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre pour des raisons de sécurité ou d’inconforts seraient les classes d’éducation physique, les terrains et les installations d’athlétisme et la cafétéria28. Au Canada, par crainte qu’on les harcèle, qu’on ne les identifie comme personne trans ou que leur identité trans soit révélée, environ le trois quarts des jeunes personnes trans et/ou non-binaires auraient évité les toilettes publiques, la moitié d’entre elles les toilettes et les vestiaires de leur école, les deux tiers les gymnases et les piscines et le cinquième d’entre elles auraient même évité d’aller à l’école20,41. De plus, les jeunes trans, non binaires, ou attiré·es par des personnes du même genre qui ont été victimes d’intimidation sont plus susceptibles de s’absenter fréquemment de l’école sans permission, comparativement aux jeunes cisgenres hétérosexuel·les qui sont victimes d’intimidation35.
Facteurs pouvant atténuer ou diminuer les conséquences de l’intimidation pour les personnes victimes
Certains facteurs associés au contexte dans lequel les jeunes évoluent ou à des caractéristiques qui leur sont propres peuvent dans certains cas atténuer ou diminuer les conséquences pouvant découler de l’intimidation. À titre d’exemples, différentes ressources externes telles que le fait d’avoir des relations sociales significatives avec des adultes du milieu scolaire37 ou d’avoir accès à des groupes de soutien pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre et leurs allié·es pourraient contribuer à atténuer certaines conséquences3. Différentes ressources personnelles telles que la résilience, l’optimisme et la maturité cognitive et affective pourraient également contribuer à atténuer ou diminuer certaines conséquences42. L’âge peut également avoir un effet modérateur puisque certaines études rapportent que les conséquences seraient plus importantes pour les jeunes LGB de 13 à 16 ans que pour les 17 ans et plus3; cet effet peut être attribuable, du moins en partie, au fait que les jeunes développent différentes ressources personnelles au fil des ans43.
Prévention de l’intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre
La prévention de l’intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre est peu documentée. Les grandes stratégies reconnues efficaces en prévention de la violence peuvent cependant contribuer à prévenir l’intimidation vécue par ces jeunes. Par exemple, une stratégie visant à changer les normes sociales et proposer un autre modèle que le modèle hétérocisnormatif, dans un contexte où il s’agit d’une norme en vigueur, pourrait diminuer le risque qu’un·e jeune de la diversité sexuelle et de genre ou perçu·e comme tel puisse être victime d’intimidation.
Certaines dimensions pouvant contribuer à la réussite d’un programme de prévention chez les jeunes en milieu scolaire peuvent être applicables aux programmes visant la prévention de l’intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre. L’accent pourrait également être mis sur certains facteurs de protection tels que le fait d’avoir accès à de l’information et à du soutien à propos de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre28, la présence de groupes de soutien pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre et leurs allié·es25 et la mise en place d’une politique anti-intimidation interdisant explicitement l’intimidation basée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre44. Au Québec, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre sont d’ailleurs des motifs interdits de discrimination enchâssés dans la Charte des droits et libertés de la personne. Pour connaître des ressources d’aide et des outils, consultez la page Aide et banque d’outils pour prévenir et contrer l’intimidation du site web du gouvernement du Québec.
Pistes d’action pour contrer l’intimidation à caractère homophobe en milieu scolaire selon une étude réalisée auprès de psychologues scolaires québécois·es
Une étude québécoise s’est intéressée aux perceptions des psychologues scolaires en ce qui concerne l’intimidation à caractère homophobe ainsi que les actions menées par les équipes-écoles pour la contrer. Des entretiens ont été menés auprès de trente psychologues scolaires travaillant dans des écoles primaires, secondaires, ou les deux. Les participant·es ont recommandé certaines actions à privilégier, en voici quelques exemples :
- Mettre en œuvre des activités de sensibilisation sur la diversité sexuelle sous forme de témoignages, de discussions dans les salles de classe ou des kiosques lors des semaines thématiques de sensibilisation sur la diversité sexuelle. Ces activités peuvent être animées par des personnes intervenantes d’organismes communautaires.
- Offrir une formation continue sur l’intimidation ou la diversité sexuelle au personnel scolaire, ce qui permettrait d’établir un protocole clair et uniforme pour documenter les actes d’intimidation et d’intimidation à caractère homophobe dans les écoles.
- Mettre en œuvre des activités de sensibilisation à visée éducative pour contrer l’intimidation, comme les tournées de classe pour sensibiliser les élèves à l’intimidation.
- Mettre en œuvre des groupes de réseautage pour les élèves, afin notamment de briser l’isolement des jeunes.
Standardiser les démarches de lutte contre l’intimidation d’une année à l’autre et entre les différentes écoles. Ces démarches, qui sont comprises dans les plans de lutte contre l’intimidation mis en œuvre dans les écoles, incluent les semaines thématiques contre l’homophobie, les sanctions disciplinaires pour les personnes auteures d’intimidation selon un protocole prédéfini, la relation d’aide, les tournées des classes pour sensibiliser les élèves à l’intimidation, les compilations statistiques sur les actes d’intimidation, les semaines thématiques, la surveillance dans la cour d’école et la dénonciation d’actes d’intimidation45.
Glossaire
Les définitions du glossaire sont tirées et adaptées de différentes sources46–50.
- Allié·e : personne qui soutient par des gestes concrets les personnes de différentes orientations sexuelles, identités et expressions de genre dans le but de contribuer à leur bien-être ou à une plus grande acceptation de leurs réalités.
- Bisexuel·le : personne qui ressent de l’attirance romantique et/ou sexuelle pour les personnes du même genre qu’elle et d’un genre différent du sien (p. ex. attirance pour les hommes et les femmes). La notion de pansexualité (attirance pour une personne, peu importe le genre) est parfois associée à la bisexualité. Les attirances ou orientations sexuelles envers plusieurs genres sont aussi parfois regroupées sous l’expression plurisexualité. Les personnes plurisexuelles sont aussi parfois regroupées sous l’acronyme Bi+.
- Cisgenre (cis) : personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance.
- Cisnormativité : système de normes et croyances qui renforce l’imposition de la modalité cisgenre comme seul mode de vie ou seule modalité de genre légitime. La cisnormativité se manifeste soit par l’effacement des personnes trans, soit par un préjugé favorable envers les personnes cisgenres, ou encore par ces deux prémisses.
- Expression de genre : manière dont une personne exprime ouvertement son genre. Cela peut inclure ses comportements et son apparence, comme ses choix vestimentaires, sa coiffure, le port de maquillage, son langage corporel et sa voix.
- Hétérocisnormativité : système hiérarchique, ancré dans la binarité des genres et des orientations sexuelles, dans lequel les personnes hétérosexuelles et cisgenres possèdent des privilèges et sont vues comme la norme.
- Hétéronormativité : affirmation de l’hétérosexualité comme un modèle normatif perpétué par l’ensemble des relations, actions, institutions et savoirs qui place l’hétérosexualité comme la norme à suivre en matière d’orientation sexuelle. L’hétéronormativité postule un système de genre binaire dans lequel les sexes masculin et féminin seraient complémentaires. Elle présuppose une concordance nécessaire entre le sexe assigné à la naissance, l’identité de genre et l’orientation sexuelle.
- Homophobie : attitudes ou manifestations de mépris, de rejet, de haine ou de violence à l’endroit d’une personne ou d’un groupe de personnes en fonction de l’orientation sexuelle réelle ou perçue. On peut notamment décliner l’homophobie en lesbophobie, en gaiphobie ou en biphobie.
- Identité de genre : expérience intime et personnelle de son genre, qu’elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance. Une personne peut ainsi s’identifier au genre masculin, au genre féminin ou encore se situer entre ou à l’extérieur de ces deux pôles, et ce, indépendamment de son sexe assigné à la naissance.
- Mégenrer : désigne l’utilisation de mots (noms, adjectifs et pronoms) qui ne correspondent pas au genre auquel une personne s’identifie.
- Modalité de genre : expérience de genre d’une personne en relation (congruence ou incongruence) avec le sexe qui lui a été assigné à la naissance. Par exemple, une femme cis et une femme trans ont la même identité de genre (femme), mais elles n’ont pas la même modalité de genre (femme cisgenre et femme transgenre).
- Non binaire : personnes dont l’identité de genre n’est pas entièrement féminine ou masculine et/ou qui ne se perçoivent pas comme homme ou femme. Ces personnes s’identifient peut-être avec l’un ou plusieurs des termes suivants : genderqueer, genderfluid, genre neutre, agenre, androgyne ou neutrois. Il se peut également qu’elles aient recours à d’autres d’expressions. Certaines personnes non binaires s’identifient comme étant trans, mais ce n’est pas toujours le cas.
- Orientation sexuelle : attirance romantique et/ou sexuelle pour différents genres (le même que le sien, différent du sien, plusieurs genres, aucun genre).
- Pronom d’usage : pronom qu’une personne souhaite qu’on utilise pour la désigner. Il permet également de communiquer son identité de genre aux autres. Une personne peut avoir un ou plusieurs pronoms d’usage, par exemple elle, il, iel et ul.
- Queer : terme d’origine anglo-saxonne réapproprié par les personnes des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans de manière à en faire un symbole d’autodétermination et de libération plutôt qu’une insulte. Désigne les personnes qui ne s’identifient pas à l’organisation binaire et rigide des sexes (homme/femme) et des genres (masculin/féminin) et dont l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre est fluide (changeante ou inclassable).
- (En) questionnement : personne se questionnant quant à son orientation sexuelle ou son identité de genre. Ce questionnement peut se faire à tout âge.
- Stéréotypes de genre : caractéristiques arbitraires (fondées sur des idées préconçues) que l’on attribue à un groupe de personnes en fonction de leur sexe biologique.
- Trans : terme parapluie qui englobe une diversité d’identités revendiquées par des personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au genre assigné à la naissance. Il peut s’agir notamment de personnes transsexuelles, de personnes transgenres, de personnes queers, d’hommes ou de femmes avec un parcours trans, de personnes non binaires dans le genre. Selon le contexte, l’usage de ce terme est préféré à celui de personne transgenre ou transsexuelle, étant plus inclusif ou moins catégorisant.
- Victimisation : fait, pour une personne, d’être victime d’un acte de violence. Le terme « victimation » est également parfois utilisé pour parler du même phénomène.
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Ce texte a été rédigé en 2018 avec la collaboration de Martin Blais, professeur titulaire, et de Léa Seguin, alors étudiante au doctorat, Département de sexologie, Université du Québec à Montréal. Il a été mis à jour en 2024 avec la collaboration de Martin Blais ainsi que d’Elizabeth Parenteau et Stéphanie Gingras Dubé, conseillères scientifiques, Institut national de santé publique du Québec.