Portrait du tabagisme pendant la grossesse
Quelques chiffres
Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes menée en 2017-2018, un peu plus d’une femme québécoise sur dix (11 %) déclare avoir fumé pendant sa grossesse, alors que la prévalence canadienne est de 8 % (Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 2020). L’usage réel du tabac chez les femmes enceintes pourrait cependant être plus grand que ce qu’indique cette donnée. En effet, selon plusieurs auteurs, la stigmatisation sociale entourant le tabagisme durant la grossesse inciterait plusieurs femmes à ne pas divulguer leur usage de tabac (Agence de la santé publique du Canada, 2009 ; National Center for Chronic Disease Prevention and Health Promotion, 2014 ; Greaves et coll., 2011). On estime que presque le quart des femmes enceintes qui fument ne révèlent pas leur statut tabagique à leur professionnel de la santé (Diamanti et coll., 2019).
Des données de 2006-2007 révèlent toutefois que plus de la moitié des Canadiennes enceintes qui faisaient usage de tabac avaient arrêté de fumer avant leur troisième trimestre de grossesse (Agence de la santé publique du Canada, 2016).
En ce qui a trait à l’exposition à la fumée du tabac pendant la grossesse, aucune donnée ne permet d’en estimer l’ampleur chez les femmes canadiennes.
Qui est plus susceptible de fumer?
Certaines femmes sont plus susceptibles de fumer durant leur grossesse. Les facteurs ci-dessous seraient associés à une plus grande prévalence du tabagisme chez les femmes enceintes (Agence de la santé publique du Canada, 2016 ; Claire et coll., 2020 ; Greaves et coll., 2011 ; Greaves et coll., 2019 ; United States Public Health Service Office, et coll., 2020) :
- le jeune âge : à titre d’exemple, en 2017, la prévalence du tabagisme durant la grossesse était de 15 % chez les Canadiennes âgées de 25-29 ans alors qu’elle était de 7 % chez les femmes de 30-34 ans (Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 2020) ;
- un faible niveau de scolarité : en 2017, 28 % des Canadiennes n’ayant pas terminé leurs études secondaires ont affirmé avoir fait usage de produits du tabac pendant leur grossesse comparativement à 5 % des femmes avec au moins un certificat ou un diplôme d’études postsecondaire (Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 2020) ;
- un faible niveau de revenu ;
- la multiparité : les femmes sont plus susceptibles de fumer durant leurs grossesses subséquentes que pendant leur première grossesse ;
- un niveau de dépendance au tabac élevé : les femmes qui fument plus de 20 cigarettes par jour sont beaucoup plus susceptibles de continuer à fumer que celles qui en fument moins de 5 par jour ;
- un niveau élevé de stress ou une dépression ;
- la cohabitation avec des fumeurs, dont le coparent ;
- la consommation d’alcool ou de drogues ;
- le fait de vivre ou d’avoir vécu de la violence conjugale.