Leishmaniose

Agent causal et transmission

Les parasites du genre Leishmania sont des protozoaires, transmis par la morsure de petits moustiques, de la famille des phlebotominae. Leur morsure est souvent indolore. En effet, ces moucherons sont trois fois plus petits que ceux transmettant la malaria, atteignant une taille d’environ 3mm. Il existe plus d’une vingtaine d’espèces de Leishmania. Certaines ne se retrouvent que chez l’homme, d’autres sont portées par des animaux tels les rats ou les chiens. Ces différentes espèces ont des manifestations cliniques différentes, soit la leishmaniose cutanée, la leishmaniose muco-cutanée ou la leishmaniose viscérale.

Épidémiologie

Ces parasites sont présents dans les climats tropicaux, subtropicaux et dans le sud de l’Europe. Au total, la leishmaniose peut être contractée sous une forme ou une autre dans plus de 90 pays. La distribution des espèces varie et produit différents tableaux cliniques selon les régions où elles sont retrouvées. Les zones les plus à risque des différentes manifestations peuvent être identifiées dans la section tableau clinique. Les moustiques porteurs des parasites sont plus souvent retrouvés dans les régions rurales, mais peuvent parfois être présents en zone urbaine, lorsque l’humain est le seul vecteur par exemple.

Une carte des zones touchées par cette maladie est disponible sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Tableau clinique

Une exposition au parasite du genre Leishmania ne produit pas toujours des manifestations cliniques. La santé globale, l’état d’immunosuppression du porteur et l’espèce du parasite sont certains des facteurs qui influencent l’apparition de symptômes. Lorsque ceux-ci se produisent, on parle alors de leishmaniose.

Leishmaniose cutanée

La leishmaniose cutanée est la variante la plus fréquente. La présentation clinique peut être très variable. Typiquement, elle produit une papule puis une plaque avant d’évoluer vers un ulcère dont les bordures sont surélevées. L’ulcère peut être couvert d’un tissu fibrineux ou de sécrétions. Des lésions satellites, des adénopathies et une lymphangite nodulaire peuvent accompagner la lésion principale. Ces lésions surviennent classiquement entre 2 et 6 mois après l’exposition, mais cette période peut être raccourcie à quelques semaines ou étendue à plusieurs années.

Les lésions sont chroniques et peuvent changer d’apparence avec le temps. Elles surviennent souvent à un endroit exposé du corps. Elles peuvent être autorésolutives, même sans traitement, mais la guérison peut prendre des mois ou des années et tend à laisser des cicatrices.

Distribution géographique

La majorité des cas de leishmaniose cutanée sont contractés dans les pays suivants : Afghanistan, Algérie, Arabie Saoudite, Brésil, Colombie, Iran, Pérou, Pakistan et Syrie. Plusieurs autres pays d’Amérique Centrale et du Sud, d’Afrique du Nord, d’Asie centrale et du Moyen-Orient sont aussi touchés.

Leishmaniose muco-cutanée

Lorsqu’elle atteint les muqueuses, la leishmaniose cause typiquement des lésions chroniques ou des ulcères, plus souvent au niveau du nez que de la cavité buccale. Elle peut alors causer des saignements de nez, de la congestion nasale et parfois des lésions érosives, au niveau du septum nasal ou du pharynx par exemple. Cette forme est plus rare.

Distribution géographique

Environ 90 % des cas de leishmaniose muco-cutanée sont originaires du Brésil, de la Bolivie et du Pérou.

Leishmaniose viscérale

Aussi connue sous le nom de Kala-azar, cette maladie, plus grave que la variante cutanée, cause des symptômes souvent frustes qui évoluent habituellement sur quelques mois. Elle débute généralement de 2 à 6 mois après l’exposition. Le délai avant la transmission de la maladie et sa présentation clinique peut également être raccourci ou fortement allongé chez certains individus.

Les symptômes comprennent un tableau subaigu de fièvre, sensation de malaise, perte de poids, splénomégalie accompagnée de pancytopénie. Occasionnellement, l’évolution peut être plus aigüe. Les cas graves non traités sont habituellement mortels.

Distribution géographique

Plus de 90 % des infections de leishmaniose viscérale proviennent du Bangladesh, du Brésil, de l’Éthiopie, de l’Inde, de la Somalie, du Soudan et du Soudan du Sud. Des cas sont aussi décrits dans plusieurs pays d’Amérique Centrale et du Sud, en Chine, en Asie centrale, au Moyen-Orient et aux pourtours de la Méditerranée.

Diagnostic

Le diagnostic peut être envisagé chez une personne ayant été exposée à une zone où on retrouve le parasite, même si cette exposition s’est faite il y a plusieurs années et qui présente un tableau compatible. Le tableau clinique peut être des lésions cutanées à lente évolution ou une fièvre inexpliquée, surtout lorsqu’elle est accompagnée de perte de poids, de pancytopénie et des autres manifestations cliniques.

Lorsqu’envisagé, le diagnostic peut être posé par différents tests, les plus fréquemment utilisés sont la méthode moléculaire (PCR), l’histopathologie (biopsie colorée par Giemsa) ou la sérologie pour la leishmaniose viscérale. La culture est aussi possible dans certains laboratoires spécialisés. Il est conseillé de consulter un spécialiste en maladies infectieuses, tropicales ou un dermatologue.

Traitement

Un traitement existe pour toutes les formes de leishmaniose. Il varie selon la manifestation clinique et l’espèce de Leishmania. Un traitement par des mesures physiques ou des crèmes topiques peut être effectué pour la leishmaniose cutanée non compliquée. Différents traitements par voie orale ou intraveineuse peuvent être envisagés pour la leishmaniose muco-cutanée, cutanée ou viscérale. On peut se référer aux recommandations de l’Infectious Diseases Society of America et l’American Society of Tropical Medicine and Hygiene sur le traitement de la leishmaniose publié en 2016. Cependant, il est fortement suggéré de consulter des spécialistes des maladies infectieuses ou tropicales.

Prévention

Il n’existe pas de vaccin ou de traitement préventif contre cette maladie. La prévention passe donc par une protection adéquate contre le moustique qui la transmet. Ces moucherons piquent habituellement durant la soirée et la nuit. Par contre en Amérique du Sud, le cycle peut être aussi diurne. Une protection anti-moustique à base de DEET peut ainsi être appliquée sur la peau exposée, particulièrement le soir et avant le coucher. Les vêtements offrent aussi une bonne protection contre les parties buccales du phlébotome.

Les filets sont également une méthode de protection reconnue, mais la petite taille du moustique lui permet habituellement de pénétrer les filets anti-malaria. Ceux-ci doivent donc être imprégnés de perméthrine. Il existe également des filets, plus efficaces, aux mailles plus fines.

Les propriétés peuvent être protégées par un usage adéquat d’insecticide autour du logement, tel que décrit par l’OMS. 

Pour plus d’informations sur les mesures de protection personnelles contre les moustiques, veuillez consulter la section Arthropodes

Références

Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs

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