Surveillance des souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antibiotiques dans la province de Québec : rapport 2005

Comme annoncé en janvier 2005 aux laboratoires de microbiologie, le Laboratoire de santé publique du Québec de l'Institut national de santé publique du Québec a décidé, après consultation de ses partenaires, de cibler sa surveillance sur les souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes à la ciprofloxacine et sur l'émergence possible de souches moins sensibles à la ceftriaxone. Puisque la pénicilline et la tétracycline ne sont plus recommandées dans le traitement des infections gonococciques, les épreuves de sensibilité à ces agents ont été arrêtées. Depuis janvier 2005, le LSPQ demande aux laboratoires participants de lui faire parvenir les souches trouvées intermédiaires ou résistantes à une céphalosporine ou à la ciprofloxacine. Il est très important que les laboratoires de microbiologie soient en mesure d'effectuer des épreuves de sensibilité aux agents ciblés. Dans le cas contraire, ils devraient, soit prendre une entente avec un autre centre de leur région pour faire analyser leurs souches avant de les faire parvenir au LSPQ ou les acheminer directement au LSPQ après entente avec le responsable du programme.

En 2005, les souches de Neisseria gonorrhoeae envoyées au LSPQ ont été caractérisées selon leur sensibilité vis-à-vis la ceftriaxone et la ciprofloxacine par une méthode de dilution en gélose selon les standards décrits par les « Clinical Laboratory Standards Institute ». Les souches présentant une résistance à la ciprofloxacine sont envoyées au Laboratoire National de Microbiologie à Winnipeg, pour une caractérisation plus poussée (profil plasmidique, auxotypie, sérotypie ou amplification génique) dans le cadre du programme de surveillance canadien.

Ce programme de surveillance permet l'accès à  diverses informations, notamment l’incidence de ces infections, le taux de souches résistantes à la ciprofloxacine, leurs fluctuations, et leurs disparités régionales ainsi que l’émergence possible de résistances aux céphalosporines. Ces données peuvent renseigner les autorités de santé publique qui ont à prendre des décisions sur les différents régimes thérapeutiques appliqués aux infections gonococciques.

Bilan global

Les points saillants en 2005 sont :

  • Le nombre de cas de gonorrhée répertoriés en 2005 s’est élevé à 936, correspondant à une incidence annuelle de 12,5 cas/100 000 habitants soit en hausse par rapport à l’incidence de 11,2 observée en 2004. La figure 1 illustre l’incidence en fonction de la région sociosanitaire (RSS) de l’hôpital déclarant et non de la RSS du patient. On remarque une incidence plus élevée (33,7 cas/100 000 habitants) dans la région de Montréal où la majorité des cas (643/936 cas, soit 69 %) sont répertoriés (incidence ayant certainement une influence sur la tendance globale).  Pour cette même région,  l’incidence est passée de 32,2 cas/100 000 habitants en 2001 à 26,8 en 2002 pour se situer de nouveau à 32,4 cas en 2003, à 33,2 cas en 2004 et à 33,7 cas pour cette année. On observe également une incidence élevée de 293 cas/100 000 habitants dans la région du Nunavik, incidence qui a augmenté après la baisse observée en 2004 (499 cas/100 000 habitants en 2002, 492 cas/100 000 habitants en 2003 et 87 cas/100 000 habitants en 2004). Dans cette région, le taux d’incidence est influencé par sa faible population où 33 cas ont été déclarés en 2005 pour une population d’environ 10 000 personnes par rapport à 9 cas en 2004.  
  • La figure 2 rapporte les incidences estimées observées depuis 2001 pour chacune des régions d’appartenance des centres hospitaliers déclarant à l’exception des régions 17 et 18.  On remarque une incidence toujours plus élevée dans la région 06 (Montréal) par rapport aux autres régions.
  • La figure 3 rapporte le nombre total de cas déclarés depuis le début de la surveillance en 1988 ainsi que le nombre de souches trouvées résistantes à la ciprofloxacine. Un total de 286 souches parmi les 936 cas de gonorrhée signalés ont été reçues au LSPQ. Un antibiogramme a été effectué sur toutes les souches reçues dont les résultats sont illustrés aux figures 4 et 5. Toutes les souches sont sensibles à la ceftriaxone.  On observe une hausse importante du nombre de souches résistantes à la ciprofloxacine (CMI ≥ 1 mg/L) qui est passé de 11 souches en 2002 (1,4 %), à 14 souches en 2003 (1,5 %), à 58 souches en 2004 (6,9 %) puis à 179 souches en 2005 (19,1 %).
Types of Publication
ISBN (Digital)
2-550-47502-X
ISBN (Print)
2-550-47501-1
Santecom Number
Date de publication