Méningocoque : épidémiologie
Les infections invasives à méningocoque surviennent de façon sporadique dans le monde entier. En tout temps, il est estimé que de 5 à 10 % de la population est porteuse de la bactérie Neisseria meningitidis.
La maladie invasive est rare dans les régions non épidémiques avec un taux d’incidence variant de 0,5 à 10 cas / 100 000 personnes / année. Ce taux peut s’élever jusqu’à 1 000 cas / 100 000 personnes / année dans les régions endémiques ou en période épidémique. Les éclosions se produisent en hiver et au printemps dans les régions tempérées, et durant la saison sèche dans les régions tropicales. En général, la maladie touche surtout les enfants et les jeunes adultes.
Pays endémiques ou à risque épidémique de l’Afrique
En Afrique, il y a 26 pays où la méningite à méningocoque est endémique ou à risque épidémique : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo (République démocratique du Congo), Côte d’Ivoire, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée (Conakry), Guinée-Bissau, Kenya, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, Rwanda, Sénégal, Soudan, Soudan du Sud, Tanzanie, Tchad et Togo.
Plusieurs de ces pays ont des régions qui se trouvent dans la ceinture africaine de la méningite, une zone située dans la savane de l’Afrique subsaharienne qui s’étend de la Gambie et du Sénégal à l’ouest jusqu’en Éthiopie à l’est. Dans cette ceinture méningée, la méningite à méningocoque est hyperendémique et le risque épidémique est très élevé durant la saison sèche, de novembre à juin.
Dans toutes ces régions, les sérogroupes A, C, W-135, X et Y du Neisseria meningitidis sont prévalents. Avant l’introduction du vaccin conjugué contre le sérogroupe A en 2010, ce sérogroupe était responsable de la grande majorité des cas de méningites en Afrique. Bien que l'incidence de la méningite à N. meningitidis de sérogroupe A ait diminuée de façon spectaculaire depuis (aucun cas rapporté depuis 2018), des épidémies causées par d'autres sérogroupes de N. meningitidis (C, X et W) et d’autres agents pathogènes tels que Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae, se poursuivent. Un total de 19 589 cas suspects de méningite a été rapporté en 2020, dont 10 021 durant la saison épidémique qui s’étend de novembre à juin selon la région et l’année (l’OMS la définit comme la période allant de la semaine épidémiologique 1 à 26).
Des épidémies majeures de N. meningitidis de sérogroupe C se sont présentées surtout au Nigéria et au Niger depuis 2013 en raison de la circulation d’une souche hypervirulente de N. meningitidis de sérogroupe C (ST-10217). Des éclosions de cette souche ont également été rapportées au Bénin en 2020 et au Burkina Faso et au Togo en 2019.
Dans la ceinture africaine de la méningite, le seuil d'alerte de l’OMS est de 3 cas suspects / 100 000 habitants / semaine, et le seuil épidémique est de 10 cas suspects / 100 000 habitants / semaine. Le seuil épidémique détermine quand les mesures de contrôle doivent s'appliquer (p. ex. : la vaccination de masse). On peut définir une flambée survenant en dehors de la ceinture de la méningite comme une augmentation importante de la méningococcie invasive dans une population donnée, au-dessus de ce à quoi on pourrait s’attendre dans cet endroit et à ce moment-là.
Ailleurs dans le monde
En Europe, l’incidence de la méningococcie se situe entre 0,2 et 14 cas / 100 000 habitants / année. On y retrouve surtout les sérogroupes A, B et C avec une prédominance pour le sérogroupe B depuis l’instauration de la vaccination contre le sérogroupe C qui était auparavant dominant. Un schéma analogue est rapporté en Australie et en Nouvelle-Zélande et dans les Amériques, où l’incidence de la méningococcie se situe entre 0,3 et 4 cas / 100 000 habitants / année.
Les données de la surveillance de nombreux pays, en particulier en Asie, sont incomplètes ou manquantes et on ne dispose pas actuellement d’une estimation fiable de la charge de morbidité mondiale de cette maladie.
Pour les infections invasives à méningocoque, seuls les pays qui présentent un risque particulier d’infection (endémicité modérée à forte) font l’objet d’une mention dans notre section Recommandations par pays. Lorsqu’elles sont connues, la répartition géographique des régions à risque dans chaque pays est précisée ainsi que la saisonnalité du risque s’il y a lieu. Cependant, compte tenu de la variabilité de ces paramètres, on ne devrait pas les utiliser de manière restrictive pour juger de l’indication de la vaccination.