Zika
Le virus Zika est un Flavivirus, de la famille des Flaviviridae, comme le virus du Nil occidental, ceux de la fièvre jaune et de la dengue.
Transmission
Le virus Zika est transmis principalement par les moustiques du genre Aedes. Les moustiques Aedes piquent généralement le jour. Le principal vecteur du virus Zika, Aedes aegypti, se retrouve surtout dans les régions tropicales et subtropicales. Quant à Aedes albopictus, il est présent dans des zones plus tempérées, sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. Les primates (humains et non-humains) constituent le réservoir du virus.
Les moustiques vecteurs du virus Zika ne sont pas établis au Québec présentement.
D’autres voies de transmission ont été rapportées :
- sexuelle, lors de rapports non protégés;
- intrautérine et périnatale;
- par transfusion de sang provenant de donneurs infectés (très rare), et possiblement par greffe d’organe.
Le virus peut être détecté dans le lait maternel, mais le risque de transmission par allaitement maternel est inconnu.
Tableau clinique
Chez 70 à 80 % des cas, aucun symptôme n’est apparent. Chez les autres, les symptômes sont habituellement bénins et durent de 2 à 7 jours. Ils se caractérisent principalement par de la fièvre (peu élevée), des douleurs articulaires, une conjonctivite et des éruptions cutanées. D’autres symptômes incluent de la fatigue, des douleurs musculaires et des maux de tête.
Les complications
De cas rares d’encéphalopathie, de méningoencéphalite, de myélite, d’uvéite et de thrombocytopénie sévère ont été rapportés.
Syndrome de Guillain-Barré (SGB)
Des complications neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré ont été documentées chez des personnes infectées par le virus Zika. Le SGB est souvent déclenché par une infection bactérienne ou virale. Dans le cas du virus Zika, une augmentation inhabituelle des cas de SGB a été rapportée dans les pays touchés par le virus. Les données suggèrent actuellement un lien causal entre l’infection au virus Zika et le SGB, l’hypothèse la plus probable étant que le virus soit un déclencheur du SGB.
Grossesse et syndrome de Zika congénital (CZS)
Une relation causale a été établie entre les infections prénatales au virus Zika et les cas de microcéphalies et autres anomalies cérébrales congénitales.
En effet, la transmission materno-fœtale du virus Zika est possible, et elle peut engendrer des événements indésirables chez le fœtus : mort fœtale in utero, microcéphalie, malformations du cerveau, des membres et des yeux. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que de 5 à 15 % des nourrissons nés de mères infectées avec le virus Zika durant leur grossesse peuvent avoir des complications liées au virus. Les malformations congénitales peuvent survenir à la suite d’une infection symptomatique ou asymptomatique. Le risque est plus important si la mère contracte le virus au cours du premier trimestre, mais tous les trimestres sont à risque. D’autres complications incluent des mortinaissances et la prématurité.
Épidémiologie
Historiquement, le virus Zika a d’abord été identifié en Ouganda, chez les singes en 1947 puis chez les humains en 1952. Des éclosions ont été rapportées en Afrique et en Asie dans les années 1960-1990, engendrant habituellement des symptômes bénins. La première épidémie a été rapportée en Micronésie en 2007. Le virus Zika a fait son apparition dans les Amériques en 2014 sur l’île de Pâques. En mai 2015, le virus a été signalé au Brésil, et en juillet 2015, ce même pays rapportait une association entre le virus Zika et la microcéphalie chez des bébés nés de mères infectées. Le virus Zika s'est propagé par la suite dans les régions tropicales et subtropicales des Amériques. En 2016, des éclosions importantes sont survenues dans les Caraïbes et il y a eu également de la transmission locale limitée dans certaines parties des États américains de la Floride et du Texas. Depuis 2017, le nombre de cas a décliné dans toutes les régions, avec une augmentation occasionnelle dans certains pays. À ce jour, 89 pays et territoires ont rapporté la transmission du virus Zika par les moustiques.
Selon le dernier rapport du 8 février 2022 de l’OMS, la transmission du virus Zika persiste dans plusieurs pays, quoiqu’à des niveaux assez bas. La France en 2019 (région du Var) et l’Inde en 2021 ont été ajoutées à la liste des pays avec transmission autochtone. La vigilance reste de mise.
L’organisation panaméricaine de la santé (OPS) maintient un site de surveillance avec les données hebdomadaires par pays pour les Amériques.
Risques en voyage
Le risque pour un voyageur ou une voyageuse de contracter une infection à virus Zika est considéré comme faible actuellement, mais les conséquences pour une personne enceinte ou un couple qui veut concevoir peuvent être importantes.
Au Québec
À la lumière des informations disponibles, les experts estiment que le risque de transmission vectorielle du virus Zika au Québec est négligeable actuellement. En effet, les vecteurs (Aedes aegypti et Aedes albopictus) ne sont pas établis au Québec.
Cas signalés au Canada
Presque tous les cas d’infections au virus Zika signalés au Canada sont survenus chez des voyageurs et voyageuses ayant visité les régions touchées par le virus. Entre octobre 2015 et le 31 août 2018, 569 cas acquis en voyage et 4 cas acquis par voie sexuelle sans histoire de voyage ont été déclarés au Canada. Durant cette période, 45 des cas étaient chez des personnes enceintes et moins de 5 cas du syndrome congénital de Zika ont été déclarés.
Prévention
À l'heure actuelle, il n'existe aucun vaccin disponible contre le virus Zika, mais des vaccins sont en cours de développement. En l’absence de traitement spécifique, l’accent doit être mis sur la prévention de l’infection. Les voyageurs et voyageuses qui séjournent dans des régions où le virus Zika est endémique doivent prendre des mesures de protection personnelles pour éviter d’être piqués le jour. Pour plus d’informations sur les mesures de protection personnelles contre les moustiques, consulter la section Arthropodes.
Prévention en voyage
Le risque actuel d'infection par le virus Zika a considérablement diminué parmi les voyageuses et voyageurs canadiens, mais les personnes intervenant en santé-voyage doivent demeurer vigilantes quant à l'activité du virus dans les régions tropicales et subtropicales.
À titre informatif, les Centers for Disease Control (CDC) des États-Unis maintiennent une carte à jour sur l’épidémiologie mondiale du Zika.
Au Québec, le Comité consultatif du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine recommande aux personnes enceintes ou qui planifient une grossesse de reporter tout voyage dans une zone de transmission vectorielle active du virus Zika. Si le voyage ne peut être reporté, ces personnes doivent appliquer rigoureusement les mesures de protection personnelle pour se protéger des piqûres de moustiques en plus des mesures de prévention de la transmission par voie sexuelle. Il est fortement recommandé d’attendre au moins 2 mois après leur retour d’un voyage dans un pays où il y a des cas récents et continus d’infection au virus Zika avant de devenir enceinte.
Les CDC et le Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV) de l’Agence de santé publique du Canada recommandent également aux hommes d’attendre au moins 3 mois après leur retour de ces régions avant d'essayer de concevoir un enfant ou d'avoir des relations sexuelles non protégées.
Pour les recommandations détaillées concernant les voyageurs, consulter le tableau 1a – Recommandations pour la prévention du virus Zika, de la déclaration du CCMTMV.
Recommandations pour l’allaitement
Bien que le virus Zika soit détectable dans le lait des femmes qui allaitent, aucun cas de transmission au bébé n’a été identifié. Il est donc recommandé aux femmes allaitantes de poursuivre l’allaitement normalement, même dans le cas où la mère serait infectée par le virus.
Hémohistovigilance
Concernant les délais d'attente avant les dons de sang, de tissus ou d'organes, voir le site d'Héma-Québec pour plus d'informations.
Références
- Agence de la santé publique du Canada. Virus Zika : Prévention et risques. 2019.
- Agence de la santé publique du Canada. Virus Zika : Pour les professionnels de la santé. 2023.
- Centers for Disease Control and Prevention. Zika Travel Information.
- Centers for Disease Control and Prevention. Zika Symptoms and Complications. 2025.
- Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV). Recommandations sur la prévention et le traitement du virus Zika. 2020.
- Comité consultatif du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Recommandations pour les professionnels de la santé : Prévention et dépistage de l’infection par le virus Zika chez la femme enceinte ou désirant le devenir et son partenaire. 2018.
- Gouvernement du Québec. Virus Zika. 2023.
- Institut national de santé publique du Québec. Évaluation du risque d’émergence et de transmission vectorielle du virus Zika au Québec. 2016.
- Martin S, Staples JE. Zika. Dans: CDC Yellow Book 2024. 2023.
- Organisation mondiale de la Santé. Breastfeeding in the context of Zika virus. 2016.
- Organisation mondiale de la Santé. Situation report: Zika virus, microcephaly, Guillain-Barré syndrome. 2016.
- Organisation mondiale de la Santé. Information for travellers visiting countries with Zika virus transmission. 2019.
- Organisation mondiale de la Santé. Countries and territories with current or previous Zika virus transmission (map). 2022.
- Organisation mondiale de la Santé. Zika epidemiology update - February 2022. 2022.
- Organisation mondiale de la Santé. Zika virus. 2022.
- Organisation mondiale de la Santé. Countries and territories with current or previous Zika virus transmission. 2023.
Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs
Collaborateurs
Karl Forest-Bérard, Direction de la valorisation scientifique et qualité
Alejandra Irace-Cima, Direction des risques biologiques