Facteurs associés aux variations du taux de détection - Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) 1998-1999
L'évaluation des programmes de dépistage du cancer du sein se fait à l'aide de certains indicateurs de performance. L'un des indicateurs utilisés par le Programme québécois DE DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN (PQDCS) et par tous les programmes de dépistage est le taux de détection. La présente étude a pour objectif de déterminer les caractéristiques des femmes et des radiologistes qui sont associées aux variations du taux de détection dans le cadre du PQDCS.
À partir du jumelage de trois bases de données (système d'information du PQDCS, MedEcho, RAMQ), 996 femmes avec cancer du sein ont été identifiées parmi les 178 901 femmes asymptomatiques participant au PQDCS en 1998-1999. Les analyses concernant les facteurs associés aux variations du taux de détection portent sur les 996 cas de cancer du sein et un échantillon aléatoire de 35 780 témoins tirés des 177 905 femmes sans cancer du sein.
Le taux de détection pour les vingt premiers mois d'activité du PQDCS est de 5,6 cancers pour 1 000 femmes asymptomatiques. Plusieurs facteurs de risque du cancer du sein, tels que l'âge de la femme, la parité, l'histoire familiale de cancer du sein, l'indice de masse corporelle, la densité du parenchyme mammaire et un antécédent de biopsie au sein sont associés au taux de détection. Par exemple, le taux de détection des femmes avec un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 30 kg/m2 est deux fois plus élevé que celui des femmes avec un indice de masse corporelle inférieur à 20 kg/m2 [RC=2,01 (I.C. 95 % : 1,53- 2,64)]. Similairement, les femmes avec densité mammaire entre 50-75 % du sein ont des taux de détection 2,2 fois plus élevés que celles avec densité sur moins de 25 % du sein [RC=2,25 (I.C. 95 % : 1,85-2,73)]. De plus, les femmes sans antécédent de mammographie obtiennent des taux de détection plus élevés que celles avec antécédent de mammographie [RC=1,63 (I.C. 95 % : 1,37-1,94)].
Les caractéristiques personnelles des radiologistes associées au taux de détection sont l'année de l'obtention du permis de pratique et le taux de référence. En effet, les radiologistes de sexe masculin ayant obtenu leur permis en 1980-1989 ont des taux de détection 60 % supérieurs à ceux des radiologistes de sexe masculin ayant obtenu leur permis en 1950-1959 [RC=1,60 (I.C. 95 % : 1,05-2,45)]. Les radiologistes avec des taux de référence égaux ou supérieurs à 20 % ont des taux de détection deux fois plus élevés que les radiologistes dont les taux de référence sont inférieurs à 5 % [RC=2,04 (I.C. 95 % : 1,47- 2,81)]. Cependant, une augmentation du taux de référence est aussi associée à une augmentation du taux de faux-positifs. Une telle hausse du taux de faux-positifs voudrait dire plus d'effets néfastes pour les femmes et des coûts supplémentaires pour le système de santé. Il serait préférable d'identifier des moyens d'augmenter le taux de détection sans augmenter le taux de faux-positifs.
Les caractéristiques liées au milieu de travail des radiologistes semblant faire varier le taux de détection sont le volume de lecture des centres de dépistage et le type de centre de dépistage. Les établissements qui réalisent un nombre annuel élevé de mammographies de dépistage semblent avoir un taux de détection plus élevé même après ajustement pour le taux de référence et pour le profil de la clientèle.
Le taux de détection est un indicateur de performance primordial. Il est important de connaître les facteurs qui y sont associés afin de maximiser le taux de détection et d'accroître la capacité du programme de dépistage de diminuer le taux de mortalité par cancer du sein.