Vaccination contre l’influenza des patients sous traitement avec un inhibiteur de point de contrôle
Le développement d'anticorps ciblant l'interaction entre le récepteur de mort cellulaire programmé 1 (PD-1) et ses ligands (PD-L1 et 2) produits par les cellules tumorales a mené à des développements significatifs dans le pronostic de patients souffrant de divers types de néoplasies solides. En plus d'augmenter l'immunité liée au cancer, l'inhibition de ces voies de signalisation peut aussi mener à des effets adverses reliés à l'immunité. L'immunité spécifique aux infections virales est aussi accrue par le blocage de la cascade de signalisation de PD-1/PD-L1. En lien avec ce mécanisme, des inquiétudes théoriques existent quant à la possibilité d'augmenter le risque de manifestations cliniques inhabituelles reliées à l'immunité secondaire aux inhibiteurs de point de contrôle (MCIRI) à la suite de la vaccination contre l'influenza de patients sous inhibiteurs de point de contrôle.
Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) a révisé les données probantes existantes à ce jour. Certaines études suggèrent une possible augmentation des MCI-RI, chez les patients recevant des inhibiteurs de point de contrôle. Ces études comportent cependant plusieurs lacunes méthodologiques importantes. Par ailleurs, des données non publiées montrent quant à elles que la co-administration du vaccin contre l’influenza dans ces populations serait sécuritaire. Le CIQ considère que ces données sont insuffisantes pour émettre une recommandation en faveur ou contre la vaccination, malgré la gravité de certains de ces effets secondaires. Des données plus robustes sont nécessaires.
Par conséquent, le CIQ recommande :
- que la décision de vacciner contre l’influenza soit laissée à la discrétion des médecins traitants responsables de l'administration de ces inhibiteurs de point de contrôle (inhibiteurs de PD-1, PD-L1 et CTLA-4, seuls ou en combinaison), après évaluation du risque/bénéfice individuel. Le CIQ considère que les intervenants de première ligne n'ont pas une connaissance suffisante de ces thérapies leur permettant d'identifier les patients chez qui la vaccination serait contre-indiquée. Dans le cas d’une recommandation de non-vaccination, une ordonnance à cet effet pourra donc être émise par le médecin traitant et celle-ci devra être respectée;
- que des mesures supplémentaires soient mises en place (ex. : chimioprophylaxie à l'oseltamivir, prise en charge agressive des infections suspectées à influenza) pour protéger les patients qui ne peuvent être vaccinés en raison de la prise de ces thérapies contre le cancer.