Résultats annuels de surveillance des maladies transmises par les tiques : 2023

Contexte

La surveillance des maladies transmises par les tiques au Québec repose sur la surveillance humaine (cas humains), la surveillance acarologique passive (tiques ayant piqué un individu ou un animal) et de la surveillance acarologique active (tiques collectées dans l’environnement).

Ce programme de surveillance collecte principalement des informations sur les tiques Ixodes scapularis et Borrelia burgdorferi (bactérie responsable de la maladie de Lyme). Néanmoins, d’autres agents pathogènes et d’autres espèces de tiques peuvent être détectées. En plus de la maladie de Lyme, certaines maladies transmises par les tiques sont à déclaration obligatoire au Québec :

  • l’anaplasmose, causée par la bactérie Anaplasma phagocytophilum,
  • la babésiose, causée par le parasite sanguin Babesia microti, et
  • Les arboviroses neuroinvasives, notamment l’encéphalite de Powassan, causée par le virus de Powassan.

Ces agents pathogènes, ainsi que Borrelia miyamotoi (responsable de la fièvre récurrente), sont également recherchés dans les tiques collectées par la surveillance acarologique (passive et active).

Les sections suivantes présentent les résultats de la surveillance des maladies transmises par les tiques au Québec au cours de l’année 2023.

Maladie de lyme

Surveillance humaine

La maladie de Lyme est à déclaration obligatoire au Québec depuis 2003. Les cas sont déclarés par les médecins cliniciens et les laboratoires aux autorités de santé publique de leur région sociosanitaire (RSS), qui procèdent aux enquêtes épidémiologiques pour recueillir différentes informations, dont les caractéristiques démographiques et cliniques des cas et le lieu probable d’acquisition de la maladie.

En 2023, 653 cas de maladie de Lyme ont été déclarés aux autorités de santé publique en date du 26 février 2024, dont 562 (86 %) cas acquis au Québec et 91 (14 %) cas acquis hors Québec ou dont le lieu d’acquisition était inconnu (Figure 1). Le taux d’incidence de maladie de Lyme en 2023 était de 6/100 000 personnes-années (p.a.), ce qui est similaire à 2022.

Les 562 cas de maladie de Lyme acquis dans la province ont été déclarés dans 11 RSS (Tableau 1). L’Estrie demeure la RSS la plus touchée par cette maladie, rapportant près de 60 % de l’ensemble des cas et un taux d’incidence standardisé pour l’âge 8 fois plus élevé que le taux de la province. De même que les années précédentes, la majorité des cas (72 %) acquis en Estrie sont survenus dans les deux territoires du Réseau local de services (RLS) de la Pommeraie et de la Haute-Yamaska. Une progression du nombre de cas est également observée dans le reste de la région.

Figure 1 – Nombre annuel de cas de maladie de Lyme déclarés, selon le lieu d’acquisition probable (Québec vs hors Québec), et taux d’incidence standardisé pour l’âge (pour les cas acquis au Québec), 2004-2023

 

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 26 février 2024; MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques

Tableau 1 – Nombre de cas déclarés de la maladie de Lyme et taux d’incidence standardisé pour l’âge selon la RSS d’acquisition probable, Québec, 2023

Région sociosanitaire d’acquisition probableNombre de cas total (résidents et non-résidents de la région)Nombre de cas résidents de la régionTaux d’incidence1 /100 000 personnes-année
Bas-Saint-Laurent

2

1

0,35 (0,01-1,94)

Capitale-Nationale

1

0

-

Mauricie-et-Centre-du-Québec

8

6

1,16 (0,42-2,53)

Estrie

322

282

52,14 (46,17-58,66)

Montréal

19

19

0,93 (0,56-1,46)

Outaouais

16

13

3,13 (1,66-5,36)

Chaudière-Appalaches

2

2

0,36 (0,04-1,32)

Laval

6

6

1,37 (0,50-2,98)

Lanaudière

13

9

1,66 (0,75-3,15)

Laurentides

5

3

0,45 (0,10-1,31)

Montérégie

138

132

8,75 (7,32-10,38)

Plusieurs RSS ou Inconnue

30

-

-

Total

562

473

6,38 (5,86-6,93)

1 Le taux d’incidence par RSS est calculé en excluant les cas non-résidents de la région d’acquisition probable (n = 89).
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 26 février 2024; MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques

En 2023, 56 % des cas de maladie de Lyme étaient des hommes. La maladie a une distribution bimodale, avec un premier pic du taux d’incidence observé chez les moins de 15 ans (ces derniers représentent 14 % de l’ensemble des cas) et un deuxième pic plus important chez les 70-79 ans (représentant 15 % des cas) (Figure 2).

Figure 2 - Nombre de cas de la maladie de Lyme et taux d’incidence par groupe d’âge, Québec, 2023

 

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 26 février 2024 ; MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques

Les enquêtes épidémiologiques révèlent que la maladie était diagnostiquée au stade localisé dans 58 % des cas, au stade disséminé précoce dans 26 % des cas, et au stade disséminé tardif pour 15 % des cas (Tableau 2). Pour les manifestations cliniques rapportées, l’érythème migrant (77 %) constitue la manifestation la plus fréquente, suivi par l’arthrite (18 %), des symptômes neurologiques (8 %) et des symptômes cardiaques (2 %) (Tableau 2). De multiples manifestations cliniques ont été signalées dans 8 % des cas. Par ailleurs, 7 % des cas ont été hospitalisés, avec 6 cas admis en soins intensifs (Tableau 2).

Tableau 2 - Caractéristiques cliniques des cas de maladie de Lyme, Québec, 2023

Caractéristiques cliniquesNombre de cas (%)
Stade 
  Localisé326 (58 %)
  Disséminé précoce144 (26 %)
  Disséminé tardif83 (15 %)
  Inconnu 9 (2 %)
Manifestations cliniques 
  Érythème migrant431 (77 %)
  Arthrite101 (18 %)
  Neurologique47 (8 %)
  Cardiaque9 (2 %)
  Inconnue23 (4 %)
Hospitalisation37 (7 %)
  Soins intensifs6 (1 %)

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 26 février 2024

Surveillance acarologique passive

La surveillance acarologique passive est réalisée par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) qui reçoit et identifie les tiques collectées sur des humains ou des animaux et qui sont soumises volontairement par les médecins et vétérinaires. Les tiques Ixodes scapularis (I. scapularis) sont par la suite envoyées au Laboratoire national de microbiologie (LNM) pour vérifier la présence de Borrelia burgdorferi (B. burgdorferi), de Babesia microti, d’Anaplasma phagocytophilum (A. phagocytophilum) et de Borrelia miyamotoi (B. miyamotoi).

Le nombre total de tiques reçues au LSPQ est en diminution depuis quelques années, principalement dans les RSS de l’Estrie, la Montérégie, la Mauricie-et-Centre-du-Québec et l’Outaouais. Cette baisse pourrait être due à une perte d’intérêt de certains médecins à soumettre les tiques retrouvées sur leurs patients au LSPQ depuis que ce dernier ne transmet plus les résultats sur la détection des agents pathogènes aux médecins. L’accès à la prophylaxie postexposition (PPE) dans les zones endémiques pour la maladie de Lyme en pharmacie, sans avoir besoin de consulter un médecin, pourrait aussi avoir contribué à la réduction des soumissions de tiques au LSPQ.

En 2023, le LSPQ a reçu 767 tiques, dont 545 (71 %) étaient des I. scapularis. Parmi les 452 I. scapularis acquises au Québec, 414 (92 %) étaient des adultes, 32 (7 %) des nymphes et 6 de stade inconnu (Tableau 3). Les deux autres espèces les plus fréquentes étaient Ixodes cookei (n=105; 14 %) et Dermacentor variabilis (n=71; 9 %).

Parmi les 334 I. scapularis testées pour la présence de pathogènes, 103 (31 %) étaient positives pour B. burgdorferi. Ceci représente une augmentation par rapport à 2021 et 2022, où 18 % et 23 % des tiques testées étaient positives pour B. burgdorferi, respectivement.

En 2023, les I. scapularis provenaient de toutes les régions du Québec, sauf du Nord-du-Québec, du Nunavik et Terres-Cries et Baie-James. L’Estrie, suivie par la Mauricie-et-Centre-du-Québec, l’Outaouais et la Montérégie, étaient à l’origine de près de 45 % de l’ensemble des I. scapularis soumises en surveillance passive (Tableau 3).

Tableau 3 - Caractéristiques des Ixodes scapularis prélevées sur des humains ou des animaux et soumises en surveillance passive au LSPQ, Québec, 2023

RSS d’origine des tiques1Nombre d’I. scapularis selon l’origineNombre d’I. scapularis selon le stade2Nombre d’I. scapularis testées3 (positives à B. burgdorferi)
 

Humain4

Animal5

Adulte

Nymphe

Adulte

Nymphe

Bas-Saint-Laurent

12

1

13

0

12 (4)

0

Saguenay–Lac-Saint-Jean

10

0

10

0

9 (2)

0

Capitale-Nationale

26

-

25

1

23 (6)

0

Mauricie-et-Centre-du-Québec

43

-

41

1

39 (14)

1 (0)

Estrie

76

-

66

8

55 (19)

8 (4)

Montréal

16

-

10

6

10 (4)

6 (3)

Outaouais

42

-

38

4

36 (14)

3 (1)

Abitibi-Témiscamingue

4

1

4

1

4 (0)

1 (0)

Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

7

2

9

0

8 (1)

0

Chaudière-Appalaches

26

-

25

0

24 (4)

0

Côte-Nord

7

0

7

0

7 (1)

0

Laval

6

-

6

0

5 (1)

0

Lanaudière

17

-

16

1

13 (3)

1 (1)

Laurentides

28

-

27

1

26 (7)

1 (0)

Montérégie

39

-

36

3

32 (13)

3 (0)

Inconnue

89

0

81

6

6 (1)

0

Total

448

4

414

32

3096 (94)

246 (9)

1 La RSS d’origine des tiques est déterminée lorsque la personne ou l’animal piqué ne s’est pas déplacé en dehors de sa RSS de résidence dans les deux semaines précédant le retrait de la tique.
2 Six tiques avec stade inconnu soumises dans les RSS la Mauricie-et-Centre-du-Québec, de l’Estrie et de Chaudière-Appalaches.
3 Les tiques trop détériorées ou conservées de façon inadéquate ainsi que les tiques soumises sans information sur les déplacements du patient ou dont l’information indique que le patient s’est déplacé à l’extérieur de sa RSS de résidence dans les deux semaines précédant le retrait de la tique ne sont pas testées pour la présence de pathogènes.
4 La surveillance des tiques d’origine humaine a cessé dans certains secteurs de l’Estrie et de la Montérégie depuis juin 2014. Certains laboratoires de ces secteurs n’ont pas adhéré à cette demande et continuent de soumettre des tiques au LSPQ (Maladie de Lyme – Analyse des tiques, LSPQ).
5 Afin d’optimiser les avantages de chaque mode de surveillance et de respecter les capacités des laboratoires, la surveillance acarologique passive d’origine animale a été arrêtée dans dix RSS au sud du Québec, où des activités de surveillance acarologique active ont lieu (Maladie de Lyme – Analyse des tiques, LSPQ).
6 Un total de 334 tiques testées pour la présence de pathogène, dont 309 adultes, 24 nymphes et 1 à stade inconnu.
Source : LSPQ et LNM, février 2024

Surveillance acarologique active

La surveillance acarologique active consiste à collecter, entre mai et août, des tiques dans l’environnement en utilisant la méthode de la flanelle (Plan d’analyse de la surveillance intégrée de la maladie de Lyme, 2017). Les sites où les collectes de tiques ont lieu sont sélectionnés au printemps par le groupe d’experts sur les maladies transmises par les tiques de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et une équipe de l’Université de Montréal qui est responsable de l’échantillonnage des sites identifiés. Comme pour la surveillance passive, les tiques sont envoyées et identifiées (espèce, stade) au LSPQ, puis les I. scapularis sont envoyées au LNM pour détecter la présence de B. burgdorferi, de Babesia microti, d’A. phagocytophilum, de B. miyamotoi et du virus de Powassan.

Pour 2023, l’objectif principal de la surveillance active était de détecter les nouvelles municipalités endémiques pour la maladie de Lyme, et l’objectif secondaire, d’identifier des villes endémiques de plus de 100 000 habitants où la prophylaxie post-exposition (PPE) peut être recommandée. Ainsi, les lieux de collecte étaient situés majoritairement dans des municipalités non-endémiques, mais émergentes pour la maladie de Lyme.

En 2023, la surveillance active a été effectuée dans 77 sites répartis dans 47 municipalités de neuf RSS. Les sites ont été échantillonnés une à deux fois au cours de l’été pour un total de 116 visites. De plus, grâce à une collaboration avec le Canadian Lyme Sentinel Network (CaLSeN) et d’une initiative municipale, qui ont effectué des activités de collecte en utilisant la méthode de la flanelle, 39 sites d’échantillonnage ont pu être ajoutés aux résultats du programme de surveillance, pour un total de 155 visites sur 116 sites dans douze RSS (Tableau 4).

Pour l’ensemble des sites échantillonnés (n=116), 753 tiques I. scapularis ont été collectées dans 50 des sites échantillonnés, et provenant de 10 des 12 RSS (Tableau 4). Plus de 20 % des tiques testées (nymphes et adultes) pour la détection de pathogènes étaient positives à B. burgdorferi (96/478). La prévalence de B. burgdorferi était plus de deux fois supérieure chez les tiques adultes que chez les nymphes.

Tableau 4 - Nombre de visites et sites échantillonnés et nombre total de tiques Ixodes scapularis collectées en surveillance acarologique active et au cours d’autres activités de collecte selon la RSS, Québec, 2023

RSSNombre de visitesNombre de sites visités (Nombre de sites avec I. scapularis)Nombre de larves1Nombre de nymphes (positives pour B. burgdorferi)Nombre d’adultes (positives pour B. burgdorferi)
Bas-Saint-Laurent55 (0)

-

-

-

Saguenay–Lac-Saint-Jean55 (0)

-

-

-

Capitale-Nationale65 (1)

0

0

1 (0)

Mauricie-et-Centre-du-Québec2316 (3)

13

13 (5)

4 (2)

Estrie3123 (13)

93

139 (16)

20 (10)

Montréal64 (3)

1

15 (0)

13 (5)

Outaouais86 (4)

24

23 (1)

17 (3)

Chaudière-Appalaches32 (2)

0

2 (0)

1 (0)

Laval11 (1)

0

1 (0)

3 (0)

Lanaudière2216 (1)

0

1 (0)

0

Laurentides1512 (4)

0

10 (1)

7 (1)

Montérégie3021 (18)

144

162 (32)

46 (20)

Total

155

116 (50)

275

366 (55; 15 %)

112 (41; 37 %)

1 Les larves ne sont pas testées pour la présence d’agent pathogène.
Sources : INSPQ/Université de Montréal/LSPQ/LNM et CaLSeN

Intégration des données de surveillance

Zone endémique pour la maladie de Lyme et recommandation de la prophylaxie postexposition (PPE)

Les données de surveillance humaine et acarologique recueillies chaque année ainsi que des données issues d’autres activités de collecte utilisant le même protocole de collecte de tiques, permettent de déterminer les municipalités où la maladie de Lyme est considérée endémique au Québec (municipalités endémiques).

Au cours de la dernière année, la définition de la zone endémique et de la zone où la PPE peut être recommandée ont été ajustées. Ainsi, en 2024, 461 municipalités sont actuellement situées dans la zone endémique pour la maladie de Lyme, dont 117 municipalités étaient déjà considérées endémiques en 2023, 296 nouvelles municipalités endémiques se sont ajoutées par la mise en vigueur de la nouvelle définition, tandis que 48 municipalités s’ajoutent par l’intégration des données de surveillance de 2023.

Anaplasmose

Surveillance humaine

L’anaplasmose est une maladie à déclaration obligatoire au Québec depuis 2019. Le nombre de cas humains déclarés chaque année est en progression, et en 2021, un premier pic avec 45 cas a été signalé (Figure 3). Cette émergence de cas est survenue dans les zones où la tique I. scapularis est bien établie depuis plusieurs années et où l’on observe les plus hauts taux d’incidence de la maladie de Lyme.

En 2023, 46 cas d’anaplasmose ont été déclarés aux autorités de santé publique en date du 15 février 2024, dont 40 cas acquis au Québec et 6 cas acquis hors Québec ou dont le lieu d’acquisition était inconnu (Figure 3).

Comme pour la maladie de Lyme, la grande majorité des acquisitions des cas d’anaplasmose sont en Estrie (Tableau 5), principalement dans les deux territoires du Réseau local de services (RLS) de la Pommeraie et de la Haute-Yamaska (27/40 cas). Quelques cas proviennent de la Montérégie et un premier cas acquis à Laval a été rapporté cette année (Tableau 5).

Figure 3- Nombre annuel de cas d’anaplasmose déclarés, selon le lieu d’acquisition (Québec vs hors Québec), 2019-2023

 

Tableau 5 - Nombre de cas d’anaplasmose et taux d’incidence standardisé selon la RSS d’acquisition probable, Québec, 2023

Région sociosanitaire d’acquisition probableNombre de cas total (résidents et non-résidents de la région)Nombre de cas résidents de la régionTaux d’incidence1/100 000 personnes-année
Estrie

31

29

4,88 (3,26-7,05)

Laval

1

1

0,24 (0,01-1,35)

Montérégie

7

7

0,46 (0,18-0,95)

Plusieurs RSS2

1

-

-

Total

40

37

0,44 (0,32-0,61)

1 Le taux d’incidence par RSS est calculé en excluant les cas non-résidents de la région d’acquisition probable (n = 3).
2 Un cas acquis en Estrie ou Montérégie.
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 15 février 2024 ; MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques.

En 2023, 60 % des cas d’anaplasmose étaient des hommes. Aucun cas n’a été rapporté chez les moins de 30 ans et le pic a été observé chez les 70-79 ans (représentant 37 % de l’ensemble des cas) (Figure 4). Par ailleurs, 17/40 (43 %) cas ont été hospitalisés, dont un admis en soins intensifs. Aucun décès n’a été rapporté au moment de l’enquête épidémiologique.

Figure 4 - Nombre de cas d’anaplasmose et taux d’incidence par groupe d’âge, Québec, 2023

 

1 Le taux d’incidence par RSS est calculé en excluant les cas non-résidents de la région d’acquisition probable (n = 3).
2 Un cas acquis en Estrie ou Montérégie.
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 15 février 2024 ; MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques.

Surveillance acarologique passive et active

Parmi les 334 tiques I. scapularis collectées par la surveillance acarologique passive en 2023 et testées pour la présence de pathogènes, sept étaient positives pour A. phagocytophilum (cinq adultes et deux nymphes), dont quatre avaient une co-infection à B. burgdorferi. Alors qu’en surveillance active, parmi les 478 I. scapularis testées, 14 (dont 13 nymphes) étaient positives pour A. phagocytophilum (Tableau 6).

Au Québec, les tiques I. scapularis sont vecteurs de deux souches d’A. phagocytophilum, dont une seule est pathogène pour l’humain (Ap-ha) et l’autre, non pathogène (Ap-variant 1). En 2023, 14 tiques testées positives pour A. phagocytophilum (cinq en surveillance passive et neuf en surveillance active) ont été testées pour l’identification de la souche. Les cinq tiques issues de la surveillance passive étaient de souche pathogène (Ap-ha), alors qu’aucune ne l’était en surveillance active.

Tableau 6 - Nombre de tiques positives pour Anaplasma phagocytophilum selon la RSS d’exposition probable en surveillance passive (SP) ou la RSS de collecte en surveillance active (SA), Québec, 2023

Région sociosanitaire d’exposition probable ou de collecteNombre d’I. scapularis testées en SP (positives à A. phagocytophilum)Nombre d’I. scapularis collectées en SA (positives à A. phagocytophilum)
Bas-Saint-Laurent

12 (1*)

0

Saguenay–Lac-Saint-Jean

9 (0)

0

Capitale-Nationale

23 (1*)

1 (0)

Mauricie-et-Centre-du-Québec

40 (0)

17 (0)

Estrie

63 (1*)

159 (10¥)

Montréal

16 (1)

28 (0)

Outaouais

39 (0)

40 (0)

Abitibi-Témiscamingue

5 (0)

NA

Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

8 (0)

NA

Chaudière-Appalaches

25 (0)

3 (0)

Côte-Nord

7 (0)

NA

Laval

5 (0)

4 (0)

Lanaudière

14 (1)

1 (0)

Laurentides

27 (1*)

17 (0)

Montérégie

35 (0)

208 (4)

Inconnue

6 (1*)

NA

Total

334 (7 ; 2%)

478 (14 ; 3%)

NA : Aucune activité de surveillance active n’est effectuée dans ces RSS.
* Tique testée positive pour la souche pathogène à l’humain (Ap-ha).
¥ Les 10 tiques provenaient de deux sites (huit à Sherbrooke, deux à Bromont).

Babésiose

La babésiose est à déclaration obligatoire au Québec depuis 2004. Entre 2004 et 2022, huit cas de babésiose ont été rapportés, tous acquis à l’extérieur du Québec. En 2023, trois cas de babésiose ont été déclarés aux autorités de santé publique en date du 15 février 2024, dont deux cas acquis à l’extérieur du Québec et un cas acquis localement. Il s’agit du premier cas déclaré acquis au Québec.

En surveillance acarologique passive et active, aucune tique positive pour Babesia microti n’a été détectée en 2023. À titre de comparaison, quatre tiques positives pour Babesia microti ont été détectées en 2022, toutes en provenance de la surveillance active.

Arboviroses neuroinvasives (Encéphalite de Powassan)

L’encéphalite de Powassan est une maladie à déclaration obligatoire au Québec, lorsqu’elle associée à une atteinte du système nerveux. En 2023, le premier cas d’encéphalite de Powassan acquis au Québec a été déclaré.

Seules les tiques collectées en surveillance active sont testées pour le virus de Powassan, en raison de la qualité nécessaire des spécimens pour effectuer l’analyse en laboratoire. À titre de comparaison, un total de trois tiques positives pour le virus de Powassan ont été détectées depuis la mise en place de la surveillance active au Québec, soit une en 2020 à Chaudière-Appalaches et deux en 2022 en Estrie.

Autres agents pathogènes transmis par les tiques

En plus des agents pathogènes mentionnés ci-haut, le LNM effectue aussi la détection de B. miyamotoi. En 2023, huit tiques se sont avérées positives pour B. miyamotoi, dont six en surveillance passive et deux en surveillance active (Tableau 7), ce qui reste similaire à 2022 avec sept tiques positives pour cet agent pathogène.

Tableau 7 - Nombre total de tiques Ixodes scapularis positives pour B. microti, le virus de Powassan et B. miyamotoi, soumises et collectées en surveillance acarologique passive (SP) et active (SA), Québec, 2023

RSSNombre de tiques positives pour Babesia microtiNombre de tiques positives pour le virus de Powassan1Nombre de tiques positives pour B. miyamotoi
Estrie

0

0

2 (SP)

Abitibi-Témiscamingue

0

0

1 (SP)

Chaudière-Appalaches

0

0

1 (SP)

Laurentides

0

0

1 (SP)

Montérégie

0

0

3 (1 SP et 2 SA)

Total

0

0

8 (6 SP et 2 SA)

1 Seules les tiques collectées en surveillance active sont testées au LNM pour la détection de ce virus.
Source : Données acarologiques de la surveillance intégrée de la maladie de Lyme (passive et active), 2023

Autrices

Najwa Ouhoummane, conseillère scientifique spécialisée
Roxane Pelletier, conseillère scientifique
Marion Ripoche, conseillère scientifique spécialisée
Ariane Adam-Poupart, conseillère scientifique spécialisée
Alejandra Irace-Cima, médecin conseil, FRCPC
Direction des risques biologiques

Karine Thivierge, Spécialiste clinique en biologie médicale
Laboratoire de santé publique du Québec

Collaborateur

Karl Forest-Bérard, conseiller scientifique
Direction des affaires publiques, communications et transfert des connaissances

Réviseure

Élise Fortin, conseillère scientifique spécialisée
Direction des risques biologiques 

La réviseure a été conviée à apporter des commentaires sur la version préfinale de ce document et en conséquence, n’en a pas révisé ni endossé le contenu final.

Les auteurs ainsi que la réviseure ont dûment rempli leurs déclarations d’intérêts et aucune situation à risque de conflits d’intérêts réels, apparents ou potentiels n’a été relevée.

Remerciements

Sincères remerciements à Patrick Leighton, Jessica Hainault et les équipes de terrain (UdeM, CaLSeN et le Conseil de la nation Huron-Wendat), Heather Coatsworth (LNM), Matthieu Tandonnet (BIESP, INSPQ), Stéphanie Jodoin (MSSS), ainsi que le Groupe d’experts sur les maladies transmises par les tiques de l’INSPQ.

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