L'effet de l'interdiction de fumer sur les terrains des écoles pourrait se dissiper avec le temps

La Loi sur le tabac adoptée en 2005 incluait une mesure qui interdisait à toute personne de fumer sur les terrains des écoles primaires et secondaires (enseignants, employés, élèves, parents, visiteurs, etc.) en vue de diminuer substantiellement le temps et les opportunités sociales pour les élèves de s'initier au tabac. Une telle interdiction, en application dès le 1er septembre 2006, avait aussi pour but d'éviter de rendre visible le statut tabagique des professeurs qui sont des modèles importants pour les jeunes. Alors que la législation de 1998 interdisait de fumer à l'intérieur des édifices scolaires, il était encore permis de fumer sur les terrains d'écoles jusqu'en septembre 2006.

À notre connaissance, peu d'études documentent l'effet de l'interdiction de fumer chez le personnel scolaire fumeur. Les études qui tentent d'en évaluer les répercussions sont généralement des études transversales menées après l'imposition de l'interdiction de fumer .

La présente étude avait deux objectifs. D'une part, elle visait à décrire la perception des élèves quant à la fréquence à laquelle ils voyaient des membres du personnel de l'école fumer, dans des aires interdites ou près de l'école, avant et après l'entrée en vigueur de la législation. D'autre part, elle visait à examiner s'il existait une différence de perception des élèves selon leur statut socioéconomique (SSE). Nous avons émis l'hypothèse selon laquelle les écoles fréquentées par des élèves de SSE faible pouvaient ne pas appliquer la loi avec la même rigueur que les écoles fréquentées par des élèves de SSE élevé.

Cette analyse suggère que la législation interdisant de fumer sur les terrains des écoles secondaires des régions adjacentes à Montréal a d'abord été efficace au moment de sa mise en application, en 2006-2007, mais que son effet s'est dissipé avec le temps. Plusieurs explications sont possibles :

  • la diminution de l'observance de la loi pourrait être attribuable à la possible absence de sanctions en cas de non-respect;
  • bien que plusieurs écoles appliquent assurément des sanctions aux élèves qui enfreignent le règlement, on peut supposer que celles imposées au personnel d'école n'étaient peut-être pas suffisamment dissuasives;
  • on peut aussi se demander si le personnel d'école avait bien compris que la loi constituait une interdiction complète;
  • les employés fumeurs qui ne peuvent fumer durant plusieurs heures ressentent probablement des symptômes de sevrage qui amèneraient certains d'entre eux à ne pas respecter l'interdiction de fumer sur les terrains des écoles;
  • la perception des jeunes pourrait avoir changé avec l'âge de telle sorte qu'ils aient pu rapporter avoir vu le personnel d'école fumer plus souvent sans que la prévalence n'ait changé.

Malgré l'offre en 2005-2006 d'activités d'éducation et d'accompagnement aux directions des écoles, nos résultats suggèrent que la législation antitabac nécessite un soutien continu de plusieurs années après son entrée en vigueur pour permettre l'instauration d'une norme de non-usage de tabac sur les terrains des écoles et s'assurer par le fait même du respect de la législation, et ce, particulièrement dans les écoles avec un SSE faible.

Diverses approches pourraient favoriser la conformité à la loi, notamment l'appui des services locaux de santé, la participation du personnel et des parents dans la mise en oeuvre de l'interdiction de fumer (Wiium et Wold, 2011) et la désignation claire des moyens d'appliquer l'interdiction de fumer et des personnes responsables de le faire.

ISBN (Digital)

978-2-550-69571-4

ISBN (Print)

978-2-550-69570-7

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