Industries et professions les plus touchées par des troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique liés au travail : résultats de l’Enquête québécoise sur la santé de la population, 2014-2015
Cette étude est basée sur les données de l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) 2014-2015. Son but est de repérer les groupes de travailleurs et de travailleuses les plus touchés par les troubles musculo-squelettiques (TMS) d’origine non traumatique liés au travail selon les industries et les professions. Les résultats issus de cette étude sont complémentaires à ceux provenant des données d’indemnisation des lésions professionnelles et permettent de soutenir le processus de décision pour la planification des interventions préventives visant à réduire l’incidence des TMS dans les milieux de travail au Québec. Une analyse différenciée selon le sexe a été privilégiée en raison des réalités différentes que vivent les hommes et les femmes sur le marché du travail. Les analyses font ressortir les constats suivants :
- Les groupes « industrie-type de profession1 » présentant un risque cliniquement important de TMS d’origine non traumatique sont :
- Chez les hommes : les travailleurs de professions manuelles de la construction et de la fabrication, mais également ceux des services de réparation et d’entretien, ainsi que les travailleurs de profession mixte des services d’hébergement et de restauration, les travailleurs de professions manuelles ou mixtes du commerce de détail et divers autres groupes.
- Chez les femmes : les travailleuses de professions manuelles ou mixtes du commerce de détail et des services d’hébergement et de restauration, les travailleuses de professions mixtes des services personnels et services de blanchissage, des services de soins de santé ambulatoires, les travailleuses de professions manuelles des services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et services d’assainissement (qui comprend les agences de location de personnel temporaire) et divers autres groupes provenant notamment de la fabrication.
- Au sein de ces « groupes industrie-type de profession à risque de TMS », dix ont été ciblés, en raison d’un risque accru de TMS, comme étant hautement prioritaire pour des interventions préventives des TMS chez les hommes et trois chez les femmes. En ordre décroissant du nombre estimé de personnes touchées par les TMS dans la population québécoise on retrouve :
- Chez les hommes :
Les travailleurs de professions manuelles
1. de la construction de bâtiments,
2. des services de réparation et entretien,
3. de la première transformation des métaux et,
4. de l’industrie du meuble;
Les travailleurs de professions mixtes
5. des services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et d’assainissement et,
6. des services postaux et messageries;
Les travailleurs de professions manuelles
7. de la fabrication de produits minéraux non métalliques,
8. des établissements du patrimoine, divertissements, loisirs, jeux de hasard et loteries,
Les travailleurs de professions mixtes
9. de la forêt et des scieries et,
10. des établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes.
- Chez les femmes :
Les travailleuses de professions mixtes
1. des services personnels et services de blanchissage;
Les travailleuses de professions manuelles
2. des services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et d’assainissement et,
3. de l’industrie chimique.
- Plusieurs professions présentant un risque cliniquement important de TMS ont été identifiées, soit 48 chez les hommes et 23 chez les femmes. Au sein de ces professions, 18 ont été ciblées comme étant hautement prioritaire pour des interventions préventives des TMS chez les hommes et dix chez les femmes. Voici en exemple, les professions comportant un nombre estimé approximatif de plus de 3 000 travailleurs et travailleuses touchés par ces TMS dans la population québécoise :
- Chez les hommes :
1. les charpentiers-menuisiers,
2. les mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles, de camions et d’autobus,
3. les soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser,
4. les chefs et
5. les monteurs et contrôleurs de meubles et d’accessoires.
- Chez les femmes :
1. les préposées à l’entretien ménager et au nettoyage,
2. les cuisinières,
3. les coiffeuses,
4. les bouchères, coupeuses de viande et poissonnières et
5. les assistantes dentaires.
- Les résultats permettent d’illustrer la pertinence d’identifier les professions et les industries à risque de TMS chez les travailleurs et les travailleuses, afin de mieux cibler les personnes devant faire l’objet de mesures de prévention, tant chez les hommes que chez les femmes.
- Les résultats démontrent également l’importance, pour prioriser les activités de prévention, de disposer de données d’enquêtes pour établir un portrait plus juste des TMS dans la population au travail que celui basé sur la seule analyse du nombre de lésions professionnelles indemnisées par la CNESST.
- Un nombre important de travailleurs et travailleuses rapportant souffrir de TMS se trouve dans des industries non priorisées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, pour lesquels les divers mécanismes de prévention prévus dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) ne sont pas obligatoires (un peu plus de 50 % chez les hommes et la plupart des femmes (97 %)). Ces travailleurs ne bénéficient pas des services préventifs du Réseau de santé publique en santé au travail.
- L’accès aux mécanismes de prévention et l’application de la LSST à l’ensemble des industries du Québec permettrait une plus grande équité entre les travailleurs et les travailleuses en matière de prévention.
1 Le « type de profession » est l’indicateur permettant de classer les travailleurs selon trois grandes catégories basées sur une estimation approximative de l’effort physique déployé selon le titre d’emploi : professions manuelles, mixtes ou non manuelles.