COVID-19 : Modes de transmission et efficacité du port de masque de type N95 et du masque médical
Les connaissances sur les modes de transmission du SRAS-CoV-2 et de ses variants sont en constante évolution, et l’utilisation optimale des appareils de protection respiratoire (APR) de type N95 et du masque médical s’avère de plus en plus documentée. Cette revue de la littérature récente vise à soutenir la prise de décision et les pratiques de protection dans les milieux de travail, afin de s’assurer que les recommandations effectuées puissent s’appuyer sur les meilleures données disponibles.
Modes de transmission du SRAS-CoV-2 et risques d’infection
- Le SRAS-CoV-2 se transmet surtout à proximité par déposition de gouttes ou d’aérosols sur les muqueuses ou par inhalation d’aérosols de toutes tailles.
- La transmission par aérosols, surtout à proximité, est bien reconnue et semble être le mode prédominant de transmission du SRAS-CoV-2.
- Certaines investigations d’éclosion ont démontré une transmission du SRAS-CoV-2 à plus de deux mètres lorsque plusieurs personnes étaient présentes pendant une période prolongée dans un endroit restreint, sans masque médical ou couvre-visage dans des endroits ventilés inadéquatement.
- Certaines situations, comme des contacts avec des cas suspects ou confirmés qui ne portent pas de masque et qui ne peuvent respecter la distanciation sont particulièrement à risque.
Efficacité de l’appareil de protection respiratoire N95 et du masque médical
- Le masque N95, à la condition d’être bien porté et ajusté, est plus efficace que le masque médical pour réduire l’exposition aux aérosols de petite taille (moins de 5 à 7 µm), selon les données de tests expérimentaux en laboratoire.
- Toutefois, cette efficacité théorique est moins claire sur le terrain. Les données épidémiologiques disponibles, provenant de différents contextes de travail réels dans les milieux de soins, ne permettent pas de statuer à ce jour que le masque médical est moins efficace que le N95 pour prévenir l’infection à l’influenza et au SRAS-CoV-2.
- Selon des tests expérimentaux en laboratoire, lorsque le cas et le contact portent correctement le masque médical, la grande majorité des aérosols de toutes tailles semble bloquée. Cette efficacité en situations réelles de travail pourrait être adéquate pour éviter une exposition à des doses de virus pouvant provoquer une infection.
- Les données suggèrent que le port du masque médical en continu durant l’exposition procurerait un facteur de protection significatif.
Consensus national et international quant aux situations d’intervention générant des aérosols
- Il y a un consensus d’organisations de santé publique nationales et internationales sur l’indication du port de l’APR de type N95 lors de contacts avec un cas confirmé ou suspecté de COVID-19, en présence d’intervention générant des aérosols.
De la théorie à la pratique : conditions nécessaires et facteurs influençant l’efficacité du masque médical et du N95
- Certaines mesures telles que la vaccination et l’optimisation de la ventilation doivent être promues dans tous les milieux en tout temps.
- En présence d’une circulation communautaire importante, des mesures telles que le dépistage de personnes symptomatiques, l’isolement des contacts à risque, la réduction de la fréquence et la durée des contacts, la distanciation physique, la présence de barrières physiques appropriées et l’hygiène des mains sont des mesures à renforcer pour protéger les travailleurs.
- Le port d’un APR de type N95, pour être pleinement efficace, nécessite la mise en place d’un programme de protection respiratoire qui respecte les conditions normées et réglementées d’ajustement, d’utilisation et d’entretien du matériel.
- Les données limitées, provenant d’études sur les déterminants de l’adhésion au port du N95, suggèrent certaines pistes expliquant en partie pourquoi sa performance attendue pour bloquer les particules ne se traduit pas par une plus grande diminution de la transmission du SRAS-CoV-2 par rapport au masque médical. Le N95 pourrait causer plus d’inconforts que le masque médical, ceci ayant pour effet qu’il soit parfois délaissé ou mal porté. Ces études exploratoires suggèrent également qu’il est possible que l’ajustement optimal du N95 soit difficile à conserver en tout temps en situation de travail avec mouvements. Ces pistes demeurent toutefois hypothétiques et devraient faire l’objet de recherches supplémentaires.
- Si les études épidémiologiques en contexte de soins laissent entrevoir que la supériorité de la protection du N95 observée en laboratoire rencontre quelques écueils dans l’application pratique, cela ne doit pas être interprété comme une remise en cause de l’utilisation du masque de type N95 lorsque le port d’un APR est clairement indiqué (contaminant chimique excédant la norme permise, rougeole, etc.). Ces résultats constituent plutôt un rappel de la nécessité de respecter les conditions normées d’utilisation de ces masques pour assurer la protection des travailleurs.
- Enfin, il faut également se rappeler que les mesures de contrôle d’une infection sont complémentaires et que c’est l’addition de celles-ci qui augmentent la protection des travailleurs. Ces mesures comprennent notamment la vaccination, la réduction des contacts, la distanciation physique et l’isolement, l’étiquette respiratoire, l’hygiène des mains, la ventilation adéquate et le nettoyage des objets et surfaces fréquemment touchés.