Résultats du projet Mobilise! : Vue d’ensemble sur la santé sexuelle des gbHARSAH
On en parlait début septembre, le projet Mobilise!, vise depuis 2015 la réduction de la transmission du VIH chez les HARSAH par la mobilisation communautaire. Les objectifs spécifiques poursuivis sont :
- augmenter le recours aux stratégies de prévention du VIH.
- optimiser l’offre et l’accès aux services de santé et à la prévention combinée.
Tel que présenté sur leur page web, Mobilise! est un projet « par, pour et avec les hommes gais et bisexuels et d’autres hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, qu’ils soient cisgenres ou transgenres et peu importe leur statut VIH », mais aussi un projet pour et avec les intervenants et professionnels de la santé. Certains résultats ont déjà fait l’objet de plusieurs publications lors de congrès (vous pouvez les trouver ici), en particulier l’affiche suivante qui présente le contexte du projet Mobilise!, afin de comprendre l’accès aux stratégies de prévention du VIH et en identifier les barrières à Montréal par le biais d’une étude exploratoire.
Nous vous proposons de développer sur Espace ITSS 3 volets des résultats du projet Mobilise! :
- La santé sexuelle des hommes gais et bisexuels et autres hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH)
- Vue d’ensemble sur l’utilisation des services
- Parcours d’accès aux stratégies de prévention et les barrières rencontrées
- Leur santé mentale, les problèmes de dépendances et de violences
- La considération de la charge virale comme stratégie de réduction des risques.
Quatre manchettes permettront de faire le tour de ces aspects. L’objectif de ces 4 manchettes est de présenter les différentes options individuelles de réduction des risques et leurs combinaison, sous l’angle Joindre, Dépister et Détecter, Traiter. Cette approche formalisée par le MSSS permet de cibler un ensemble de facteurs souvent communs à plusieurs des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et d’aborder ensemble la santé sexuelle et la consommation de substances psychoactives.
La manchette cette semaine est essentiellement une vue d’ensemble de l’utilisation des services par les répondants de l’échantillon, et une présentation power point complète le texte. Outre la Prophylaxie Pré-Exposition (PrEP) et la Prophylaxie Post-Exposition (PPE), les répondants ont été questionnés sur leurs connaissances, accès et utilisation du condom, du dépistage du VIH (standard et test rapide) et du dépistage des ITSS plus largement et enfin sur l’accès au traitement.
Les résultats sont généralement présentés selon le statut VIH des répondants (positif, négatif ou inconnu), et il est intéressant de constater que cela influence vraiment les connaissances (diapo 2), mais aussi l’accès aux stratégies de réductions des risques. Dans d’autres études, les hommes gbHARSAH ont notamment souligné un accès facilité à un suivi médical depuis qu’ils sont séropositifs.
L’échantillon est de 1028 personnes, dont 70% a répondu jusqu’à la fin. Le tableau ci-dessous présente les caractéristiques générales des répondants.
Connaissances et utilisations des stratégies de réductions des risques
Lorsque l’on met en perspective les connaissances des stratégies de réductions des risques avec leur utilisation réelle, on constate que 98% des répondants indiquaient une connaissance de l’existence des condoms, et que seulement 85% s’en sont procurés dans les 12 derniers mois (dont un tiers les a obtenu gratuitement). Pour le dépistage également, la proportion de répondants ayant effectué un dépistage du VIH ou des ITSS au cours des 12 derniers mois est moindre que la proportion en ayant connaissance (diapo 4, 37% aucun dépistage). Plusieurs caractéristiques ont pu être mises en évidence comme significativement associé à l’absence de dépistage du VIH ou des autres ITSS :
- Moins de 6 partenaires 12 derniers mois
- Statut VIH inconnu
- Né au Canada
- Français comme langue maternelle
- Habite à l’extérieur de Montréal
- Revenu annuel personnel 40k et moins
Seul l’âge diffère entre le VIH et les autres ITSS, les 36 ans et plus étaient moins nombreux à avoir passé un test de dépistage du VIH au cours des 12 derniers mois, tandis que ce sont les 35 ans et moins qui avaient moins tendance à passer un test de dépistage des ITSS.
Tel qu’on peut le voir dans la deuxième diapositive, les stratégies de PrEP et PPE semblaient un peu moins connues que les autres stratégies (respectivement 84% et 79%, contre des pourcentages supérieurs à 90% pour les autres stratégies, sauf le dépistage rapide du VIH, 85% également). Pour ces deux stratégies, le statut VIH avait encore plus d’influence sur la connaissance des participants, mais on constate un moins grand effet sur la confiance exprimée envers ces deux méthodes (diapo 5).
Au sein de l’échantillon (et tel que c’est également le cas dans la réalité), une petite proportion a déjà utilisé la PrEP (diapo 6), et un peu moins la PPE (diapo 7).
Afin de clore ce portrait de la population incluse dans l’étude, la diapo 8 présente les services utilisés concernant la sexualité au cours des 12 derniers mois, parmi ceux ayant reçu un service (n=85 seulement). Ces services représentent ici tout ce qui touche l’orientation sexuelle, le genre et la sexualité (en excluant le dépistage des ITSS et du VIH): stratégies de réduction des risques sexuels, troubles de l’érection, questionnements sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, communication et intimité sexuelle, etc. Ces services consultés sont très variés,
Besoin d’accès non comblé en matière de santé
Enfin, la dernière diapositive résume les écarts entre les proportions de personnes ayant ressenti le besoin d’accéder aux services étudiés (dépistage VIH et ITSS, santé mentale, PrEP ou PPE), et ceux qui n’ont pu recevoir le service. Pour le dépistage, 64% des répondants ont ressenti le besoin d’avoir un dépistage du VIH/ITSS dans les 12 derniers mois, et parmi ceux-ci 5% n’ont pas reçu de dépistage. C’est rassurant de constater que ces services étant plus anciens, ils restent plus facile d’accès. Néanmoins, il est préoccupant de constater que pour les services plus spécifiques et plus récents comme la PrEP et la PPE, de nombreux efforts restent à faire pour améliorer l’accès. Les services en santé mentale, souvent étroitement liés aux problèmes de maladies sexuellement transmissibles, de consommation de drogues et d’alcool apparaissent également plus difficiles d’accès.
Les parcours d’accès avec les barrières rencontrées par les répondants seront détaillés dans la prochaine manchette sur le projet Mobilise!. Ne la manquez pas !