Faisabilité d’une surveillance de la résistance aux antibiotiques à partir des données de laboratoire extraites par un logiciel intégratif en centre hospitalier
Ce rapport présente les principaux constats relatifs à la faisabilité d’une surveillance de laboratoire de la résistance aux antibiotiques à partir des données générées par les centres hospitaliers et regroupées dans un entrepôt de données à l’aide d'un logiciel intégratif (Nosokos®). La mise en œuvre d’une telle surveillance pourrait permettre de faire un suivi temporel et géographique de la résistance aux antibiotiques de plusieurs bactéries jugées prioritaires en matière de santé publique, en complément du suivi réalisé dans le cadre des programmes de surveillance de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Les résultats de cette étude permettent de soutenir que les centres hospitaliers nantis d’un logiciel intégrant les données de laboratoire et administratives peuvent transmettre des données pertinentes aux fins d’une surveillance de la résistance aux antibiotiques, et ce, sans l’intervention du personnel de laboratoire.
La base de données rétrospectives produite dans cette étude à partir des données de six centres hospitaliers au Québec a permis de générer des antibiogrammes cumulatifs pour onze bactéries qui causent des infections couramment rencontrées en clinique. Les antibiogrammes cumulatifs produits pour les bactéries isolées entre le 1er janvier 2015 et le 31 mars 2016 se sont révélés comparables à ceux rapportés par les hôpitaux participants au cours des dernières années. De plus, la base de données a permis de stratifier les résultats selon certaines caractéristiques démographiques des usagers et l’origine présumée d’acquisition du microorganisme (nosocomiale ou communautaire).
Néanmoins, cette étude révèle des défis techniques quant à la collecte et au jumelage d’informations détaillées sur le lieu d’origine des prélèvements, le lieu de résidence du patient et la date d’admission de l’usager. De plus, les normes de transfert existantes entre les applications logicielles hospitalières ne
permettaient pas de collecter les concentrations minimales inhibitrices (CMI) ni les données de sensibilités aux antibiotiques qui ne sont pas rapportées aux cliniciens. Cette étude soulève ainsi des enjeux quant à la disponibilité et la comparabilité des données provenant de laboratoires utilisant des équipements et des standards d’analyse de la résistance aux antibiotiques parfois différents.
À la lumière des résultats, deux conditions de réussite sont formulées pour une surveillance de laboratoire de la résistance aux antibiotiques à partir des données générées par les centres hospitaliers.
- De disposer de l’information détaillée sur le lieu de prélèvement. La réorganisation des laboratoires hospitaliers dans le cadre de la démarche OPTILAB pourrait rendre plus difficile la localisation du lieu d’origine du prélèvement. L’identification claire de la provenance des patients, notamment ceux résidant dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), est primordiale aux fins d’une surveillance de la résistance aux antibiotiques.
- De documenter périodiquement les pratiques d’antibiogrammes. Des pratiques d’antibiogrammes parfois différentes entre les laboratoires hospitaliers peuvent modifier l’information disponible concernant le profil de sensibilité aux antibiotiques de certaines bactéries et, ainsi, rendre difficile la comparaison des données entre les laboratoires participants à la surveillance. Il apparait essentiel de documenter le choix des antibiotiques testés, les règles de suppression d’antibiotiques et les critères d’interprétation du phénotype de sensibilité utilisés par ces laboratoires. Dans cette ligne de pensée, le cadre normatif pour un antibiogramme minimal publié en 2017 par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) cherche à contribuer davantage à la comparabilité des profils de sensibilité aux antibiotiques rapportés par les laboratoires hospitaliers du Québec.