Altitude : risques et recommandations
Problèmes cardiaques et pulmonaires
- Étant donné que l’organisme augmente sa ventilation en réponse à l’exposition à la haute altitude, toute condition qui a des effets sur cette réponse aura des effets sur la tolérance à la haute altitude. Par exemple, une personne qui a subi une chirurgie des artères carotides et qui a perdu la fonction des corps carotidiens risque d’être plus hypoxique en haute altitude.
- D’autres considérations peuvent avoir un effet bénéfique sur certaines conditions pulmonaires. Ainsi, les personnes souffrant d’asthme allergique se sentent mieux en haute altitude en raison de la diminution des allergènes et de la pollution atmosphérique, et de la densité plus faible de l’air.
- Il ne semble pas y avoir de risque accru de mort soudaine par maladie cardiaque en haute altitude. Cependant, l’exercice et l’hypoxie combinés peuvent représenter un risque plus important que l’un ou l’autre seul, spécialement chez les personnes qui ne font pas d’exercice. Il est donc recommandé aux hommes de 40 ans et plus qui envisagent d’aller en haute altitude impliquant de l’exercice, de s’entrainer avant de partir1.
- Certains auteurs proposent des critères pour évaluer le risque encouru à l’exposition en haute altitude : fraction d’éjection sanguine cardiaque, niveau du segment ST à l’électrocardiogramme (ECG), grade de l’ectopie ventriculaire. Ces critères nécessitent des examens invasifs et coûteux. Ils pourraient être indiqués pour des personnes avec atteinte ou instabilité de la condition médicale.
En regard de la maladie coronarienne, Keystone suggère une approche selon l’ECG, l’épreuve à l’effort, la présence ou non de symptômes et de facteurs de risque pour les hommes de 50 ans et plus. - Retenons qu’un questionnaire sur les symptômes reliés aux systèmes cardiaque et respiratoire est un élément minimal à considérer pour l’évaluation du risque à la santé d’une expédition en haute altitude.
Maladies neurologiques
- On ne sait pas si la haute altitude a un effet sur la fréquence et la sévérité de la migraine ou les céphalées ressenties en basse altitude. Cependant, il peut y avoir apparition de migraine en haute altitude. Le diagnostic différentiel avec le mal aigu des montagnes doit être considéré.
- L’incidence de l’ischémie cérébrale transitoire peut être accrue en haute altitude. Toute atteinte cérébrovasculaire représente un risque accru. Pour ces personnes, il n’est pas recommandé de dépasser 3 000 mètres d’altitude.
- La haute altitude pourrait abaisser le seuil de convulsion. Les personnes sous médication et dont la maladie est contrôlée ne courent pas de risque supplémentaire.
Autres risques
Diabète
Les difficultés rencontrées sont liées à un effort physique accru, à un mauvais fonctionnement du glucomètre dû au froid, et à la confusion entre les symptômes causés par l’hypoglycémie et le mal aigu des montagnes.
Conditions ophtalmologiques
- Les personnes ayant subi une kératotomie radiale peuvent souffrir de difficultés visuelles en haute altitude.
- Les kératotomies par laser ne semblent pas affecter la vision.
- Les patients atteints de rétinopathie ne devraient pas monter au-delà de 3 500 mètres.
- Les personnes qui portent des lentilles de contact devraient préserver le liquide de nettoyage du gel.
Gynécologie/obstétrique
- Aucune donnée ne permet d’affirmer que la prise de contraceptifs oraux (C.O.) ou d’un traitement oestrogénique constitue un risque en haute altitude.
- Les grossesses à risque peuvent se détériorer en haute altitude. Une femme enceinte qui se rend en haute altitude devrait s’assurer que sa grossesse est normale préalablement.
- La disponibilité et la qualité des soins médicaux, les risques de traumatismes et d’autres risques reliés à la vie sauvage et au voyage dans un pays en voie de développement sont davantage préoccupants que le risque relié à une hypoxie modérée.
Conditions psychiatriques
Chez les personnes ne souffrant pas de troubles psychiatriques, il semble se produire des changements dans l’humeur et la personnalité au-delà de 4 000 mètres. Rien n’indique que les personnes malades sont plus à risque. L’excrétion du lithium n’est pas altérée par la haute altitude. Recommander la prudence.
Enfants
Les enfants sont très sensibles à l’hypoxie qui se manifeste par les symptômes du mal aigu des montagnes et une désaturation en oxygène importante. De plus, les plus jeunes d’entre eux pourraient ne pas être en mesure de bien exprimer leurs symptômes. Il est donc essentiel de surveiller de près les jeunes enfants durant leur ascension en haute altitude.
Bien que certains déconseillent le voyage en haute altitude aux enfants âgés de moins de 12 mois, et même de 18 mois pour d’autres, il n’existe pas de données scientifiques appuyant une telle restriction. Cependant, pour les enfants plus âgés, le risque de mal aigu des montagnes ne semble pas plus important que pour les adultes.
Tableau sommaire
Tableau 1 – Risques et recommandations relatives à un séjour en haute altitude
Risques faibles |
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Risques documentés Considérer un suivi médical, la disponibilité de l’oxygène |
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Risques importants Montée en haute altitude non recommandée |
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- Keystone JS, Kozarsky PE, Freedman, DO, Nothdurft HD, Connor BA. Travel medicine. Edinburgh, Mosby, 2004.