Analyse comparative de l’offre et des prix de vente au détail des produits du cannabis au Québec, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique
Faits saillants
La détermination de l’offre de produits du cannabis et la fixation des prix de vente au détail impliquent des décisions complexes de la part des détaillants. En effet, les activités entourant la commercialisation du cannabis exigent la prise en compte des principaux objectifs de la légalisation, à savoir la captation du marché illicite et la protection de la santé publique. À cela s’ajoute un marché illicite toujours actif et dont les particularités territoriales poussent les provinces et territoires canadiens à ajuster leurs stratégies et à offrir des réponses différenciées.
C’est dans ce contexte que ce projet brosse un portrait descriptif et comparatif de l’offre et des prix de vente au détail des produits du cannabis, tels qu’appliqués sous différents modèles de vente au Canada : entièrement public au Québec, entièrement privé en Alberta, et mixte en Ontario et en Colombie-Britannique. Quelque 7 752 produits affichés sur les sites Web de trois détaillants publics et de trois détaillants privés ont ainsi été comparés.
Pour les produits les plus vendus au Québec et au Canada, soit les produits séchés et les extraits à inhaler, les résultats montrent que l’offre de la Société québécoise du cannabis (SQDC) se distingue de celle des autres détaillants, notamment par :
- Une part plus importante de produits séchés;
- Une part plus importante de produits séchés de plus faible teneur en THC (de 1 à 20 %);
- Une absence d’extraits liquides destinés au vapotage, alors qu’ils occupent une part significative de l’offre des autres détaillants;
- Une absence de produits d’une teneur en THC au-delà de 30 %, alors que les autres détaillants présentent une offre considérable de produits plus puissants, allant dans plusieurs cas à des produits d’une teneur en THC de plus de 70 %.
En outre, les résultats révèlent des prix moyens par unité standard de 5 mg de THC plus élevés au Québec que dans les autres juridictions à l’étude pour les produits séchés de plus faible teneur en THC (de 1 à 20 %) et les extraits solides à inhaler.
Deux constats émergent des résultats relatifs aux produits séchés offerts au Québec et interpellent la santé publique :
Constat 1. L’offre se concentre largement, à environ 80 %, sur les produits dont la teneur en THC est à la limite maximale permise par la réglementation québécoise, de 21 à 30 %. Les consommatrices et consommateurs se retrouvent ainsi face à une plus grande variété de produits à haute teneur en THC ou autrement dit, face à une offre beaucoup plus diversifiée dans les produits plus puissants, ce qui peut augmenter l’attrait à l’égard de ces derniers.
Constat 2. Les prix moyens par unité standard de 5 mg de THC tendent à diminuer à mesure que la puissance du produit augmente,offrant ainsi aux consommatrices et consommateurs un rapport puissance/prix supérieur.
Étant donné qu’elles pourraient orienter les personnes qui consomment du cannabis vers des produits plus puissants aux risques accrus pour la santé mentale et physique, ces deux observations mériteraient d’être considérées dans les réflexions entourant la commercialisation de la substance.
