Portrait et évolution récente des inégalités sociales de santé en matière d’usage de la cigarette et d’exposition à la fumée de tabac dans l’environnement au Québec
Les effets du tabagisme sur la santé des populations sont connus et scientifiquement démontrés, ce comportement étant lié de manière causale à de nombreuses sources de morbidité, dont les maladies cardiovasculaires et plusieurs formes de cancer. La fumée de tabac dans l’environnement (FTE) contient quant à elle des milliers de substances chimiques dont plusieurs sont cancérigènes pour l’être humain, le fait d’y être exposé de manière importante étant susceptible d’entraîner des maladies et même la mort dans certains cas.
Bien que la dernière décennie ait été marquée au Québec par une baisse significative de l’usage de la cigarette et de l’exposition à la fumée de tabac au domicile et dans les véhicules privés, il n’en demeure pas moins que la prévalence de ces phénomènes n’est pas distribuée de manière égale entre les différents groupes sociaux et suit généralement un gradient socioéconomique dans les pays industrialisés. Les personnes socialement et économiquement désavantagées sont plus susceptibles de s’initier au tabagisme, fument plus longtemps, et vivent plus d’échecs lorsqu’elles tentent de cesser de fumer. Elles sont aussi davantage exposées à la FTE, sont plus susceptibles de développer le cancer du poumon et/ou des maladies cardiovasculaires causées par l’usage de la cigarette, et meurent plus souvent de façon prématurée.
Le présent document établit un portrait récent et évolutif des inégalités sociales de santé en matière de tabagisme et d’exposition à la FTE chez les adultes au Québec, en fonction des mesures d’inégalités du Système de surveillance des inégalités sociales de santé au Québec (SSISSQ). Afin de remplir cet objectif, l’indice de défavorisation matérielle et sociale et le niveau de scolarité individuel ont été associés à des indicateurs d’usage de la cigarette et d’exposition à la FTE spécifiques à la population québécoise.
Les résultats d’analyse indiquent que :
- Il existe un écart significatif entre les individus des milieux très défavorisés et ceux des milieux très favorisés sur le plan de la prévalence brute d’usage de la cigarette en 2015-2016 (22,8 % c. 15,0 %).
- Les individus ne détenant pas de diplôme d’études secondaires affichent une prévalence brute d’usage de la cigarette plus élevée que les individus ayant effectué des études universitaires (24,8 % c. 12,9 %) en 2015-2016.
- Dans l’ensemble du Québec, en 2015-2016, la proportion ajustée modélisée de non-fumeurs sans diplôme d’études secondaires ayant été exposés à la FTE au domicile est près de 6 fois celle des non-fumeurs ayant effectué des études universitaires (9,0 % c. 1,6 %).
- Dans l’ensemble du Québec, en 2015-2016, la proportion ajustée modélisée de non-fumeurs sans diplôme d’études secondaires ayant été exposés à la FTE dans les véhicules est près de 5 fois celle des non-fumeurs ayant effectué des études universitaires (7,0 % c. 1,4 %).
- D’importantes inégalités sociales de santé existent et se maintiennent dans le temps (2007-2008 à 2013-2014) entre les individus plus scolarisés et ceux moins scolarisés en matière de tabagisme actuel, d’exposition à la FTE au domicile et d’exposition à la FTE dans les véhicules.
- Les inégalités sont plus importantes lorsque mesurées en fonction du niveau de scolarité de l’individu comparativement à l’indice de défavorisation matérielle et sociale.