Pistes d’action prometteuses pour soutenir la préparation à l’accouchement

La littérature présente des pistes d’action prometteuses susceptibles de soutenir la préparation à l’accouchement des femmes et de leur famille. Une section est proposée pour chaque piste.

Agir précocement

Dans le domaine de la périnatalité et de la petite enfance, il est reconnu qu’agir précocement, soit dès la conception ou dès le premier trimestre de grossesse, permet d’avoir un plus grand impact sur la santé des mères et des tout-petits27,42.

Les futurs parents gagnent à réfléchir rapidement au lieu de naissance et au type de suivi qu’ils désirent. Ils peuvent ainsi maximiser leurs chances d’avoir un suivi de grossesse qui leur convient dès le premier trimestre. Les services liés à la préparation à l’accouchement ont avantage à être offerts dès le début de la grossesse, notamment parce que certaines façons de gérer la douleur, comme l’hypnose, pourraient être plus efficaces si elles sont entreprises au premier ou au deuxième trimestre3,40.

La grossesse est une période de contacts fréquents entre les parents et le milieu de la santé43, au cours de laquelle les intervenants et intervenantes en périnatalité peuvent :

  • Fournir de l’information sur les différences entre les professionnelles et professionnels de la santé qui peuvent suivre une grossesse et accompagner lors de l’accouchement. Dès le début du suivi de grossesse, expliquer aux femmes les particularités du suivi et offrir des éléments de comparaison avec d’autres types de suivi pourraient leur permettre de faire un choix éclairé et de choisir les services qui correspondent davantage à leur condition, leurs besoins et leurs préférences. Les intervenants et intervenantes en périnatalité peuvent également orienter les femmes vers certains services spécifiques (doulas, psychologues, travailleurs sociaux, par exemple). Bien entendu, l’accès aux diverses professionnels et professionnelles peut varier en fonction des disponibilités17. Au Québec, le service Ma grossesse donne de l’information sur le personnel de la santé susceptibles d’assurer un suivi de la grossesse et un accompagnement lors de l’accouchement.
  • Aborder la gestion de la douleur tôt pendant le suivi de grossesse — Comme certaines méthodes de gestions de la douleur ne sont pas disponibles dans tous les lieux de naissance et que certaines méthodes demandent de la pratique pendant la grossesse, il s’avère pertinent d’informer rapidement les femmes enceintes38–40.

Au Québec, les suivis de grossesse médicaux au premier trimestre sont en augmentation. En 2008, 36 % des femmes n’avaient pas eu accès à un suivi de grossesse au premier trimestre alors qu’en 2017, cette proportion avait diminué à 23,5 %44. L’avis de grossesse provincial informatisé Ma Grossesse, lancée en 2022, vise à donner accès à de l’information et à des professionnels de la santé plus rapidement.

Offrir des services dans une perspective d’universalisme proportionné

Le principe de l’universalisme proportionné, qui implique des actions universelles, mais avec des modalités ou une intensité qui varient selon les besoins, est reconnu efficace pour réduire l’effet du gradient social sur la santé. Ce principe est utilisé dans le domaine de la périnatalité et de la petite enfance, en plus d’être privilégié par le Programme national de santé publique (PNSP) 2015-202543.

Dans le contexte de la préparation à l’accouchement, ce sont principalement les futurs parents sans enfant qui nécessitent davantage de soutien. Certaines personnes vivant dans des situations particulières peuvent également avoir des besoins spécifiques, par exemple les personnes handicapées, les familles à faible revenu, celles ayant un faible niveau d’éducation, les familles monoparentales, les jeunes parents et les parents issus de groupes ethniques minoritaires20,22,31,45.

Concrètement, les intervenants et intervenantes en périnatalité peuvent :

  • Offrir des services universels — Toutes les familles devraient avoir accès à des services périnataux qui incluent la préparation à l’accouchement et être invitées à en bénéficier. Ces services doivent être adaptés aux besoins et aux réalités des familles.
  • Prioriser les familles primipares — Celles et ceux qui vivent un accouchement et deviennent parents pour la première fois ont des besoins particulièrement importants en termes de préparation à l’accouchement41. Certaines études suggèrent que les pratiques de préparation à l’accouchement seraient plus bénéfiques pour les parents qui donnent naissance pour la première fois que pour ceux qui sont déjà parents23,39,46.
  • Proposer des pratiques de préparation à l’accouchement aux familles multipares selon leurs besoins — Certaines études suggèrent que les familles multipares auraient tout autant besoin d’information et de préparation à l’accouchement que les familles primipares, car chaque grossesse et chaque accouchement est différent. En ce sens, il n’est pas rare qu’un parent ait déjà eu des enfants, mais pas l’autre, que les grossesses précédentes se soient déroulées hors Québec ou qu’une femme ait un premier accouchement vaginal après une ou des césariennes. De plus, certains parents non satisfaits de leur première expérience désirent faire autrement pour les grossesses et accouchements à venir47.
  • Considérer les besoins spécifiques selon les contextes dans lesquels vivent le ou les parents — Plusieurs façons de considérer les besoins spécifiques des parents existent :
    • Faire un effort supplémentaire afin d’améliorer les façons de rejoindre et d’amener ces groupes à participer à des activités de préparation à l’accouchement22.
    • Ajuster le contenu des activités de préparation à l’accouchement de manière à répondre aux besoins spécifiques de ces groupes22.
    • S’assurer que les pratiques permettent d’assurer la sécurité émotionnelle, culturelle et spirituelle des groupes concernés.
    • Former le personnel qui anime ou crée les activités de préparation à l’accouchement ou encore qui soutiennent directement les femmes lors de la grossesse et l’accouchement; leur fournir de l’information sur les réalités de certains groupes (ex. : femmes handicapées) et les façons d’intervenir auprès d’eux48.
    • Diversifier la composition sociodémographique du personnel œuvrant auprès des femmes enceintes afin de refléter la diversité de la population desservie. Par exemple, les femmes qui accouchent comptent parfois sur un membre du personnel médical parlant leur langue maternelle pour traduire certaines informations4,48.

Au Québec, « [o]ffrir une intensité de services dans une perspective d’universalisme proportionné » est un objectif figurant dans le Plan d’action en périnatalité et en petite enfance 2023-202849.

Promouvoir l’auto-efficacité

Dans le contexte de la préparation à l’accouchement, plusieurs interventions et services sont basés sur des théories d’auto-efficacité. Ils visent à autonomiser (empower) les femmes enceintes et le coparent en les impliquant dans les soins qui entourent la grossesse et l’accouchement28.

Un sentiment d’auto-efficacité (self-efficacy) permet aux femmes d’avoir la confiance nécessaire pour faire valoir leurs intérêts et se sentir en contrôle pendant l’accouchement. Un fort sentiment d’auto-efficacité serait associé à une diminution de la douleur et de la détresse chez la femme qui accouche ainsi qu’à l’augmentation du taux de satisfaction lié à l’accouchement2,4,50.

Concrètement, les intervenants et intervenantes en périnatalité peuvent :

  • Donner de l’information sur l’accouchement physiologique : Informer les femmes sur l’anatomie ainsi que la physiologie de l’accouchement peut leur permettre de connaître et mieux comprendre le déroulement de l’accouchement et la douleur associée. Aborder l’accouchement physiologique comme étant un processus normal et porteur de signification, généré par les compétences innées de la femme et de son fœtus, comme le font le Regroupement Les sages-femmes du Québec et l’American College of Nurse Midwives (ACNM), permet de donner confiance aux femmes en leurs capacités et leur habileté à donner naissance de manière sécuritaire et indépendante21,51.
  • Encourager les femmes à s’informer sur l’accouchement et la naissance : Que ce soit par des lectures ou des rencontres prénatales, encourager les femmes à s’informer par elles-mêmes sur l’accouchement et la naissance est une façon de promouvoir l’auto-efficacité. Il est cependant important de diriger les femmes vers des sources d’information à jour, fiables et accessibles42.
  • Discuter avec les femmes des connaissances acquises — Les parents ont accès à de l’information de qualité variable. En ce sens, il peut être pertinent de discuter de l’information trouvée par les femmes et des façons dont cette information est comprise. Ces échanges peuvent permettre de clarifier ou de rectifier certaines informations et de personnaliser le soutien offert2,42.
  • Donner de l’information sur la création d’un environnement favorable à l’accouchement — Certains moyens comme tamiser les lumières et mettre de la musique douce peuvent être utilisés pour favoriser un sentiment de calme et de sécurité lors de l’accouchement. Faire connaître ces moyens peut être pertinent, peu importe le lieu de naissance. Au moment de l’accouchement, le personnel de périnatalité peuvent soutenir la femme dans la création de cet environnement favorable, même dans le cas de césarienne37.
  • Utiliser un langage soutenant et positif : L’utilisation d’un langage soutenant lors des interactions avec les femmes fait en sorte qu’elles se sentent entendues et écoutées, ce qui peut agir sur leur sentiment d’auto-efficacité. De plus, les affirmations positives comme « vous êtes capable d’accoucher », « vous serez bien entourée » constituent une forme de persuasion verbale qui soutient l’auto-efficacité39.

Soutenir la décision éclairée

Prendre une décision éclairée implique de s’appuyer sur des informations pertinentes tout en tenant compte de ses valeurs. Dans ce processus, le personnel de la santé collabore avec les patients afin de les aider à faire leurs choix52. Ainsi, le personne peut présenter les risques et les bénéfices potentiels de différentes options, tout en considérant les valeurs de la personne53.

Lorsqu’ils sont adéquats, la prise de décision éclairée et le processus pour l’atteindre pourraient réduire la peur de l’accouchement21, diminuer le nombre de césariennes primaires54 et augmenter la satisfaction liée à l’expérience d’accouchement11,21,30,31,52,54–56

Concrètement, les intervenants et intervenantes en périnatalité peuvent :

  • Connaitre les valeurs ou les raisons qui sous-tendent la participation à des pratiques de préparation à l’accouchement — En participant à des activités de préparation à l’accouchement, les futurs parents n’ont pas nécessairement les mêmes objectifs que les intervenants et intervenantes en périnatalité. Par exemple, ces dernières pourraient vouloir diminuer le nombre d’interventions obstétricales. Les femmes pourraient, quant à elles, ne pas souhaiter d’interventions au moment de l’accouchement, mais les accepter si nécessaire. Connaitre les valeurs et les motivations des femmes pourrait influencer les objectifs des intervenantes en périnatalité et favoriser la réponse aux besoins des femmes22. Les pères ou coparents ont aussi des valeurs et des motivations qui leur sont propres et qui doivent être considérées.
  • Donner l’information nécessaire et répondre aux questions – Pour prendre une décision éclairée, les parents ont besoin d’avoir accès à l’ensemble de l’information, comprenant les risques et les bénéfices liés aux diverses options, afin de pouvoir peser le pour et le contre. L’information doit être scientifique et fondée sur les preuves. Répondre aux questions des parents est également une façon de les soutenir dans l’accès à l’information3,21,45,54.
  • Élaborer un plan de naissance avec la femme enceinte ou en discuter avec elle — Le plan de naissance peut servir d’outil de partage et de collaboration entre la femme enceinte et le personnel. Aborder le plan de naissance permet de discuter des possibilités relatives au type de soutien souhaité pendant le travail et l’accouchement ou pour la gestion de la douleur30.
  • Proposer des outils de prise de décision – Des outils de prise de décision comme BRAIN (Bénéfices, Risques, Alternatives, Intuition, Ne rien faire) pourraient être présentés aux futurs parents pour faciliter la prise de décision21.
  • Favoriser le recours à diverses ressources pour la prise de décision — Prendre une décision éclairée peut exiger le recours à diverses ressources. Le personnel en périnatalité peuvent donc favoriser le recours aux ressources nécessaires à la prise de décision45.

Au Québec, le Plan d’action en périnatalité et en petite enfance 2023-2028 a comme objectif1,2 de faire du choix éclairé la norme dans l’ensemble des soins et services. Afin d’assurer un choix éclairé, la personne doit avoir eu accès à toute l’information nécessaire et doit bien la comprendre49.

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