Introduction
Chaque année, il y a plus de personnes qui meurent par suicide dans le monde que de victimes de guerre, de conflits armés, d’attentats terroristes et d’homicides réunies [1]. Le suicide existe dans tous les pays du monde et n’épargne aucun groupe; il est présent à tous les âges, affecte tous les groupes ethniques, sociaux et culturels, les riches aussi bien que les pauvres. Les personnes souffrant d’un trouble de santé mentale en sont cependant particulièrement touchées. Depuis les années 70, le Québec a acquis la réputation – non justifiée – d’avoir un des taux de suicide les plus hauts au monde. Il est vrai qu’il y a eu une augmentation importante des décès par suicide dans les années 70, que les taux ont été relativement stables dans les années 80, et qu’il y avait une hausse dans les années 90. Cependant, depuis 1999, soit une année après l’adoption de la Stratégie québécoise d’action face au suicide [2], le taux de suicide au Québec a diminué chaque année de 4,1 % en moyenne pour les hommes et de 2,6 % pour les femmes. On a également observé une impressionnante diminution des suicides chez les jeunes Québécois : ainsi, en 2009, le taux était à moins de la moitié par rapport à 1999.
Nous commençons ce chapitre par les définitions des comportements suicidaires. Ensuite, nous dressons un portrait de la situation au Québec, en comparaison avec le Canada et différents pays, ainsi que de son évolution dans le temps. Nous présentons un modèle écologique pour comprendre les facteurs de risque et les facteurs de protection associés au suicide, de même que le modèle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les liens entre les facteurs de risque de suicide et les interventions pertinentes [1]. Nous abordons enfin les enjeux liés au suicide à différents stades de la vie, les modèles explicatifs, les mesures de prévention du suicide et de promotion de la santé mentale actuellement implantées au Québec, ainsi que les actions à privilégier dans l’avenir.