La vigie des eaux usées, un outil d’avenir pour la santé publique

Avec la possibilité de détecter près de 600 agents pathogènes, en plus d’autres substances comme des drogues, médicaments, marqueurs de maladies chroniques ou contaminants environnementaux, la vigie des eaux usées a démontré son grand potentiel. Telle est la conclusion du document de synthèse Les eaux usées au service de la santé publique : bilan d’une vigie innovante. Une revue systématisée de littérature, mise à jour en 2023, illustre le potentiel de ce nouvel outil pour les autorités de santé publique provinciales.

La vigie des eaux usées a démarré pendant la pandémie de COVID-19 par un projet pilote du Centre québécois de recherche sur la gestion de l’eau (CentrEau) avec la collaboration de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Elle a permis d’effectuer la surveillance épidémiologique de près de 50 % de la population québécoise. De mars 2022 à avril 2025, le programme provincial piloté par l’INSPQ a analysé plus de 5 000 échantillons provenant de 19 stations de traitement d’eaux usées dans 13 régions sociosanitaires. Dans le cadre de ce programme, 156 rapports hebdomadaires sur la situation de la COVID-19 au Québec ont été produits.

Le portrait livré par la vigie des eaux usées est complémentaire aux données cliniques usuelles (cas, hospitalisation, décès), car il capte un angle différent, dont les populations asymptomatiques et celles qui ne consultent pas de spécialiste de la santé. Les données restent anonymes et la méthode d’échantillonnage, non intrusive. De plus, la vigie s’avérerait plus économique, car un seul échantillon peut représenter une population. Avec une chaîne logistique optimisée, elle offre un potentiel pour la détection précoce des menaces pour la santé.

Le grand public a pu consulter les résultats de la vigie des eaux usées pendant une partie de la durée du programme, à partir du site Web de l’INSPQ. Les personnes qui ont utilisé ses informations ont souligné son rôle de soutien à la prise de décision, notamment pour la planification des effectifs selon le nombre de cas, la mobilisation des équipes et les recommandations sur le port du masque.

Cette vigie a pu être réalisée grâce à une approche multidisciplinaire combinant les expertises en vigie et en surveillance, en santé environnementale, en maladies infectieuses et en analyses de laboratoire de l’INSPQ. Par ailleurs, le programme a tiré profit de la contribution de partenaires essentiels :

  • Le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs;
  • CentrEau;
  • La Direction de la vigie et des maladies infectieuses du ministère de la Santé et des Services sociaux;
  • Les directions de santé publique;
  • Les Municipalités de Québec, Montréal, Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières, Saint-Georges-de-Beauce, Val-d’Or, Rimouski, Joliette, Drummondville, Saguenay, Saint-Jean-sur-Richelieu, Sept-Îles et Laval;
  • McGill Genome Center;
  • Les collaborateurs de l’Agence de la santé publique du Canada et du Réseau canadien de l’eau et les provinces.

Un avenir pour la vigie des eaux usées

L’INSPQ est prêtpour un déploiement rapide et efficace de la vigie des eaux usées, tant pour répondre à une nouvelle menace sanitaire que dans une perspective d’élargissement des cibles analytiques. Un cadre de référence visant à évaluer la pertinence d’inclure des micro-organismes à la vigie des eaux usées est d’ailleurs disponible. En s’appuyant sur l’expertise acquise au cours des dernières années, l’INSPQ peut accompagner les différentes initiatives pour intégrer les eaux usées à leurs stratégies de vigie.

16 October 2025