L’instabilité résidentielle vécue durant la période préscolaire et les répercussions sur le développement des enfants et leur réussite scolaire
Le logement est un déterminant important de la santé et du bien-être des individus. Dans le contexte actuel, il existe différentes barrières quant à l’accès au logement et à la capacité d’y demeurer de façon stable. Au Québec, près d’un enfant sur six a déménagé deux fois ou plus avant de débuter la maternelle. L’instabilité résidentielle pourrait influencer négativement le développement de l’enfant ou sa réussite scolaire. L’Enquête sur le parcours préscolaire des enfants à la maternelle de 2022 révèle que 28,7 % des enfants sont vulnérables dans au moins un domaine de développement, et que cette proportion augmente à 34,6 % chez les enfants qui ont vécu deux déménagements. Ces constats sont préoccupants dans la mesure où les enfants qui présentent une vulnérabilité à la maternelle sont moins susceptibles que les autres enfants de profiter des occasions d’apprentissages offertes à l’école, ce qui pourrait rendre plus difficiles leur parcours et leur réussite scolaire ultérieure.
Cette synthèse s’adresse à tous ceux et celles qui œuvrent en petite enfance, et qui sont impliqués dans les actions de soutien aux familles et au développement de l’enfant. Elle s’appuie sur une recension de seize études scientifiques portant sur l’instabilité résidentielle chez les enfants de moins de 6 ans. Elle examine plus en détail ses effets potentiels sur le développement de l’enfant et sa réussite scolaire. Elle identifie également le rôle joué par certains facteurs associés. Les principaux constats qui en découlent sont les suivants :
- La majorité des études met en lumière une possible influence négative de l’instabilité résidentielle sur le développement de l’enfant, notamment dans les domaines socioaffectifs et cognitifs.
- Les effets négatifs potentiels pourraient se maintenir durant l’année suivant la maternelle, mais d’autres données longitudinales seraient nécessaires pour statuer sur la durée des effets et sur la réussite scolaire à plus long terme.
- Les circonstances de vie dans lesquelles se produisent les déménagements, comme la séparation des parents, sont aussi à prendre en compte, car elles pourraient expliquer en partie les effets négatifs potentiels. D’autres facteurs associés, comme la qualité du quartier de destination, auraient également un rôle à jouer.
- L’instabilité résidentielle à la petite enfance pourrait être particulièrement préjudiciable pour certains enfants qui présentent déjà des facteurs de risque.
En somme, l’instabilité résidentielle influencerait négativement le développement de l’enfant, d’une part en perturbant la stabilité de ses milieux de vie, d’autre part par ses associations avec d’autres facteurs impliqués dans son bien-être. En raison de l’importance des premières années pour le développement de l’enfant et son bien-être tout au long de la vie, il importe de s’en préoccuper. Les facteurs modifiables qui sont associés aux déménagements ou au développement de l’enfant pourraient constituer des cibles d’action.