Hospitalisations et complications attribuables à l’influenza : rapport de surveillance 2016-2017
Contexte
L’évaluation de l’impact du virus de l’influenza sur la morbidité hospitalière annuelle fait partie des objectifs de la surveillance de la grippe au Québec. Depuis 2011, l’Institut national de santé publique du Québec mène durant les pics des saisons grippales des études prospectives avec confirmation virologique dans des hôpitaux desservant autour de 10 % de la population québécoise. Le présent document fait le bilan de la 6e saison du projet, soit celle de 2016-2017, mené dans quatre hôpitaux de soins aigus du Québec.
Dans le cadre du projet, les patients hospitalisés présentant un syndrome d’allure grippale ont eu un dépistage systématique du virus de l’influenza et des informations démographiques et cliniques ont été recueillies chez les patients consentants. Les spécimens obtenus par prélèvement nasal ont été analysés au Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) pour rechercher simultanément un ensemble de virus respiratoires.
La saison 2016-2017 a débuté fin décembre. C’est le virus de l’influenza de sous-type A(H3N2) qui a prédominé. La période de surveillance a été de 8 semaines entre la première semaine de janvier et la dernière de février. La circulation du VRS était aussi à son apogée au cours des mêmes semaines.
Messages clés
- Le projet a permis le suivi en temps opportun des hospitalisations et complications dues à la grippe. Il a montré également des différences importantes dans le fardeau de la grippe entre les différents groupes d’âge.
- Au cours des 8 semaines du projet de 2016-2017, la proportion d’infections causées par d’autres virus que l’influenza était plus élevée que celles dues au virus de l’influenza tant chez les enfants que chez les adultes.
- Parmi les enfants hospitalisés avec des symptômes respiratoires en 2016-2017, 13 % présentaient une infection à un virus de l’influenza, alors que 81 % souffraient d’une infection par un autre virus et seulement 6 % avaient un test négatif. La proportion d’autres virus respiratoires était particulièrement élevée cette année chez les enfants par rapport aux saisons antérieures analysées où elle n’a pas dépassé 70% (2014-2015) (p = 0,04).
- Parmi les adultes hospitalisés avec des symptômes respiratoires en 2016-2017, 30 % ont été infectés par un virus de l’influenza; cette proportion reste relativement stable (p = 0,49) selon l’âge. Trente-six pour cent (36 %) étaient infectés par un autre virus. Encore une fois, cette différence était non significative (p = 0,06). Le tiers des patients adultes avaient un test négatif.
- Parmi les enfants infectés par un virus de l’influenza, 7 % étaient aussi infectés par un autre virus respiratoire; cette proportion était de 6 % parmi les adultes. En excluant l’influenza, les co-infections à plus d’un virus étaient aussi plus nombreuses chez les enfants (33 %) que chez les adultes (4 %).
- La grippe n’était pas associée à une maladie plus sévère que les syndromes d’allure grippale sans influenza. De fait, la proportion de pneumonie et d’admission aux SI était significativement plus faible parmi les cas influenza positifs en comparaison avec les cas influenza négatifs.
- Les différences importantes observées lors des 6 années de l’étude confirment la variabilité des saisons grippales et de ses complications dans les différents groupes d’âge, ainsi que le rôle relatif du virus de l’influenza par rapport aux autres virus respiratoires dans l’ensemble de la morbidité hospitalière.
Recommandations
- Une surveillance prospective systématique annuelle des patients hospitalisés avec des symptômes respiratoires dans les hôpitaux de soins aigus est nécessaire, afin de répondre aux objectifs d’évaluation de l’impact de la circulation du virus de l’influenza sur la morbidité hospitalière à court et à long terme.
- La surveillance continue de la morbidité hospitalière attribuable à la grippe devrait être poursuivie, afin d’assurer la pérennité et la comparabilité des indicateurs obtenus dans le temps.
- Outre le suivi saisonnier de la grippe, les données recueillies permettent aussi d’estimer le fardeau de la maladie à des fins de programmation et de répondre aux questions du Ministère et du Réseau.
- La recherche des autres virus respiratoires en plus du virus de l’influenza devrait continuer à faire partie du projet de surveillance, afin de mieux comprendre l’impact de l’influenza par rapport à celui d’autres virus.
- En l’absence de données convaincantes sur les bénéfices de l’utilisation d’un logiciel de recueil et de transfert des données mis à l’essai pour 2 saisons, il a été recommandé de ne pas poursuivre son utilisation dans le cadre de ce projet.
- L’élargissement du réseau actuel de 4 hôpitaux à d’autres hôpitaux supplémentaires aurait l’avantage d’augmenter la taille de l’échantillon et de permettre une estimation plus robuste des complications attribuables à la grippe et de l’efficacité vaccinale.