Leptospirose
Agent causal et transmission
La leptospirose est une maladie infectieuse transmise des animaux aux humains (zoonose) de façon directe ou indirecte. Elle est causée par des espèces pathogènes de la bactérie du genre Leptospira.
Plusieurs animaux sont des hôtes réservoirs tels que les chèvres, les chevaux, les bovins, les porcs et les rongeurs. Le rat brun est d'ailleurs un des principaux réservoirs. La bactérie Leptospira peut aussi infecter les animaux domestiques tels que les chiens et plus rarement les chats.
La bactérie infecte l’humain en pénétrant dans l’organisme par la peau, en général à travers une brèche dans celle-ci, ou par les muqueuses du nez, de la bouche ou des yeux, généralement lors d’un contact avec de l’eau ou un sol contaminé. Rarement, l’infection peut être acquise à la suite de la manipulation de tissus d’animaux infectés ou l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminée.
Les éclosions de leptospirose sont surtout associées aux pluies abondantes et aux inondations puisque cela augmente le risque d’exposition à de l’eau contaminée.
Tableau clinique
La symptomatologie peut être très variable, allant d’une infection totalement asymptomatique à une infection grave entrainant la mort.
Classiquement, après une période d’incubation moyenne d’une dizaine de jours
(2 à 21 jours), il y a apparition de fièvre avec céphalées et myalgies. L’œdème et l’érythème conjonctival représentent des signes classiques et plus spécifiques de cette maladie. D’autres symptômes comme des nausées ou des vomissements peuvent aussi être présents. Ce tableau aigu s’améliore habituellement en 1 semaine.
Pour certains (25 % des cas), après une période d’accalmie de 3 à 4 jours, on pourra assister à une reprise de la fièvre avec symptômes méningés.
Dans 5 à 10 % des cas, on retrouve une forme grave avec ictère, insuffisance rénale aiguë et tableau hémorragique (maladie de Weil). Une forme hémorragique pulmonaire avec insuffisance respiratoire est également décrite (Nicaragua 1995), pour laquelle la létalité est de 5 à 40 %.
Le traitement se fait avec des antibiotiques. Avec celui-ci, la maladie dure en moyenne de quelques jours à 3 semaines. Sans traitement, la résolution de la maladie peut prendre plusieurs mois.
Pour plus d'informations sur les épreuves diagnostiques, consultez cette page web du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ).
Épidémiologie
Les espèces pathogènes de Leptospira sont présentes mondialement; toutefois, la maladie est endémique surtout en zone tropicale et subtropicale où la bactérie survit mieux dans l’environnement.
L’infection est sous-déclarée et sous diagnostiquée à l’échelle mondiale. Il est estimé qu’il y a entre 500 000 et 1 million de cas et environ 58 000 décès annuellement, et ce, majoritairement dans les régions au climat tropical.
De récentes éclosions ont eu lieu aux îles Fidji, en Tanzanie et aux Philippines.
Risques en voyage
Bien que le risque réel pour le voyageur soit généralement faible, le temps prolongé passé en eau douce lors des activités telles que le rafting, le canoë, le triathlon, la baignade, la descente en tube, etc. augmente particulièrement ce risque. Un risque existe aussi pour les personnes en contact direct avec les animaux et les eaux contaminées, par exemple : fermiers, vétérinaires, personnel militaire, égoutiers, etc.
Le risque est également augmenté lors de séjours en région tropicale surtout après de fortes pluies, des inondations ou le passage d’un ouragan.
Lors de certains événements sportifs tels que des triathlons, on a mis en évidence des épidémies de leptospirose avec des taux d’attaque dépassant 40 % chez les participants.
Prévention
Étant donné l’endémicité de la bactérie dans les milieux tropicaux et subtropicaux, il est important de bien informer le voyageur des risques de leptospirose et des moyens de prévention. Il est d’autant plus important d’informer les voyageurs qui prévoient de séjourner dans une région ayant un historique récent d’éclosion de leptospirose.
Moyens de prévention :
- Prendre ses précautions au contact de l’eau :
- Éviter de se baigner dans les eaux douces (rivières, lacs, étangs);
- Éviter les activités à risque d’éclaboussures dans les cours d’eau douce (rafting, kayak, etc.);
- Éviter de boire de l’eau de baignade;
- Recouvrir d’éventuelles plaies avec des pansements étanches.
- Porter des vêtements et des souliers protecteurs pour marcher ou travailler dans l’eau ou sur des sols mouillés;
- Éviter les contacts avec les animaux;
- Se laver les mains fréquemment.
Une antibiothérapie prophylactique à base de doxycycline (200 mg 1 fois/semaine), à débuter 24 à 48 heures avant l’exposition, peut être prescrite en cas d’impossibilité d’éviter les contacts à haut risque dans des endroits de haute endémicité. L’efficacité réelle de cette pratique ainsi que la dose optimale de doxycycline sont toutefois inconnues.
Présentement, aucun vaccin n’est disponible au Canada contre la leptospirose humaine.
Références
- CDC. (2015). Leptospirosis – Infection.
- Costa, F., Hagan, J. E., Calcagno, J., Kane, M., Torgerson, P., Martinez-Silveria, M. S., Stein, C., Abela-Ridder, B., Ko, A. I. (2015). Global Morbidity and Mortality of Leptospirosis: A Systematic Review. PLoS Negl Trop Dis. 9(9).
- Day, N. (2021). Leptospirosis: Epidemiology, microbiology, clinical manifestations, and diagnosis.
- Galloway, R. L., Schafer, I. J. et Stoddard, R. A. (2019). Chapter 4 Travel-Related Infectious Diseases – Leptospirosis. Dans CDC Yellow Book.
- Gouvernement du Canada. (2019). Leptospirose.
- OMS. (2022). Leptospirosis – United Republic of Tanzania. Disease Outbreak News.
Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs