COVID-19 : Aide à la décision concernant le N95 pour les travailleurs hors milieux de soins
Cette analyse est destinée aux milieux de travail, aux décideurs et aux intervenants du réseau de santé publique et vise à identifier les situations de travail en-dehors des milieux de soins1 où l’utilisation d’un appareil de protection respiratoire (APR) de type N95 peut être considéré. Rappelons que les équipements de protection individuelle (EPI), dont font partie le masque N95 et le masque médical, sont l’une des mesures prévues à la hiérarchie des mesures de contrôle en milieu de travail de la COVID-19 (Groupe de travail SAT-COVID-19, 2021) et doivent être déployés en complément des autres mesures prévues cette hiérarchie.
Les propositions faites dans ce document sont basées sur des constats qui se dégagent des données analysées et étayées dans le document Modes de transmission et efficacité du port de masque de type N95 et du masque médical : revue de littérature (Perron et coll., 2022), selon une démarche inspirée du document La gestion des risques en santé publique au Québec : cadre de référence (Cortin et coll., 2016). L’évaluation des risques de transmission selon les particularités de chaque type de milieu de travail demeure une étape importante pour évaluer le type de masque à utiliser.
Les propositions sont basées sur les constats suivants :
- Les modes de transmission du variant Omicron, maintenant largement prédominant au Québec, ne semblent pas différents des autres souches du SRAS-CoV-2, c’est-à-dire qu’ils surviennent lors de contacts à proximité.
- Bien que le masque médical ait été conçu comme un équipement pour protéger les autres contre les aérosols et les gouttes émises par celui qui le porte, il est maintenant admis qu’il peut aussi diminuer la transmission du SRAS-CoV-2 lorsque porté par une personne saine exposée à un cas; il est considéré par la plupart des organismes comme un équipement de protection individuelle capable de diminuer le risque d’acquisition de la COVID-19.
- Le masque N95, à la condition d’être bien porté et ajusté, est plus efficace que le masque médical pour réduire l’exposition aux aérosols de petite taille (moins de 5 à 7 µm), selon les données de tests expérimentaux en laboratoire.
- En pratique, le masque médical n’a pas été démontré inférieur à un N95 dans les études réalisées en contexte de soins pour prévenir la transmission des infections respiratoires aux travailleurs.
- Dans certaines situations de travail, il y a une présence plus importante d’aérosols infectieux. Ces situations surviennent soit quand une personne infectée avec le SRAS-CoV-2 subit une intervention générant des aérosols (IGA), ou se trouve dans un local avec une ventilation inadéquate, ou ne porte pas de masque, ou est regroupée dans un petit local avec d’autres personnes qui sont infectées.
- Le N95 peut être envisagé dans les situations où l’on suspecte une présence plus importante d’aérosols infectieux. Toutefois, celui-ci doit être bien ajusté et porté en tout temps pour maximiser ses bénéfices. Un programme de protection respiratoire est nécessaire.
- Pour les autres situations, les bénéfices théoriques du N95 apparaissent moins élevés, car il y a moins d’aérosols infectieux. Le masque médical, plus facile d’utilisation et qui ne nécessite pas de programme de protection respiratoire, demeure une mesure efficace pour diminuer la transmission, particulièrement s’il est porté en tout temps et par tous.
1Les milieux de soins couverts par le CINQ sont les hôpitaux (soins de courte durée), les cliniques médicales (incluant les GMF, cliniques externes, cliniques COVID-19, etc.), les milieux de réadaptation, les milieux de soins de longue durée (CHSLD), les autres ressources d’hébergement de ce type (ex. : unité de soins de longue durée dans une résidence privée pour aînés) ainsi que lors des soins à domicile